François Hollande, la CIA ou Israël, les véritables responsables de l’attaque contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher de Vincennes ? C’est en tout cas le genre d’explications que des enseignants ont entendu, effarés, dans la bouche de leurs élèves suite aux attentats sanglants de la semaine dernière.
Un conspirationnisme qui explique en grande partie les quelques 200 incidents recensés depuis le 8 janvier dans des classes lors de la minute de silence organisée en hommage aux victimes, selon Najat Vallaud-Belkacem.
Interrogée sur RTL ce jeudi 15 janvier sur ce chiffre (qui n’est "pas exhaustif"), la ministre de l’Education nationale voit dans ce goût pour les théories du complot l’un des défis majeurs de l’enseignement. Un problème d’autant plus difficile à combattre, selon elle, que les jeunes de 2015 forment d’abord leurs opinions sur la Toile, alors "qu'il y a 20 ou 30 ans, 90% de ce qu'apprenait un élève venait soit de ses parents, soit de l'école" :
Or que trouvent-ils sur Internet ? Ils trouvent notamment ces théories du complot qui sont en train, vraiment, de miner notre jeunesse. Un jeune sur cinq aujourd’hui adhère aux théories du complot. C’est-à-dire la remise en cause des institutions de la République, de la crédibilité des hommes politiques, mais aussi des médias.
Face à ce phénomène inquiétant, l’Education nationale a perdu une première manche, admet la ministre :
Ce que nous avons peut-être un peu raté jusqu’à présent à l’école, c’est de réussir à faire le pont entre ce que ce jeune découvre sur Internet, et qu’il ne sait pas trier (…) et ce qu'on doit lui apprendre pour l’aider à y voir plus clair et à se construire en citoyen.
Najat Valldaud-Belkacem entend donc engager la riposte. Formations spécifiques des professeurs sur ces sujets, organisations de temps de débat en cours ou retour de "l'autorité" à travers la mise en place de "rites" républicains, la ministre prévoit des annonces pour la semaine prochaine.