Ce moment où François Hollande veut appeler Marine Le Pen mais personne à l'Élysée n'a son numéro

Publié à 10h30, le 23 août 2016 , Modifié à 10h38, le 23 août 2016

Ce moment où François Hollande veut appeler Marine Le Pen mais personne à l'Élysée n'a son numéro
Marine Le Pen attendant désespérément que François Hollande trouve son numéro de téléphone © Montage via AFP

118 712 - François Hollande a probablement les numéros de téléphone de tous les journalistes de Paris. Et la réciproque est sans doute vraie. En revanche, le répertoire du président de la République en matière de responsables politiques est, semble-t-il, bien moins fourni. C'est ce que l'on apprend, entre autres, dans le livre des journalistes Antonin André et Karim Rissouli Conversations privées avec le Président (éd. Albin Michel), comme l'a repéré L'Opinion , lundi 22 août.

Nous sommes le 7 janvier 2015. La rédaction de Charlie Hebdo vient d'être frappée par une attaque terroriste revendiquée par Daesh. Douze personnes sont tuées, onze sont blessées. La France est sous le choc. Rue du Faubourg Saint-Honoré, le chef de l'État s'active et décide de contacter les présidents des deux principaux partis d'opposition : Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Pour le premier, pas de problème : "Je compose le numéro de téléphone portable que l'on m'apporte depuis mon bureau. Le nom s'affiche, il est toujours enregistré dans le téléphone de ce bureau !" rapporte le Président.

Pour la présidente du Front national, en revanche, c'est un tout petit peu plus compliqué. La raison est simple : personne à l'Élysée n'a le numéro de téléphone de Marine Le Pen… François Hollande raconte :

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Tard le mercredi soir [le 7 janvier 2015, NDLR], après avoir eu Nicolas Sarkozy, j'essaie de joindre Marine Le Pen au téléphone. Mais on n'a pas son numéro personnel! On essaye de joindre Florian Philippot, Louis Aliot. Je ne voulais pas que le Front national se dise exclu de l'unité nationale. On finira par avoir son numéro de portable et mon directeur de cabinet lui laisse un message.

 

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On est donc passé à deux doigts d'une grave crise de politique interne pour un simple défaut de répertoire téléphonique. Quelques heures après un effroyable attentat et alors que la France partait à la recherche d'une unité perdue, la situation est rocambolesque. Contactée par le Lab, Marine Le Pen préfère aujourd'hui s'en amuser :

 

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Pas de bol en quelque sorte !

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Une référence évidente au "pas de bol" lâché par François Hollande  himself à Antonin André et Karim Rissouli au sujet de l'inversion ratée de la courbe du chômage.

Au final, le chef de l'État et la présidente du FN se sont bien entretenus, le 8 janvier 2015, à l'Élysée. "Lorsque je la vois, Marine Le Pen me dit qu'elle a des propositions à faire sur Schengen. Je lui réponds que ce n'est pas le sujet : 'Ce n'est pas entre Montrouge et Argenteuil qu'on va déployer des douaniers. Ce sont des Français qui ont fait ça!', rapporte encore François Hollande. Marine Le Pen m'apostrophe sur la manifestation : 'Vous êtes responsables, à vous de dire au chef du PS qu'on ne peut pas nous mettre dehors!' Je lui réponds que des partis peuvent appeler à manifester, comme les syndicats, comme les défenseurs des droits de l'homme. 'Si vous voulez vous y rendre, je garantis en tant que chef de l'État votre sécurité'. Elle était un peu ébranlée."

Du rab sur le Lab

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