Comment le FN galère pour défendre Marine Le Pen dans l'affaire des assistants parlementaires

Publié à 10h17, le 01 novembre 2016 , Modifié à 10h17, le 01 novembre 2016

Comment le FN galère pour défendre Marine Le Pen dans l'affaire des assistants parlementaires
Marine Le Pen, Florian Philippot et Nicolas Bay © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Le Parlement européen réclame 339.000 euros à Marine Le Pen . Cette somme correspond aux salaires versés entre 2010 et 2016 à deux assistants de Marine Le Pen, Thierry Légier et Catherine Griset, suspectés d'avoir surtout travaillé pour le compte du parti d'extrême droite et pas vraiment pour l'assemblée européenne.

Depuis la diffusion de cette information, lundi 31 octobre, par Mediapart et Marianne , les cadres du FN se succèdent dans les médias pour défendre leur cheffe et assurer que 1) elle n'a rien à se reprocher et que 2) tout ça c'est un complot politique fomenté par les adversaires du FN. Cela est peut-être un peu court. Et alors ? Il est bien difficile de justifier le fait que le garde du corps de Marine Le Pen et sa directrice de cabinet ont été payées pendant des années par l'Europe. alors tous les moyens sont bons. 

Sur Europe 1 ce mardi 1er novembre, Wallerand de Saint Just essaye ainsi de justifier pourquoi Thierry Légier, qui protège Marine Le Pen dans chacun de ses déplacements, a pu être embauché comme assistant local de la cheffe frontiste et donc chargé, à ce titre, de la suppléer lorsqu'elle ne se trouvait pas dans sa circonscription. Il dit :

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Il n'y a pas de différence, au niveau de Marine Le Pen, entre son métier de présidente du Front national et son métier de parlementaire. Elle exerce les deux toujours en même temps. […] De tout temps, on a toujours laissé les parlementaires avoir des assistants et utiliser ses assistants, je ne dis pas 24 heures sur 24 mais au moins 12 heures sur 12 (sic).

 

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Wallerand de Saint Just ajoute qu'il ne connaît pas "tous les détails des assistants parlementaires" mais que, de premier abord, l'embauche du garde du corps de Marine Le Pen comme assistant local ne lui semble pas anormale.

Au même moment, sur Sud Radio – Paris Première, Nicolas Bay, secrétaire général du FN, prend à peu près le même chemin que Wallerand de Saint Just pour défendre sa cheffe. "Je crois que les Français ne sont pas dupes. Nous sommes victimes d'une véritable persécution de la part des institutions européennes", dit-il. Il ajoute :

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Le travail d'un assistant parlementaire ne se limite pas au travail qui est fait dans l'hémicycle du Parlement européen ou dans les salles de commission. Je suis aujourd'hui très heureux d'être à votre antenne. J'y suis autant comme député européen que comme secrétaire général du Front national. Et on ne peut pas, de façon totalement schizophrénique, dissocier l'activité d'un parlementaire européen de ses autres activités politiques.

 

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Pour expliquer que le FN a respecté les règles du Parlement européen, Nicolas Bay fait donc un amalgame entre parlementaire et assistant parlementaire. Le secrétaire général du FN tente ainsi de prouver qu'on peut être embauché au Parlement européen et exercer, en sus, une autre activité au sein du parti. Et cela passe tranquillement. C'est exactement ce qu'a voulu faire croire Florian Philippot, lundi soir, sur BFMTV. Il a dit :

 

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On reproche à Marine Le Pen d'avoir une assistante. Marine Le Pen est eurodéputée de minuit à 24h, du 1er janvier au 31 décembre. […] Elle (Catherine Griset) est l'assistante de Marine Le Pen depuis longtemps, tous vos collègues le savent. Elle n'est pas le jardinier de Marine Le Pen. Elle n'est pas la nounou de Marine Le Pen. Elle est son assistante.

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Et Florian Philippot d'expliquer que, lui aussi, a la double casquette, vice-président du FN et eurodéputé.

On résume : pour défendre Marine Le Pen, accusée d'avoir fait embaucher et rémunérer par le Parlement européen des assistants chargés de travailler essentiellement pour le compte du FN, Wallerand de Saint Just, Nicolas Bay et Florian Philippot expliquent que la présidente du FN est en même temps eurodéputée.

Ce qui est pourtant reproché à Marine Le Pen concernant les cas de Thierry Légier et Catherine Griset est pourtant un tout petit peu plus compliqué. Le FN est en effet accusé d'avoir fait embaucher par le Parlement européen des personnes qui, sous couvert d'un contrat d'assistant de l'eurodéputée travaillaient essentiellement pour le parti, soit comme garde du corps de Marine Le Pen, soit comme sa directrice de cabinet.

Thierry Légier a ainsi été embauché au Parlement et donc payé par l'Europe en tant qu'assistant local. Il devait, à ce titre, suppléer Marine Le Pen lorsqu'elle ne se trouvait pas dans sa circonscription. Mais il devait en même temps, en tant que garde du corps de la président frontiste, assurer sa protection. La tenue des deux fonctions paraît donc *un peu* compliquée.

Catherine Griset, ancienne belle-sœur de Marine Le Pen, fut entre 2010 et 2016 l'assistante parlementaire de l'eurodéputée FN, "accréditée à temps plein", ajoutaient Marianne et Mediapart lundi, précisant que cette fonction se faisait "dans les murs du parlement, entre Bruxelles et Strasbourg". Sauf que Catherine Griset fut en même temps cheffe du secrétariat de Marine Le Pen. Depuis février 2015, elle est directrice de cabinet de la présidente frontiste. Début 2016, elle était devenue assistante dite "locale", c'est-à-dire en circonscription. Depuis vendredi 28 octobre, son nom a disparu de la liste des collaborateurs de Marine Le Pen sur le site du Parlement européen, précise Mediapart.

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