Christiane Taubira sur Nicolas Sarkozy : "cela signe le retour d'une très grande agressivité et d'une maltraitance de la langue"

Publié à 15h30, le 22 septembre 2014 , Modifié à 17h47, le 22 septembre 2014

Christiane Taubira sur Nicolas Sarkozy : "cela signe le retour d'une très grande agressivité et d'une maltraitance de la langue"
Christiane Taubira au Monde Festival le 21 septembre 2014. © Le Monde

"Son retour signe le retour d'une très grande agressivité." Interrogée lors du Monde Festival le 21 septembre dans l'après-midi, Christiane Taubira est revenue sur la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP - avant son interview au JT de France 2 - et a analysé "la violence contre les mots" de l'ancien Président.

"La violence contre les mots est une violence contre les personnes", explique la ministre de la Justice avant d'enchaîner sur le caractère raciste ou non de Nicolas Sarkozy.

Non, l'ancien président n'est pas raciste, assure-t-elle. Elle lui reproche en revanche d'avoir "essentialisé" des catégories de population et d'avoir nié la "singularité" des individus. Voici l'intégralité de son développement:

La violence contre les mots est une violence contre les personnes. Cette violence nous l’avons vécue très très directement. Il y a eu une mise en cause, une stigmatisation de catégories, une opposition, confrontation systématique, les enseignants contre les policiers, les ouvriers contre les médecins etc. Il y a une vraie violence contre la société dans cette violence sur les mots.



Je ne pense pas en effet que Monsieur Sarkozy soit raciste parce que dans sa pratique politique rien n’autorise à penser qu’il est raciste. Mais incontestablement dans ces deux discours en particulier, le discours de Dakar et le discours de Grenoble, il a essentialisé des catégories, il a considéré qu’il y avait les Roms, l’homme africain, les Noirs.



 Il essentialise, ça veut dire qu’il refuse la singularité. Le progrès essentiel des Lumières c’est de reconnaitre l’individualité, reconnaitre chacun comme un sujet de droit, le citoyen. Il nous fait une régression phénoménale en essentialisant c’est-à-dire en ne concevant que des groupes.



Par cette parole, qui était en plus extrêmement agressive, il a légitimé des propos, des attitudes, des conceptions racistes. C’est incontestable.

Et Christiane Taubira de conclure :

Son retour ne signe pas le retour du racisme malheureusement il y a toute une série de paroles assassines qui se vautrent sur la place publique depuis notamment au moins deux ans (…) mais il n’empêche que son retour signe le retour d’une très grande agressivité, d’une conception de la politique et d’une maltraitance de la langue qui était devenue insupportable.

Du rab sur le Lab

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