Minutes de silence perturbées dans les écoles : un eurodéputé UMP accuse Najat Vallaud-Belkacem de "truquer les chiffres"

Publié à 12h44, le 13 janvier 2015 , Modifié à 16h19, le 14 janvier 2015

Minutes de silence perturbées dans les écoles : un eurodéputé UMP accuse Najat Vallaud-Belkacem de "truquer les chiffres"
L'eurodéputé UMP Philippe Juvin © BORIS HORVAT / AFP

De "vraies statistiques". Voilà ce que demande l'eurodéputé UMP Philippe Juvin. Dans un communiqué, l'élu accuse mardi 13 janvier le ministère de l'Éducation nationale de "truquer les chiffres" des minutes de silence perturbées dans les établissements scolaires, jeudi 8 janvier, au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo.

Les services des rectorats avaient fait remonter au ministère environ 70 cas de "chahuts" au moment de ces hommages dans les quelque 60.000 écoles, collèges et lycées du pays. Si Najat Vallaud-Belkacem appelait à rester "vigilant" devant ces dérives, elle remarquait également que "les choses se sont globalement bien passées".

Mais voilà, Philippe Juvin, lui, n'y croit pas. Dans son communiqué intitulé "Refus de respecter la minute de silence dans les écoles : la ministre de l'Education nationale truque les chiffres", il estime que "la contestation a été bien plus générale" :

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Ces chiffres sont probablement très éloignés de la réalité. De partout viennent des témoignages d'élus, en particulier d'élus locaux, qui montrent que la contestation a été bien plus générale.



J'appelle le ministère de l'Education nationale à publier les vraies statistiques, en demandant expressément aux recteurs d'enquêter sur la réalité des sifflets et des refus de se recueillir.

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Contacté par Le Lab, Philippe Juvin relativise légèrement son accusation :

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Soit le ministère sous-estime volontairement les chiffres - ce qui n'est pas exclu, ne soyons pas naïfs -, soit il y a un phénomène de sous-déclaration dont on se contente de la part de certains établissements. La ministre aurait dû se poser cette question.

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Quant aux "témoignages" mis en avant, il précise :

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J'ai l'impression, depuis plusieurs jours, en discutant avec des collègues, que chacun a une petite histoire à raconter [sur des faits similaires]. Je suis frappé de la dissociation très nette entre le chiffre donné et, à échelle individuelle, ce que je reçois comme témoignages. Ce n'est pas possible qu'il n'y en ait eu que 70.

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Quoi qu'il en soit, Philippe Juvin "espérait que les événements auraient poussé le Gouvernement à un peu plus de courage dans l'analyse de cette réalité". Car, assure-t-il dans son communiqué, "cela fait des années qu'on nie la réalité de l'islam radical en France".

Or, l'eurodéputé et maire de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) considère que cette "sous-estimation grossière des contestations dans les écoles" ne permettra pas de "combattre le mal" :

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L'Education nationale doit absolument pouvoir connaitre le mal si elle veut le combattre.  Le trucage des chiffres et la sous-estimation grossière des contestations dans les écoles, en empêchant une prise de conscience qui pourrait être salutaire, lui interdit d'agir. Le peuple veut que ça change. Après l'émotion, il faut des actes. Ces actes commencent par la vérité. À défaut, nous continuerons à fabriquer des Kouachi.

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>> À lire ailleurs sur le web : Apologie du terrorisme : des élèves signalés à la police

[Edit 14/01 16h10]

Interrogée sur le sujet ce mercredi lors des questions au gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem a annoncé des chiffres plus importants, évoquant une centaine d'incidents signalés jeudi 8 janvier, puisune centaine d'autres les jours suivants.

Quelques minutes plus tard, le vice-président du FN Florian Philippot a publié un communiqué demandant à la ministre de l'Éducation nationale de "sortir du déni" devant ce "fait politique et social majeur" :

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Les chiffres actuels sont en effet sans rapport avec la réalité du terrain, et les remontées massivesde témoignages d’enseignants et de directeurs d’établissement sur les perturbations graves et nombreuses ayant entouré cette minute de silence, quand celle-ci s’est tenue…



En conséquence, nous demandons que les services d’inspection de l’Éducation nationale soient saisis, et que tous les moyens soient mis à leur disposition pour établir la réalité de ces faits portant atteinte à la dignité nationale.



[...] L’ampleur de ce phénomène constitue en soi un fait politique et social majeur, qui doit être parfaitement mesuré et analysé si l’on veut pouvoir y répondre.

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