Anne Hidalgo affiche publiquement un élu LR pour des "insultes" sexistes à son égard

Publié à 11h39, le 14 juin 2016 , Modifié à 11h52, le 14 juin 2016

Anne Hidalgo affiche publiquement un élu LR pour des "insultes" sexistes à son égard
Anne Hidalgo © AFP

SHAME - Philippe Pemezec est en train d'apprendre le sens des mots "name and shame". "Nommer et couvrir de honte", en bon français. La pratique a pour but de dénoncer les auteurs d'actes répréhensibles en tous genres, et les propos sexistes n'y font pas exception. C'est ce que vise Anne Hidalgo au sujet du maire LR du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), ce mardi 14 juin.

La maire PS de Paris révèle sur Twitter une lettre incendiaire qu'elle adresse à Philippe Pemezec, fustigeant des "insanités" et "insultes" sexistes qu'il aurait proférées à son encontre. Anne Hidalgo dénonce un propos en particulier, qu'elle n'a pas entendu personnellement mais dont elle assure avoir "recoupé" la véracité "auprès de plusieurs témoins". La scène se passe en présence d'autres nombreux élus, samedi 11 juin. Anne Hidalgo raconte, apostrophant très vertement Philippe Pemezec :

 

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Samedi dernier, à l'occasion du lancement du chantier du Grand Paris Express, j'ai eu le plaisir de retrouver à Clamart un certain nombre de mes collègues, tous horizons politiques confondus. Agacé sans doute par la convivialité de nos retrouvailles, vous avez lancé à la cantonade : 'Qu'est-ce qu'ils ont tous à se précipiter autour d'elle, tous ces mecs ? Ils sont comme [un tel] à vouloir se faire tailler des pipes par Hidalgo'. [...] Je trouve utile d'élargir votre audience et de laisser chacun apprécier à la fois votre sens de l'humour, votre vision du monde et votre dignité de maire.

"

La maire de la capitale juge ces "paroles d'autant moins acceptables qu'elles étaient proférées au cours d'une cérémonie publique à laquelle [Philippe Pemezec] participait en tant qu'élu", et indique que ce dernier n'a "formulé aucun regret" lorsqu'il a été interpellé à ce sujet sur le moment.

En conclusion de sa lettre, Anne Hidalgo étend sa démarche à la lutte contre le sexisme, pas seulement en politique, enjeu encore plus prégnant depuis l'affaire Baupin :

 

"

Il arrive très fréquemment que l'on me demande si j'ai été et si je suis encore victime de comportements manifestement sexistes. Cela a été le cas samedi à Clamart, et c'est en pensant à toutes les femmes qui sont contraintes au silence face à l'inacceptable que je me résous à rendre publique cette chronique du sexisme ordinaire.

"

Une sorte d'acte d'intérêt public donc, même si elle disait au début de sa missive avoir "conscience de donner à la vulgarité [de Pemezec] une notoriété qu'elle ne mérite guère".

Mais tout cela n'a semble-t-il pas ému l'intéressé plus que cela. Dans la foulée, le maire du Plessis-Robinson a répondu sur le même mode à Anne Hidalgo, éludant totalement la dimension sexiste de l'affaire (et donc, de fait, ne la niant pas) et préférant accuser son interlocutrice de manœuvres politiques visant à lui faire perdre son investiture aux prochaines législatives, et ce alors que le député PS Jean-Marc Germain, époux d'Anne Hidalgo à la ville, "pourrait être [son] adversaire" lors de cette échéance électorale...



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