Docteur François et Mister Hollande

Publié à 19h08, le 10 décembre 2013 , Modifié à 06h20, le 24 février 2014

Docteur François et Mister Hollande
Montage le Lab via Reuters.
Image Olivier Duhamel

Olivier Duhamel

Notre éditorialiste Olivier Duhamel analyse les deux François Hollande.

>> À l’extérieur : un Président si déterminé

Il ose tout. Il tranche vite. En janvier, il envoie des troupes au Mali en quelques heures.

En décembre, il décide seul, et tout aussi rapidement, d’une intervention française en République de Centrafrique.

Entre les  deux, il voulait sanctionner par des frappes aériennes les bombardements chimiques faits par le régime syrien, et n’a dû y renoncer que lâché par Cameron et Obama.

En voyage au Proche-Orient, il parle fort, pour dire son amitié à Israël et son soutien aux Palestiniens en attente d’un État.

Bref, il sait décider et agir, prenant, s’il le faut, de vrais risques. Mister Hollande ne semble rien craindre. Un vrai Président.  Les Français approuvent ou non, il n’en a cure. Il montre le chemin.

>> À l’intérieur : un politique si peu Président

Il multiplie les prudences, les compromis ni expliqués ni assumés, les reculs s’il le faut.

Il se laisse contredire par son Premier ministre sur la pause fiscale.

Il ne choisit pas entre Valls et Taubira, entre Montebourg et Moscovici, entre Pellerin et Filippetti.

Il ménage la chèvre et le chou, son flanc gauche et son flanc droit, le Medef et le PS, les bonnets rouges et la CFDT.

Il choisit de privilégier la réduction des déficits et une politique de l’offre, mais n’ose pas le dire franchement.

Docteur François, tantôt intervient trop, à la Sarkozy, tantôt se replie, à la Chirac. Les Français n’y comprennent plus rien.

>> Comment expliquer pareil dédoublement de la personnalité ?

Nul besoin de recourir aux psys. Un brin de science politique permet de comprendre. La politique extérieure n’a jamais trop intéressé les Français ni excité l’opposition. La politique intérieure est l’objet de toutes les attentions. 

Sur les affaires du monde, il se sent libre. Sur les questions domestiques, il se croit prisonnier. Il reste le Premier secrétaire du PS, qui, onze ans durant, dirigea ce parti de compromis en compromis.

En politique étrangère, il multiplie les audaces, jusqu’à sembler parfois oublier les contraintes. En politique intérieure, il évalue les contraintes, jusqu’à souvent se priver de toute audace.

Mister Hollande devrait écouter docteur François pour ses décisions concernant l’action de la France. Docteur François devrait s’inspirer de Mister Hollande pour ses décisions concernant l’avenir des Français.

Du rab sur le Lab

PlusPlus