ET DE LETTRES, MESSIEURS... - Les tensions entre Bruxelles et le gouvernement de François Hollande, fluctuantes depuis plus d'un an de pouvoir socialiste, risquent de connaître un nouveau climax pendant le mois de septembre.
Critiqué par Bruxelles sur sa version initiale de la réforme des retraites, l'Elysée a lancé les hostilités, en off, dans les colonnes du Monde (lien abonnés), jugeant que la Commission "ne comprenait rien au film".
La France doit communiquer à Bruxelles avant le 1er octobre les réformes qu'elle compte engager pour se conformer aux critères de Maastricht, notamment pour ramener le déficit en deçà du seuil de 3% du PIB en 2015.
En mai dernier, la Commission européenne avait décidé d'accorder un délai supplémentaire de deux ans à Paris pour lui permettre de se mettre en conformité avec ce critère, normalement condition sine qua non de l'adhésion à l'Union européenne.
Mais ce délai était conditionné à l'adoption de réformes structurelles, au premier rang desquelles le dossier brûlant de la rentrée gouvernementale : les retraites.
Or la commission européenne se montrerait sceptique à l'égard de la réforme des retraites présentée par le gouvernement français, selon l'article du Monde daté du vendredi 6 août 2013.
Citée par le quotidien, une "source communautaire" fait part d'une critique diplomatique, mais sans appel :
Le projet de réforme comporte des points pouvant être vus comme en opposition avec ce que la Commission avait suggéré.
Parmi ces "points" dont Bruxelles ne semble pas fan, détaille le journaliste du Monde, l'augmentation des cotisations patronales qui doit être compensée en 2014, le refus du gouvernement de toucher aux régimes spéciaux ou le non report de l'âge de départ en retraite.
Surtout, la commission Barroso ne semble pas goûter la prise en compte de la pénibilité des carrières. Qualifié de "vraie bombe" par un "expert budgétaire à Bruxelles, le dispositif coûte cher et son financement n'a pas été précisé par le gouvernement.
Bref, Bruxelles distille son scepticisme. Et ça a visiblement de quoi irriter en France, puisqu'une source elyséenne, elle aussi citée en off, balance, beaucoup moins diplomatiquement, que Bruxelles n'a rien compris :
Ils ne comprennent rien au film. La réalité du départ à la retraite est dans la norme européenne. La réforme comporte des éléments très puissants de soutenabilité du financement des retraites.
Deux jours plus tôt, Marisol Touraine avait elle aussi assuré le service après-vente du projet de loi, assurant qu'il ne s'agissait pas d'une "réforme de colmatage,", mais d'une "réforme structurelle qui ne comporte pas que des prélèvements". Visiblement pas suffisant pour convaincre de l'autre côté de la frontière.