Dans une lettre au vitriol, une ex secrétaire national du PS estime que son parti est "sourd et aveugle"

Publié à 12h19, le 23 avril 2014 , Modifié à 12h24, le 23 avril 2014

Dans une lettre au vitriol, une ex secrétaire national du PS estime que son parti est "sourd et aveugle"

Les temps sont durs pour l’aile gauche du PS. Non seulement, elle doit encaisser la nomination de Manuel Valls à Matignon, et combattre un plan d’économies du gouvernement qu’elle dénonce, mais elle a dû aussi accepter la nomination de Jean-Christophe Cambadélis comme premier secrétaire par intérim du PS. Une nomination qui ne passe pas et qui a provoqué le départ de plusieurs membres d’Un Monde d’Avance, le courant de Benoit Hamon dirigé par Guillaume Balas, du secrétariat national du PS, la direction du parti. Des départs qui s'ajoutent au départ remarqué du PS de Caroline de Haas.

Son départ de la direction du parti à la rose, Delphine Mayrargue, désormais ex secrétaire national du PS, l'explique dans une lettre ouverte au vitriol publiée sur le site d’Un Monde d’Avance.

La socialiste y justifie d’abord son départ par la désignation de Jean-Christophe Cambadélis pour remplacer Harlem Désir. "Les conditions politiques dans lesquelles s’est effectué ce changement sont en décalage complet avec les enjeux politiques auxquels sont aujourd’hui confrontés le Parti socialiste", écrit-elle dans cette missive.

Et, développe-t-elle :

Un Conseil national convoqué un jour de semaine à 17h ne saurait effectivement se transformer en cadre de débat ouvert et dynamique. J’ai, avec d’autres camardes, demandé à ce que l’ensemble des militants soient associés au débat et à notre reconstruction politique. Cela passait, naturellement par un congrès extraordinaire à la fin de cette année, précédé d’Etats-généraux de la gauche. Il s’agit de nous remettre en mouvement. Dès lors que Jean-Christophe Cambadelis a refusé cette voie démocratique, nous avons soutenu une candidature alternative.

Delphine Mayrargue voit là la déliquescence d’un parti qu’elle souhaite "reconstruire". Un parti qu’elle juge "replié sur lui-même sourd et aveugle à la réalité sociale et culturelle qui l’entoure". "Ce choix de fermeture, les conditions de la désignation du Premier secrétaire par intérim, le refus du débat et du congrès extraordinaire m’ont conduit à quitter la direction du Parti", argue-t-elle encore.

"Déçue et inquiète par ce qui se passe en ce moment", l’ex-SN de la rue de Solférino estime par ailleurs que le PS n’a pas tiré les bonnes conclusions de la débâcle des municipales. Non, assure-t-elle, la défaite de la gauche au scrutin municipal n’est pas le fait d’un déficit de pédagogie des réformes menées par le gouvernement. Bien au contraire.

Et de fustiger cet argumentaire méprisant des électeurs, selon elle :

Nous n’avons pas perdu parce que nous n’avons pas su expliquer la politique menée par le Président de la République ; à l’échec n’ajoutons pas le mépris à l’égard des électeurs et des électrices. Nous avons perdu parce que nous n’avons pas fait ce que nous avions dit que nous ferions.

"Une demande de gauche s’était exprimée en mai 2012, elle n’a pas eu les réponses attendues", ajoute-t-elle encore, fataliste.

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