Dans l'opposition, feu sur Vincent Peillon et la dépénalisation du cannabis

Publié à 10h13, le 15 octobre 2012 , Modifié à 11h20, le 15 octobre 2012

Dans l'opposition, feu sur Vincent Peillon et la dépénalisation du cannabis
Jean-François Copé, François Bayrou, Vincent Peillon, Florian Philippot et Rachida Dati (montage)

Haro sur Vincent Peillon de bon matin. Le 14 octobre sur France Inter, le ministre de l'Education a dit vouloir rouvrir le débat sur la dépénalisation du cannabis, pourtant clos par le Premier ministre en juin. Cette proposition, qu'a préféré esquiver Pierre Moscovici ce 15 octobre, a fait bondir l'opposition. Chacun à sa manière.

>> Jean-François Copé, le poing sur la table

Invité de France Info ce 15 octobre, le candidat à la présidence de l'UMP a été le plus virulent à l'égard de Vincent Peillon, jugeant que sa déclaration engageait l'ensemble du gouvernement. Il a donc intimé à François Hollande de prendre position :

A la suite des déclarations du ministre de l’Education, je demande solennellement à François Hollande de trancher dans la journée cette question. 

Si ce n’est pas le cas, je lance à partir de demain à la fois une campagne de pétition et un appel à témoignages de tous les parents qui ont pu voir leurs adolescents victimes de la drogue, afin que nos dirigeants socialistes se rendent un peu compte de ce qu’ils sont en train de dire.

Parmi ses soutiens, Rachida Dati a joué la même partition sur BFMTV. L'eurodéputé a également fait un lien entre "montée du communautarisme" et "cannabis", jugeant que la gauche faisait preuve de "lâcheté" sur les deux plans :

Cette position est grave et irresponsable. Encore une fois une lâcheté.

On parlera peut être de la montée du radicalisme et de la montée du communautarisme. La montée du radicalisme et du communautarisme dans certains quartiers ça a été une lâcheté des politiques.

La gauche veut recommettre cette lâcheté vis-à-vis du cannabis.

>> François Fillon dénonce la "cacophonie gouvernementale" par communiqué

Absent des ondes ce 15 octobre, François Fillon a rédigé un communiqué pour dénoncer des propos "irresponsables et dangereux":

Une fois de plus la cacophonie gouvernementaleest à l’œuvre, dans un secteur où tous les parents d’élèves de France attendent du sérieux, de l’autorité.

Jusqu’où l’amateurisme qui dirige au destin de notre pays va-t-il se développer ? Jusqu’où ceux qui ont en charge des responsabilités nationales joueront ils les apprentis sorcier ?

C'est sur twitter que ses lieutenants ont été les plus actifs :

Pour Christian Estrosi, c'est simple, cette idée sur le cannabis n'a qu'un seul objectif : ne pas parler de l'affaire de blanchiment d'argent de la drogue qui implique une élue EELV :

Valérie Pécresse insiste sur "l'irresponsabilité" du ministre de l'Education nationale :

Du jamais vu! Un ministre de l'éducation nationale irresponsable prêche la dépénalisation du cannabis. Quel impact sur l'échec scolaire?

— Valérie Pécresse (@vpecresse) Octobre 15, 2012

Idem pour Eric Ciotti, le directeur de campagne de François Fillon :

 >> François Bayrou s'inquiète de  la "cohérence gouvernementale"

Invité de France Inter, le président du MoDem a rappelé que Jean-Marc Ayrault s'était déjà exprimé sur le sujet plusieurs mois auparavant pour dire: "Ca suffit, ce sujet-là, nous n'avons pas l'intention de l'ouvrir". Il s'inquiète donc de cette "incohérence" et ajoute :

J’ai beaucoup de sympathie pour Vincent Peillon mais que le ministre de l’Education nationale soit en première ligne sur cette affaire… Ceux qui se battent contre les drogues et leurs usages, ce sont les éducateurs, ce sont les professeurs, ce sont les parents. Et le ministre de l’Education doit être à côté d’eux et ne pas ignorer qu'une déclaration en ce sens va atteindre beaucoup d’esprits.

>> Florian Philippot fustige le "manque d'autorité" du Premier ministre

Invité de LCI, le vice-président du FN s'est lancé dans une comparaison : Vincent Peillon est comme le parachutiste recordman autrichien qui a réussi à franchir le mur du son le 14 octobre :

Lui n'a pas passé le mur du son, mais celui de l'indécence. Que ça vienne du ministre de l'Education nationale, c'est un drôle de signal qui est envoyé.

Moi je croyais que ce débat avait été clos par Jean-Marc Ayrault en juin dernier. Je vois qu'il n'a donc pas d'autorité, puisqu'un ministre se permet de rouvrir le débat.

>> Début juin, une première polémique sur la dépénalisation du cannabis avait éclaté après une déclaration de Cécile Duflot. L'opposition avait alors dénoncer la "cacophonie dans le gouvernement Ayrault", Jean-François Copé avait accusé la ministre de vouloir faire "monter le Front national" et Xavier Bertrand avait prédit : "Si la gauche l'emporte, il y aura légalisation du cannabis".

Jean-Marc Ayrault avait fini par intervenir pour écarter l'hypothèse d'une dépénalisation : "Ce n'est pas à l'ordre du jour, la fermeté reste d'actualité."

Du rab sur le Lab

PlusPlus