DU TAC AU TAC - Cette fois, ils ne menacent pas de quitter le gouvernement. C'est que, malgré cinq ultimatums de ce style depuis juillet 2014, les Radicaux de gauche (PRG), sont finalement restés à bord. Et le parti de Jean-Michel Baylet reste le dernier allié gouvernemental du Parti socialiste. Mais tout de même, trop c'est trop. Lundi 9 mars, le PRG accuse donc le PS de "trahir la République".
Une accusation formulée dans un communiqué, en réaction à une actualité datant... du 26 février. Il s'agit de laïcité et des mesures dévoilées par Bernard Cazeneuve sur le dialogue avec l'islam de France, le 25 février. Le lendemain, donc, le secrétaire national à la laïcité et aux institutions du PS Laurent Dutheil s'était félicité des annonces du ministre de l'Intérieur. Approuvant la création d'une Fondation pour "promouvoir les réalisations de l'islam de France", il avait rappelé plusieurs propositions du PS, dont deux qui font aujourd'hui bondir le PRG : le développement de l'enseignement privé confessionnel musulman et l'incitation à l'édification de nouveaux lieux de culte.
Une info qui n'avait visiblement pas franchi les portes du Parti radical de gauche, qui écrit 10 jours plus tard :
"Les radicaux de gauche découvrent avec consternation les propositions invraisemblables de Laurent Dutheil sur la laïcité.
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Sur le fond, le PRG estime que "les propositions socialistes contre la laïcité sont inacceptables." Et d'ajouter :
"Ces propositions sont indignes de la tradition socialiste d'émancipation vis-à-vis des religions, et sont une insulte à la mémoire d'Alain Savary qui a combattu avec force pour unifier l'enseignement secondaire. En renonçant à défendre l'école publique, le Parti socialiste trahit la République. Les radicaux de gauche rappellent avec force d'une part que la République, qui est le bien commun de tous les Français, n'a pas à s'aménager pour complaire à telle ou telle religion, et d'autre part que les croyances religieuses relèvent de l'intime et ne sont pas partagées par tous, si bien que l'État laïque n'a donc pas à en financer le fonctionnement.
"
En conséquence, les radicaux de gauche appellent le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, à "rapidement clarifier la position du Parti socialiste en matière de laïcité". Au vu de la réactivité de ses amis radicaux, le patron de Solférino a donc une bonne dizaine de jours devant lui.