RÉCUP' - On connaissait l’admiration que porte Florian Philippot au général de Gaulle. Voilà que Marine Le Pen fait aussi part, à deux jours des élections européennes, de son attachement au premier président de la 5ème République.
Invitée de LCI – Radio Classique ce vendredi 23 mai, la présidente du Front national a appelé les hésitants à aller voter, dimanche 25 mai. Et, pour convaincre, elle n’hésite pas à filer la métaphore historique :
"Les abstentionnistes, c’est l’armée de réserve de la France libre.
"
Une formule qui renvoie évidemment à la Seconde Guerre mondiale et à l’œuvre de résistance menée par le général de Gaulle. Comme si la présidente du FN se prenait pour une résistance face à l'Europe... Rien de moins.
Cette métaphore fait sourire l’intervieweur du matin, Guillaume Durand. Marine Le Pen s’explique, réfutant l’idée d’être gaulliste : "Je suis intelligente et j’essaye d’avoir du bon sens. Donc je ne globalise pas les gens. Vous savez parfaitement que nous avons un différend avec le général de Gaulle sur l’affaire de la guerre d’Algérie."
Elle ajoute :
"Mais sur la vision que le général de Gaulle avait de la France, qui a été complètement trahie par l’UMP, cette indépendance, la France puissance d’équilibre, pas soumise aux États-Unis comme le sont aujourd’hui les dirigeants UMP totalement atlantistes, une France qui maitrise son destin, la souveraineté du peuple… Excusez-moi mais là, pour le coup, les successeurs soi-disant du général de Gaulle l’ont trahi d’une manière absolument épouvantable.
"
Alors, le FN, ersatz gaulliste ? La question divise jusque dans les plus hautes instances du parti. Le 11 décembre, invité du Talk Orange – Le Figaro, Florian Philippot avait affirmé que "le FN est un parti gaulliste".
Après cette sortie, Marine Le Pen avait écrit aux adhérents. "Pour répondre aux interrogations de certains, je ne pense pas que le FN soit un parti gaulliste au sens d’une adhésion totale à la politique menée par le général de Gaulle durant sa présidence de 1958 à 1969, date de son échec au référendum. […] Je n’irai pas sur la tombe du général de Gaulle par respect pour l’abandon criminel des pieds-noirs et harkis qui ont tant souffert de sa politique algérienne", disait-elle.
Durant la dernière campagne présidentielle, la frontiste avait quand même bien vanté les valeurs de Charles de Gaulle. Persuadée que ce dernier aurait été en faveur d'une sortie de l'euro, elle l'avait presque regretté : "Il n'y a plus le général de Gaulle… il n'y a plus que moi!"
Fondé en 1972, notamment par des partisans de l'Algérie française qui haïssaient le général de Gaulle, le parti a eu dans ses rangs des membres de l'OAS, comme Pierre Sergent, député FN entre 1986 et 1988.