3% de déficit : quand Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac se plantent en stéréo

Publié à 13h59, le 13 février 2013 , Modifié à 16h18, le 13 février 2013

3% de déficit : quand Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac se plantent en stéréo
Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac, sur France Info et France Inter, ce mercredi 13 février (capture d'écran)

OUPS - Invités simultanément de France Infoet France Inter ce 13 février, Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac sont venus porter la parole de Bercy, au lendemain de la remise en cause par la Cour des comptes des objectifs de croissance et de déficit public en 2013.

Leur mission : préparer les esprits, à l’aide d’un argumentaire bien ficelé et en deux temps, à un retour sur les prévisions du gouvernement.

Un argumentaire tellement synchrone … que même les erreurs sont identiques.

Phase 1 :

Pour faire comprendre que les chiffres de la croissance et du déficit ne seront sans doute pas ceux annoncés, Jérôme Cahuzac se montre pédagogue :

Ce sera effectivement très difficile, la probabilité d’atteindre les objectifs de 3% s’est amenuisée au fur et à mesure que la croissance palissait en France mais aussi dans la zone euro et dans le monde.

Chacun sait combien il est difficile d’atteindre des objectifs nominaux quand la conjoncture est à ce point favorable.

Même principe de réalité chez Pierre Moscovici, qui se trouve à un studio de là, Maison de la Radio :

Il y a des objectifs de croissance qui sont les nôtres, fixé à 0.8% pour 2013. Nous constatons que c’est difficile.

C’est la même chose pour les déficits publics fixés à 3% en 2013.

Phase 2 :

Pour autant, pas question de se montrer défaitiste dès maintenant. Avant de réviser les objectifs, Bercy veut passer par plusieurs étapes. Voici le calendrier expliqué par Jérôme Cahuzac :

On verra fin février ce que dit la commission européenne.

Le 15 mars le gouvernement français proposera un plan de stabilité au Parlementcomme chaque année, qui en débattra.

Ce plan sera ensuite transmis à la commission européenne et nous verrons à ce moment là s’il est nécessaire, opportun, indispensable de réviser un certain nombre de paramètres.

Ce qui, version Pierre Moscovici, donne :

Il y a le calendrier qui n’est pas changé : nous entrons dans une phase où nous préparons le programme de stabilité que nous allons présenter au Parlement le 15 mars - avec aussi l’avis du haut conseil des finances publiques installé le 1er mars - et nous allons entamer un dialogue avec la commission européenne qui présentera ses propres prévisions le 22 février. (...)

Et c’est dans ce contexte que nous verrons s’il faut évaluer, réévaluer ou non.

Un calendrier clair, concis, 100% identique … mais tellement similaire que même les erreurs sont semblables.

Le fameux plan de stabilité présenté au Parlement, celui traitant des questions de croissance et de déficit, n’aura pas lieu en mars … mais en avril.

Une erreur que rectifiera d’ailleurs Jérôme Cahuzac en deuxième partie d’émission, après avoir bénéficié d’une coupure publicitaire - Pierre Moscovici, lui, est déjà reparti du studio  :

Rendez-vous le 15 avril, je crois que tout à l'heure j'ai dit le 15 mars, c'est le 15 avril, rendez-vous lorsque nous déposerons le plan de stabilité devant le Parlement ...

Sur le fond, le message est le même.

Bercy semble vouloir attendre le plan de stabilité du printemps et l’avis de la commission européenne qui suivra avant de communiquer sur une éventuelle réévalution des prévisions. En attendant, les ministres préparent les esprits par anticipation.

Un calendrier très progressif qui tranche en tout cas avec les annonces faites la veille par François Hollande. Expliquant vouloir coller au plus près "de la réalité économique prévisible", le président avait évoqué une révision "dans les prochains jours si nécessaire". 

Bonus Track

Invité de France 3, en préambule de la session des questions au gouvernement, ce mercredi 13 février, le ministre des relations avec le Parlement, Alain Vidalies a, visiblement, lui aussi reçu des petites fiches qui comportent une coquille.

La Commission européenne va, le 22 février, [...] donner ses estimations sur la croissance et, naturellement, il faudra que l'on en tienne compte, et que l'on débate avec la Commision [...].

On a cette proposition de la Commission le 22 février, on aura ensuite un débat, au mois de mars, la France doit répondre, donc c'est, je dirai, une évolution normale.

Pierre Moscovici, de son côté, répondant a une question d'un député UMP, a bien corrigé le tir, et utilisé la date du 15 avril ...

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