Congrès du PS : comment la motion de Gaëtan Gorce a explosé en vol

Publié à 17h46, le 30 octobre 2012 , Modifié à 22h41, le 30 octobre 2012

Congrès du PS : comment la motion de Gaëtan Gorce a explosé en vol
Gaetan Gorce et Juliette Méadel (Maxppp - Public Sénat)

Il était le premier candidat déclaré à la succession de Martine Aubry - souvenez-vous, c’était une info du Lab - à la fin du mois de mai et a mené une intense campagne de médiatique. Mais finalement, Gaëtan Gorce ne fera même pas partie du prochain conseil national du PS.

La faute à une n-ième engueulade, cette fois avec les propres signataires de sa motion, qui a tout de même récolté 5,16% des suffrages lors du premier tour de scrutin interne au PS, organisé le 11 octobre.

Le Lab vous raconte l’histoire de l’échec de la motion de Gaëtan Gorce, menée par Juliette Méadel, qui se noue dans les méandres du difficile exercice de la démocratie interne du PS et du choc des égos. Motion qui portait pourtant les notions d’éthique et de démocratie en étendards.

  1. "On fait venir des gens aux réunions pour détourner une assemblée"

    Le congrès de Toulouse est passé, Harlem Désir est le nouveau premier secrétaire, mais cela n'a pas été sans quelques remous. Parmi les motions censées s'accorder sur une synthèse en fin de rendez-vous, l'une d'entre elle a explosé en vol.

    Alors que tout semblait ficelé, c'est la motion 2 qui implose. Celle-là même qui portait "l'éthique" et "la démocratie" comme thématique phare est victime d'un conflit interne, qui laisse l’un de ses principaux architectes, le sénateur de la Nièvre Gaëtan Gorce, aux portes des instances dirigeantes de Solférino.

    Dimanche 28 octobre, dans un communiqué, qu’il a, comme à son habitude, diffusé sur son blog, le Gaëtan Gorce, ainsi que plusieurs militants de cette motion, dénoncent "un putsch" de Juliette Méadel, sa première signataire.

    Voici l’objet du courroux des signataires "gorcistes", tels qu’ils l’exposent :

    Juliette Méadel a déposé, en accord avec le mandataire national Benoît Joseph, une liste de nos représentants aux instances nationales qui ne correspondait absolument pas à la liste présentée hier soir [samedi soir, ndlr], au vote de l’Assemblée Générale de motion.

    Contacté par le Lab, Gaëtan Gorce précise – et généralise. Cette implosion, dit-il, c’est "la preuve par l'absurde que le PS va mal" :

    Quand on a dépassé les 5% des voix avec la motion, cela a créé des ambitions personnelles dans le groupe.

    Et le sénateur d’accuser la première signataire de la motion, Juliette Méadel, ainsi que son mandataire, Benoit Joseph, d’avoir voulu imposer une liste de représentants aux instances nationales différentes de celle votée en assemblée générale.

      

    Pour que l’on comprenne bien : les 5,16% réalisés par la motion lui permettaient en effet d’obtenir une dizaine des 204 postes du conseil national du parti, le "parlement" du parti. C’est la motion elle-même qui, ensuite, doit s’accorder sur le nom des heureux délégués. 

    Juliette Méadel, conseillère municipale du 14e arrondissement de Paris, réfute évidemment en tout point la version exposée par Gaëtan Gorce, et explique au Lab :

    Gaëtan Gorce a voulu changer la liste sur laquelle il avait donné son accord la veille (vendredi, ndlr)

    Et à la dernière minute il a décidé de se retirer de la liste.

    Dans les rangs de la motion "Question de principes", c'est l'amertume. Plus qu'un conflit de personnes, cet événement est surtout jugé révélateur des difficultés à faire appliquer la démocratie interne.

    "Gaëtan Gorce a eu du mal à accepter d'être mis en minorité sur la rédaction de la synthèse", assure, ainsi, l'entourage de Juliette Méadel, qui cite un point bien précis : le cumul des mandats.

    Le sénateur a en effet émis des réserves quant à son application immédiate - comme il l'a déjà fait par le passé.

    Plusieurs signataires de la motion expliquent encore leur irritation au Lab :

    On fait venir des gens aux réunions pour détourner une assemblée. (...) L'arrivée au pouvoir a donné des envies de ministère".

    Gaëtan Gorce, lui, assure que "le PS est en train de devenir une sorte de bourgeoisie pour ses cadres qui essaient d'acquérir des places et de les garde", et tente un nouveau parallèle avec feu le régime communiste :

    Il y a maintenant un noyau dur au Parti socialiste, de gens qui se comportement avec une forme de nomenklatura. 

    La première signataire de la motion, Juliette Méadel, regrette elle "les communications qui discréditent tout un parti et alimentent le rejet des politiques" :

    Je voudrais qu'on mette en place un code de déontologie au sein du PS, avec des règles plus précises. (...) Plus on est dans le flou, plus les gens utilisent les souplesses des règles.

    Avant le congrès, c'est le député de Paris Jean-Marie Le Guenqui se montrait critique quant à la pratique démocratique au Parti socialiste. Le parlementaire dénonçait la légitimité du congrès et le mode de désignation du premier secrétaire.

    L'amélioration de cette démocratie interne est un des chantiers du successeur de Martine Aubry.

    Durant les semaines qui ont précédé sa nomination par Martine Aubry, Harlem Désir a plaidé pour l'organisation d'un vote des militants pour choisir le premier secrétaireEt lors de son discoursà Toulouse, il s'est félicité des "primaires citoyennes", évoquant "cette révolution démocratique qui a bousculé la vie politique". "Nous pouvons bâtir le parti le plus ouvert, le plus moderne, le plus démocratique", a-t-il lancé à la tribune. Le chantier est ouvert.

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