Charlie Hebdo : après les flammes, le coup de pub

Publié à 13h28, le 03 novembre 2011 , Modifié à 22h05, le 03 novembre 2011

Charlie Hebdo : après les flammes, le coup de pub

Au lendemain du saccage des locaux de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, la rédaction s'est réfugiée dans les locaux de Libération et un déluge de réactions parfois inattendues a pris leur défense.

Pourtant pour Aurélien Véron, blogueur pour le Lab, même si cette violence est injustifiable, cet incendie est avant tout un excellente coup de pub et même une "réponse"à la "stratégie sulfureuse" de Charlie Hebdo.

  1. Qui sème le vent...

    L'acte de vandalisme qui a ravagé les bureaux du canard satirique est insupportable. La liberté de la presse devrait être totale dans un pays comme le nôtre. Ces deux cocktails molotov nous rappellent qu'à côté de la surenchère de lois mémorielles et du principe détourné de "protection de la vie privée" (qui interdit notamment aux journalistes d'aller creuser des affaires mettant en cause des personnalités politiques comme peuvent le faire les tabloïds anglo-saxons, etc.), d'autres dangers menacent toujours l'indépendance de la presse.

    Une stratégie sulfureuse

    Mais en l'occurrence, l'incendie criminel répond à la stratégie sulfureuse de la victime. Le journal n'a pas pour objet l'investigation ou l'information. Son fond de commerce, c'est le sarcasme et l'insulte - qui ne justifient certes en rien le moindre acte de violence - ainsi que l'attaque d'autres droits aussi fondamentaux que le droit de propriété. C'est le cas quand ils réagissent aux actions de faucheurs volontaires qui détruisent des laboratoires de recherche privés, en rigolant et en criant "encore !". Ou quand ils glapissent de joie devant l'occupation par des associations de squatteurs de bâtiments temporairement inoccupés au détriment des propriétaires. Et quand les manifestations altermondialistes dégénèrent, c'est le système "qui l'a cherché". Aujourd'hui, c'est un peu Charlie Hebdo "qui l'a cherché"à son tour.

    Un clown affreux qui prospère dans la tempête

    Charlie Hebdo est un clown affreux qui prospère dans la tempête et le chaos. La tempête l'a rattrapé. Heureusement, rien de très grave. L'évènement offre une publicité démesurée à la revue, d'une valeur probablement supérieure au coût des dégâts. Son chroniqueur Patrick Pelloux bénéficie d'une tribune opportune pour s'afficher la larme à l'oeil et l'indignation soignée devant les caméras qu'il affectionne tant. Et il permet également à Libé (seul à avoir eu de la pub dans Charlie) de se livrer un à joli coup de marketing en accueillant généreusement son tumultueux petit frère.

    Un business model fort rentable

    Les conséquences immédiates de cet acte odieux sont bien moins graves que les écoutes télephoniques que subissent les journalistes d'investigation, par exemple du Monde ou de Mediapart. Quelques subventions publiques et une levée de fonds plus tard, le canard repartira plus gras qu'il n'était. Une fois de plus, Charlie Hebdo confirme la justesse de son "business model" fort rentable. En 2006, l'éditeur était bénéficiaire de 968.501 euros dont 85 % ont été distribués en dividendes ! Les chiffres de diffusion ont un peu baissé depuis lors. En déclenchant les foudres d'une de ses cibles favorites (et s'assurant jusqu'au soutien de l'extrême droite), adversaire à la gâchette facile ce qui ne gâte rien, il s'est assuré une relance de ses ventes.

    La justice doit retrouver et punir les auteurs de cette dégradation dégueulasse. Mais jouer les vierges effarouchées, ce sera sans moi.

  2. A lire aussi sur le Lab

    Sur lelab.europe1.fr

    A lire aussi sur le Lab concernant cet incendie des locaux de Charlie Hebdo : 

    • Le tableau de bord des réactions à ce que certains qualifient d'"attentat".
    • Les drôles de soutiens de Charlie.
    • Le billet de Guy Birenbaum : "J'en ai eu marre d'avance".

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