Pourquoi des députés PS qui ne veulent pas manifester ont signé un communiqué à propos de la manif pro-Gaza

Publié à 18h22, le 23 juillet 2014 , Modifié à 07h48, le 24 juillet 2014

Pourquoi des députés PS qui ne veulent pas manifester ont signé un communiqué à propos de la manif pro-Gaza
Communiqué de presse signé par 31 députés socialistes © DR

CUISINE INTERNE - Gros cafouillage au sein des parlementaires PS par rapport à la manifestation pro-palestinienne de ce mercredi 23 juillet. Un communiqué de presse a été publié la veille, signé par 31 députés socialistes (+ 2 eurodéputés PS) et intitulé “Pour la paix et la justice au Proche-Orient”. Il parvient à réunir deux catégorie de socialistes : ceux qui appellent à manifester, initiateurs du communiqué (parmi lesquels Pouria Amirshahi ou Alexis Bachelay), et ceux qui refusent de soutenir la manifestation (comme Valérie Rabault ou Martine Martinel). Comment les “pro-manifestation” sont-ils arrivés à cette trentaine de signatures ?

Le Lab vous décrit la cuisine interne qui a mené certains socialistes à signer ce communiqué.

Version 1.0

Peu après l’autorisation de la manifestation initiée par la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) par la préfecture, quelques députés PS ont annoncé qu’ils participeraient à la manifestation. Il s’agit notamment d’Alexis Bachelay et de Pouria Amirshahi. Ce dernier a déclaré au Lab, lundi 21 juillet : “Je pense qu’il faut être aux côtés des citoyens à l’appel de La Ligue des Droits de l’Homme. Il faut déborder les quelques excités antisémites et les voyous par le nombre plutôt que de les laisser se mettre en scène impunément.”

Le député Alexis Bachelay s'est rendu mardi matin avec Pascal Cherki à la conférence de presse de la LDH, vendant là encore leur initiative comme un appel à manifester :

On est encore en train de recevoir des messages de nos collègues qui de plus en plus nombreux, soutiennent ce texte et participeront à la manifestation.

Problème : il faut parvenir à avoir des soutiens, quitte à rallier des parlementaires plus frileux vis-à-vis de la manifestation. Contactée par le Lab, la députée Martine Martinel, signataire du communiqué mais refusant de participer à la manifestation, explique avoir reçu une première version du communiqué lundi à 17h30, appelant clairement à la mobilisation. “Ça, je n’ai pas signé mais il y avait un fond qui me paraissait intéressant”, poursuit la députée. Elle précise: “Je n’irai pas à la manifestation parce que je n’ai pas envie d’entendre ou de cautionner des slogans antisémites.”

Version 2.0

Elle reçoit alors une seconde version du communiqué, deux heures plus tard, qui correspond plus ou moins à la version transmise aux médias. Et ses termes sont beaucoup plus flous vis-à-vis de la manifestation de mercredi. Son dernier paragraphe est notamment très ambigu.  

On peut y lire  :

Nous appellerons également lors de la manifestation les autorités françaises et européennes à user de toute leur influence pour faire cesser immédiatement et sans délai les violences qui durent depuis le 8 juillet.

Cette fois-ci, Martine Martinel accepte de signer ce qui est pour elle un “appel à la paix”, et non à la manifestation. Elle estime que “Nous appellerons lors de la manifestation” est différent de “Nous appelons à la manifestation”. Les députés qui ne manifestent pas trouvent donc leur compte.

Le démenti

Néanmoins tout pousse à comprendre que les signataires du communiqué publié mardi dans la soirée soutiennent la manifestation à laquelle se rendent ses initiateurs. Gênées que l’on pense qu’elles appellent à manifester, trois parlementaires ont publié dans la soirée de mardi le même démenti.

Virginie Rabault affirme au Lab qu’au moment de sa signature, elle avait précisé qu’elle n’irait pas à la manifestation et qu’elle ne la soutiendrait pas. Elle assure même ne pas avoir vu de référence à la manif lors de sa signature.

SAV du communiqué

Du coup, ce mercredi 23 juillet, les députés-manifestants, Alexis Bachelay et Pouria Amirshahi ont du faire le Service Après-Vente du communiqué. Le premier a déclaré au micro de Sud Radio que “la participation à une manifestation est une décision personnelle.” Le second a considéré que son communiqué n'était pas un appel à la manifestation :

Il ne s'est jamais agi d'un appel à manifester. Jamais. Le choix de manifester s'est exprimé distinctement.

Le communiqué n'est donc pas un appel à manifester, même s'il est initié par des manifestants et qu'il parle des objectifs de la manifestation. Il est donc signé par des députés qui ne soutiennent pas la manifestation. Limpide.

Du rab sur le Lab

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