#VFI - Chaque jour, Jean-Philippe Balasse fact-checke la parole publique sur Europe 1, dans sa chronique du Vrai-Faux de l’Info .
Ce mercredi 17 décembre, il revient sur les propos tenus par le Secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, sur France 2, lundi 15 décembre dans l'émission Mots Croisés. Interrogé sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, promesse du candidat François Hollande, il a rappelé que Nicolas Sarkozy y était favorable il y a quelques années.
Et c'est vrai. Le Vrai-Faux de l'Info a remonté le temps. En octobre 2005, en marge d'une conférence de presse à Calais, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, s'était dit favorable à cette réforme.
"J'ai considéré que le droit de vote aux seules municipales, pour des étrangers présents depuis dix ans sur le territoire national, respectant nos loi, payant leurs impôts, et ayant des papiers était une question qui devait être ouverte. En ce qui me concerne, j'y suis favorable.
"
Déjà, en 2001, dans son livre Libre, il écrivait :
"A partir du moment où ils [les étrangers non communautaires, ndlr] paient des impôts, où ils respectent nos lois, où ils vivent sous notre territoire depuis un temps minimum, par exemple de cinq années, je ne vois pas au nom de quelle logique nous pourrions les empêcher de donner une appréciation sur la façon dont est organisé leur cadre de vie quotidien.
"
Pourtant, ces dernières années, Nicolas Sarkozy a changé de position. En décembre 2011, alors que le Sénat s'apprêtait à débattre sur ce sujet constitutionnel, le Président en exercice, lors de son discours au 94ème congrès de l'Association des Maires de France, avait déclaré :
"Je crois que le droit de voter et le droit d’être élu dans nos territoires doit demeurer un droit attaché à la nationalité française.
"
Avant d'ajouter :
"Il n’y a rien de choquant, rien d’anormal à ce que les électeurs et les élus des territoires de France soient Français !
"
Un cap maintenu lors de la campagne présidentielle de 2012, et notamment lorsque François Hollande a inscrit cette mesure dans son programme a l'instar de François Mitterrand en 1981. Le Président en campagne évoquait dans l'entre-deux-tours de la présidentielle "un danger communautaire". Pourtant, en 2008, il soutenait toujours cette mesure "à titre intellectuelle" .
Si certains lui ont reproché d'avoir changé d'avis, Nicolas Sarkozy, lui, a rejoint sa position de... 1997. Invité de l'émission Les Lundis de l'information le 24 novembre 1997 sur France 2, Nicolas Sarkozy l'affirmait clairement :
"Est-ce que je suis pour le droit de vote des immigrés aux élections locales ? Ma réponse est sans ambiguïté : je suis contre le droit de vote des immigrés.
"
Le droit de vote des étrangers aux élections locales est un serpent de mer de la vie politique depuis 30 ans. Nicolas Sarkozy a changé d'avis trois fois en 15 ans. Aujourd'hui, François Hollande ne dispose pas des 3/5è du Parlement, préalable pour toute réforme constitutionnelle sauf si le chef de l'Etat opté pour le référendum, comme le lui suggèrent ironiquement l'UMP et l'UDI .