Cet apprenti-politique à qui Véronique Genest offre une visibilité

Publié à 20h18, le 14 mars 2013 , Modifié à 20h23, le 14 mars 2013

Cet apprenti-politique à qui Véronique Genest offre une visibilité
(Guysen TV)

Sous les lumières : Véronique Genest. C'est à l'interprète de Julie Lescaut que l'on tend les micros et pose les questions. Mais avec elle, pour l'élection législative partielle des Français de l'étranger, un franco-israélien : Jonathan-Simon Sellem.

C'est cet homme qui sera député si toutefois il est élu.

Lors du passage remarqué de la comédienne dans l'émission On n'est pas couché, les journalistes Aymeric Caron et Natacha Polony ont évoqué les prises de positions du titulaire du ticket. "Mais invitez-le pour qu'il réponde à vos questions", a rétorqué à plusieurs reprises Véronique Genest. 

Chiche. Faisons connaissance avec Jonathan-Simon Sellem, 30 ans depuis le 25 février dernier, et qualifié de voix de l'extrême droite israélienne sur le plateau de télévision. Lui était dans les coulisses et regrette que la production "n'ait pas voulu" qu'il soit présent sur le plateau, indique-t-il au Lab. 

L'extrême droite ? "Il y a sept ou huit extrêmes droites en Israël", répond le candidat à la législative partielle dans la 8e circonscription des Français de l'étranger :

Je ne sais pas ce que c'est. C'est ridicule. Monsieur Caron m'a décrit comme une personnalité d'extrême droite parce que je suis sioniste. Aujourd'hui, sionisme, dans la tete de certains journalistes et militants, ça veut dire fascisme, extrémisme, racisme.

Lui se sent plutôt proche du Nouveau Centre de Hervé Morin, qu'il cite en exemple. "Pour une Europe fédéraliste, un peu plus de social version gauche française, et un peu plus de libéralisme, à l'Israelienne", précise-t-il.

Dans son parcours, il raconte avoir une famille socialiste et lui même avoir collé des affiches pour le PS à 18 ans. Mais l'expérience a tourné court. "Il y a eu la guerre en Irak, moi j'étais pour la guerre, et quand j'ai demandé des explications au Parti socialiste, on m'a dit 'tu es juif, tu ne peux pas comprendre'. Là j'ai dit stop", se souvient le jeune homme aujourd'hui installé en Israël.

Côté israëlien, il s'est toujours senti poche du Likoud, pour qui il a refusé de voter aux dernières législatives à cause de l'accord avec Avigdor Liberman. Jonathan-Simon Sellem a préféré glisser le bulletin d'un parti de centre-droit dans l'urne, témoigne-t-il.

En France, il a voté pour Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2012, mais sans vraiment le soutenir. Il justifie son vote par une crainte de l'extrême gauche :

J'ai voté pour Nicolas Sarkozy, mais par peur de l'extrême gauche. L'extrême gauche française me fait très peur. Sous couvert d'antisionisme, ils se permettent toutes les accusations

Bien qu'il ait voté pour le candidat de l'UMP, il porte un regard positif sur la relation de François Hollande avec son autre pays : 

En fin de compte, Hollande est bien meilleur que Sarkozy d'un point de vue israélien. D'un point de vue français je ne suis pas sur. Mais je pense que c'est vraiment un ami d'Israël. Et Manuel Valls, Pierre Moscovici ou encore Michel Sapin aussi. A part Taubira, qui est un scandale pour la France, il n'y a pas grand chose à dire.

Mais s’il loue certaines prises de parole du président de la République, il est très critique envers la diplomatie française au Proche-Orient, dont il estime qu’elle est inaudible :

Je suis scandalisé par l'attitude de la France, je me dis que si la France n'a aucune portée au Proche-Orient c'est peut être par l'idiotie de leur politique au Proche-Orient. Voter pour la reconnaissance d'un Etat sans imposer aux palestiniens de retourner négocier, c'est du suicide. On leur offre un cadeau, sans qu'ils aient aucune obligation de quoi que ce soit.

S’il affirme être à "100% pour la paix", il estime qu’il y a des choses à définir avant cela. Il veut que la France puisse forcer les palestiniens à "s’accorder sur un discours commun" :

Si Israel signait la paix avec Mahmoud Abbas, le Hamas ne l'accepterait pas. Oui je suis pour la création d'un deuxième Etat, si ca peut apporter la paix. Mais je rejette l'idée d'un état de Palestine sans juifs. Tout comme il y a des musulmans en Israël.

Sur le plateau de télévision, il lui a été reproché d'avoir écrit que la "Palestine était une fiction"."On m'a ressorti un texte d'il y a trois ans, je ne me souvenais même pas avoir écrit ça", se justifie-t-il. "Et puis dans les faits, il n'y a jamais eu d'Etat palestinien, c'est tout ce que je voulais dire", poursuit le candidat aux législatives. 

Aujourd'hui, c'est avec l'aide de sa médiatique co-listière qu'il cherche à se faire élire. Pour cela, il a abandonné le site qu'il a lancé et dont il revendique la première place parmi les médias francophone d'Israël : JSSNews.com.

"Je me suis retiré du comité éditorial et de la direction", justifie-t-il, concédant avoir glissé une consigne en partant : "comme lors de la dernière élection, je veux un traitement équitable, que chaque candidat ait un espace de parole égal, une tribune libre chaque semaine". 

Et le néo-politique est bien conscient du potentiel de communication de sa potentielle suppléante, dont il profite de la capacité à avoir accès aux médias. 

Et sa première rencontre avec la commissaire de TF1 a eu lieu en décembre 2012, lors d'une interview pour le site JSSNews.com :

Moi je l'ai connu comme tout le monde, en tant que Julie Lescaut. Elle lisait JSSNews, elle s'interessait au proche-orient. Elle est venue ici et je l'ai rencontré ici, on devait faire une interview de 30 minutes, en fait ça a duré une après-midi, on a parlé de tout.

A l'origine, Jonathan-Simon Sellem souhaitait avoir pour suppléant un de ses amis franco-palestinien. "Trop compliqué à expliquer en deux mois de campagne", a-t-il jugé. Il a donc appelé Véronique Genest quelques semaines après leur première rencontre, après un certain nombre d'échanges électroniques, et il lui a propose. "Plus ou moins en rigolant", précise-t-il.

Quarante-huit heures plus tard, la flic de TF1 livrait sa décision : banco. Le ticket est composé et souhaite affronter l'épreuve du suffrage universel.

Résultat ? Une avalanche médiatique :

On a du faire 200 interview, elle 198 et moi 2. Tout s'est toujours très bien passé. A aucun moment Véronique Genest a eu envie de parler d'Israel d'elle même.

Avant de raconter l'épisode d'On n'est pas couché, chez Laurent Ruquier.

Ce qu'il s'est passé chez Ruquier, c'est qu'on a volé la parole des français de l'étranger pour parler d'Israel, des juifs et des musulmans.

(...)

Ce que retiennent les gens, c'est l'agressivité. Plus Caron a été agressif, plus il y a un soutien. Le soutien est inversement proportionnel aux attaques de Caron.

Le coup est plutôt réussi. "L'audience a explosé", se félicite le candidat aux législatives. "Mais j'aurai préféré que ce soit autrement", tempère-t-il. Le coup de com' est réussi. Sans Véronique Genest, Jonathan-Simon Sellem serait resté dans un quasi-anonymat :

On s'est jamais menti, Véronique Genest est devenu la porte voix des Français de l'étranger. Sans elle, personne ne m'aurait donné le micro, c'est un outil formidable de communication, mais à présent elle va se concentrer sur les médias français de l'étranger. On ne veut plus rentrer dans la polémique.

"Ma voix à moi de franco israélien aurait été inaudible sans elle", conclut-il.

Du rab sur le Lab

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