En renonçant, Juppé reconnaît qu'il ne satisfait pas aux exigences de "renouvellement" et "d'exemplarité"

Publié à 12h37, le 06 mars 2017 , Modifié à 12h39, le 06 mars 2017

En renonçant, Juppé reconnaît qu'il ne satisfait pas aux exigences de "renouvellement" et "d'exemplarité"
Alain Juppé fait définitivement ses adieux à la politique nationale, non sans auto-critique © PATRICK KOVARIK / AFP

LUCIDITÉ - Alain Juppé a mis fin aux spéculations sur son éventuelle candidature à la présidentielle, en remplacement de celle d'un François Fillon enferré dans le scandale et la désunion de sa famille politique. Lundi 6 mars depuis Bordeaux, l'ancien Premier ministre a certes dit énormément de mal de l'actuel candidat de la droite, mais aussi répété "une bonne fois pour toutes" qu'il était "trop tard" en ce qui le concerne.

Le maire de Bordeaux a d'abord avancé des arguments politiques à cela, pointant l'extrême difficulté qu'il y aurait aujourd'hui à rassembler la droite et le centre, "condition sine qua non du succès" à ses yeux. Mais pas seulement. "J'ajoute deux arguments qui me tiennent à cœur", a-t-il tenu à préciser avant d'évoquer le "renouvellement" et "l'exemplarité" que les Français exigent de leurs élus et que lui-même ne pouvait pas prétendre incarner.

# Le renouvellement

Il a ainsi expliqué :

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Les Français veulent un profond renouvellement de leurs dirigeants politiques et à l'évidence je n'incarne pas ce renouvellement. Cette aspiration de l'opinion me semble plus forte que le besoin de solidité et d'expérience.

 

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Âgé de bientôt 72 ans, entré en politique au mitan des années 70, il a depuis été député, ministre, Premier ministre, chef de parti(s), maire et président de communauté urbaine. Difficile en effet, avec ce CV, de prétendre au renouveau. Un exercice de lucidité qui lui coûte, car il précise tout de même que sa "solidité" et son "expérience" faisaient de lui un candidat légitime...

# L'exemplarité

Alain Juppé a encore admis :

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Et deuxièmement, les récentes péripéties ont encore accru l'exigence d'exemplarité des Français vis-à-vis de leurs femmes et de leurs hommes politiques. Et ici encore je ne peux répondre pleinement à cette exigence, même si la justice qui m'a condamné m'a exonéré de tout enrichissement personnel [contrairement à ce qui est reproché à François Fillon, ndlr].

 

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En 2004, il avait été condamné, dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, à 18 mois de prison avec sursis et dix ans d'inéligibilité - peines réduites en appel à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité. Un *pedigree* qui lui aurait presque immanquablement été reproché en cas de candidature, avec encore plus de force qu'il serait venu remplacer un François Fillon lui-même soupçonné dans une affaire d'emplois fictifs...

"Je ne vais pas livrer mon honneur et la paix de ma famille en pâture aux démolisseurs de réputation", a-t-il ajouté à ce sujet, dans un commentaire acerbe sur le système politico-médiatique actuel.

Et de conclure :

 

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Je le répète pour moi, il est trop tard. Il n'est évidemment pas trop tard pour la France. Il n'est jamais trop tard pour la France.

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