Dégradation de la note française : à l’unisson, la majorité estime que Standard & Poor’s n’a pas compris ses réformes

Publié à 10h15, le 08 novembre 2013 , Modifié à 11h45, le 08 novembre 2013

Dégradation de la note française : à l’unisson, la majorité estime que Standard & Poor’s n’a pas compris ses réformes
Jean-Marc Ayrault, Bruno Le Roux et Pierre Moscovici. (Montage via Maxppp)

ELEMENTS DE LANGAGE - Opération déminage pour la majorité. Alors que l’agence de notation Standard & Poor’s vient d’annoncer la dégradation de la note française, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le ministre des Finances, Pierre Moscovici et le patron des députés PS, Bruno Le Roux ont minimisé cette annonce, à l’unisson. Et rejeté la faute sur les Américains qui n’ont pas compris, selon eux, la portée des réformes entreprises depuis mai 2012.

>> Les Américains n’ont rien compris

Premier argument avancé par la majorité : l’incompréhension des Américains et des agences de notation face aux réformes menées par le gouvernement Ayrault depuis son arrivée aux responsabilités. 

Un reproche adressé à Standard & Poor’s et que Bruno Le Roux formule ainsi, ce vendredi 8 novembre sur i>Télé :

Je crois que des Etats-Unis, ils voient mal ce que nous mettons en place depuis maintenant 18 mois.

Un regret également énoncé par Jean-Marc Ayrault sur France Bleu Provence :

Je regrette ce qui est par ailleurs commenté. Cette agence ne prend pas en compte toutes les réformes qui sont engagées.
J’en prends une en exemple : la réforme des retraites. On disait que ça serait le dossier le plus explosif de la rentrée, ça n’a pas été le cas. Beaucoup de réformes sont engagées ! La réforme du marché du travail commence tout juste à produire ses effets. La BPI, elle, commence juste à produire ses effets.
Ces réformes vont produire leurs effets et ça demande un certain temps.

Quant au patron de Bercy, Pierre Moscovici, il a déploré les "jugements critiques et inexacts portés par l'agence de notation Standard and Poor's", selon un communiqué du ministère. "Les agences de notation n'ont aucune crédibilité", ajoute pour sa part Arnaud Montebourg. 

>> Tout va bien, Madame la marquise

Si Standard & Poor’s n’a rien compris aux réformes menées, la dégradation de la note française est minimisée par les ténors de la majorité. En résumé : oui, la note est passée de AA à AA, mais ça reste une très bonne note.

Ainsi Bruno Le Roux se réjouit presque :

Il faut garder raison, nous passons de AA à AA. C’est une des meilleures notes qui assure aujourd’hui à notre dette une liquidité, une sureté… (…)
Je pense que ca n’aura que peu d’incidence parce que la dette de la France reste avec cette notation l’une des plus sures.

Encore une fois, la parole gouvernementale est coordonnée et le son de cloche est identique du côté de Jean-Marc Ayrault.  

La note de la France reste parmi les meilleures du monde, et c’est ça qui compte.

Même optimiste affiché sur France Info par Pierre Moscovici. Le ministre de l’Economie fait ainsi observer que la nouvelle notation "demeure parmi les plus élevées", puisqu'elle est la troisième meilleure possible dans la classification de S&P et qu'elle "témoigne des atouts reconnus de la France" :

La France est et restera un pays dont le crédit est solide et qui financera sa dette avec des taux qui seront parmi les plus attractifs du monde.

Pas d’inquiétude. Tout va bien.

>> Un complot ?

En première ligne avant la campagne présidentielle, les agences de notation, américaines, s’étaient depuis peu à peu marginalisées dans le débat politique. Et au moment où la croissance frémit de nouveau en Europe, elles reviennent sur le devant de la scène.

Coïncidence ? Bruno Le Roux s’interroge et "s’étonne" :

Je m’étonne, au moment où la commission européenne, où la BCE, où tout se met en place sur notre continent pour faire en sorte qu’on n’étouffe pas les capacités de reprise, les capacités à aller chercher de la croissance supplémentaire, qu’il y ait des analyses qui soient fondées sur des choses qui m’apparaissent inexactes.

Et d’ajouter, interrogé sur le fait de savoir s’il y avait dans cette simultanéité "un complot" :

Ce n’est pas un complot américain mais les agences de notation, ca fait plusieurs mois qu’on n’en parlait pas, et elles ne nous manquaient pas.

Du rab sur le Lab

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