Avant une défaite annoncée, les hommes politiques ont deux types de discours. Le premier consiste à promettre que les sondages se trompent (et qu'ils les feront d'ailleurs mentir). Le second consiste plutôt à reconnaître que c'est mal barré, et de distiller quelques explications pré-défaite. Le gouvernement et le Parti socialiste ont clairement choisi la deuxième option à deux jours des élections européennes.
Crédité de 16% des voix dans plusieurs sondages, le Parti socialiste a donc déjà préparé ses éléments de langage. Et c'est le Premier ministre himself qui vous les dévoile, le 22 mai dans le Petit Journal de Canal Plus :
"Il n'y a pas de conséquence sur la politique nationale. Ce serait un traumatisme pour la France et pour son image de voir en tête des élections un parti qui veut détruire l'Europe.
"
En assurant que le résultat n'aura "pas de conséquence sur la politique nationale", le Premier ministre fait comprendre que le vote sanction est inutile et qu'il ne faudra pas attendre du gouvernement un quelconque changement de politique comme ce fût le cas après les municipales.
Voir la vidéo :
Le 21 mai, en meeting à Barcelone (Espagne), Manuel Valls avait assuré la même chose, encore plus clairement, cité par l'AFP :
"Il n'y aura pas de changement du gouvernement, il n'y aura pas de changement de majorité, il n'y aura pas de changement de ligne économique
"
En privé, Manuel Valls confie même au Monde ses mots de spécialiste en communication, assurant que le dispositif resterait celui fixé après la défaite de mars dernier :
"On est dans la même séquence politique qu'après les municipales.
"
Le Premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, lui, ne dit pas autre chose que Manuel Valls, cité dans Le Monde :
"Le message envoyé par les Français l'a été aux municipales, il a été entendu et nous lui avons répondu.
"
Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll sur France 2, sur le plateau de l'émission Des paroles et des actes, va même plus loin. Celui qui est également ministre de l'Agriculture anticipe la défaite, mais met (déjà) le cap sur 2017. Voilà ce qu'il déclare à propos de la défaite du PS en 2009 :
"Est-ce que ça a empêché ensuite de gagner l'élection présidentielle ? L'élection européenne est toujours une élection difficile. Et en particulier quand on est aux responsabilités.
"
Stéphane Le Foll oublie là de préciser que l'UMP, qui était au pouvoir il y a cinq ans, était sorti en tête des européennes de 2009, et de loin, avec 27% des voix . En off, un "haut dirigeant" socialiste anticipe les éventuelles conséquences politiques d'un mauvais score :
"Même si le FN finit en tête, ce sera sans effet. Ce sera un tsunami médiatique, mais pas politique. Ça ne changera rien au Parlement européen ni en France, même si l'image de notre pays sera dégradée.
"