PLAISIR D’OFFRIR - En campagne pour sa réélection à la mairie d’Ajaccio, Simon Renucci se dépense sans compter. Ni son temps, encore moins son argent, comme en témoigne un reportage de Public Sénat diffusé mercredi 19 mars.
Deux instants interpellent. Dans le premier, on aperçoit Simon Renucci donner une consigne claire à un marchand : "Je paye tout, tu n’offres rien. Sinon, je perds les élections." Dans le second, s’approchant d’une passante, il lance : "Bonjour, qu'est-ce que je vous offre à vous ?"
Mais, s’il fait cadeau de certains produits, c’est d’abord à ses colistiers et à ses "amis proches", assure au Lab celui qui dit connaître "tout le monde sur le marché" :
J’achète à tous les marchands. J’ai beaucoup de choses. Il m’arrive donc de payer quelque chose à quelqu’un que je connais.
Donner une botte de poireaux, quelques grammes de tapenade ou un kilo de clémentines peut surprendre de la part d’un maire en campagne. Simon Renucci se défend pourtant de tout marchandage.
Je ne fais pas campagne en offrant des choses aux gens, en offrant des clémentines. Ça serait contraire à mon éthique.
Des gestes anodins ? Pas vraiment. Bernard Maligner, ingénieur d’études au CNRS, spécialiste des élections et des contentieux, confirme au Lab que des poursuites sont envisageables :
Il est possible de voir dans ces manœuvres des achats de vote.
Au pénal, ces faits peuvent tomber sous le coup de l’article 106 du Code électoral : "Quiconque, par des dons ou libéralités en argent ou en nature […] faits en vue d'influencer le vote d'un ou de plusieurs électeurs aura obtenu ou tenté d'obtenir leur suffrage, soit directement, soit par l'entremise d'un tiers […] sera puni de deux ans d'emprisonnement et d'une amende de 15 000 euros."
Mais c’est surtout d’un point de vue administratif que ces achats peuvent être utilisés. "S’il est battu, l’adversaire de Simon Renucci pourrait conserver ces faits en mémoire pour exercer un recours devant le juge administratif de l’élection", précise Bernard Maligner.
Si l’élection est acquise à une très faible majorité, cela peut entraîner son annulation. Le juge peut aussi considérer que c’est une manœuvre regrettable mais qu’elle n’a influencé le vote qu’à la marge.