Éric Ciotti juge que "Christiane Taubira conduit une politique qui menace la République"

Publié à 12h11, le 25 avril 2015 , Modifié à 12h58, le 25 avril 2015

Éric Ciotti juge que "Christiane Taubira conduit une politique qui menace la République"
© VALERY HACHE / AFP

CHRISTIANE LA MENACE - C'est la cible privilégiée de la droite. Christiane Taubira est très régulièrement accusée de "laxisme" en raison de sa politique pénale. Alain Juppé avait même moqué les "réflexes pavloviens" d'un certain nombre de militants UMP, dont les sifflets et huées se font entendre à la simple évocation du nom de la ministre de la Justice (et de celui de François Bayrou mais c'est une autre histoire). Ce 25 avril, la garde des Sceaux fait l'objet d'une attaque très coordonnée de la part du parti de Nicolas Sarkozy.

En cause : un chiffre, celui de la baisse de 3% du nombre de détenus sur un an. Il y avait 66.761 personnes incarcérées au 1er avril 2015, contre 68.859 un an plus tôt. Bizarrement, la dépêche de l'AFP, publiée mercredi 22 avril et qui évoquait ce chiffre, n'a suscité que peu de réactions à droite. Il semble que ce soit la publication par Le Figaro d'un article (payant) sur le sujet vendredi, puis d'un autre (gratuit) ce samedi, qui ait mobilisé les responsables UMP. 

Parmi les premiers à réagir, Éric Ciotti. Le député des Alpes-Maritimes estime tout simplement que Christiane Taubira "conduit une politique qui menace la République"

D'autres élus d'opposition, comme Valérie Debord, Thierry Mariani (qui partage l'article du Figaro) ou Sébastien Huyghe, ont également réagi sur Twitter, ce samedi :

Dans un communiqué publié dans la matinée, l'UMP dénonce une "baisse inquiétante du nombre de détenus". Le parti écrit, reprenant des éléments de langage plus classiques de la droite :

 

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Bruno Beschizza, Secrétaire National de l’UMP à la Sécurité, dénonce cette parfaite mise en pratique du triptyque Taubira : culture de l'excuse, impunité institutionnelle et laxisme judiciaire. Dorénavant, le laxisme est érigé en principe, et la sanction réduite à l'exception même pour les récidivistes. [...] Et face à la montée continue des violences ces derniers mois, le dogmatisme de la Garde des Sceaux et la nativité de la majorité socialiste ne sont plus acceptables.

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De son côté, Le Figaro rappelle que "l'étude d'impact de la loi sur la réforme pénale, votée le 15 août dernier, prévoyait une baisse de 4.000 détenus en moins de trois ans. L'administration pénitentiaire est donc dans l'épure, puisqu'à ce jour, l'objectif est déjà à moitié réalisé." Quant aux raisons de cette baisse, le quotidien explique qu'il est "difficile" de les identifier mais avance des pistes :

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Faute de chiffres sur les flux d'entrées et de sorties, il est difficile de le savoir. La directrice de l'administration pénitentiaire elle-même suppose publiquement que 'la fin des peines plancher, des révocations automatiques des sursis et l'augmentation des libérations sous contrainte sont des facteurs d'explication'.



Quant à la contrainte pénale, cette peine alternative à la détention réservée aux délits susceptibles d'être punis de cinq ans d'emprisonnement, elle séduit modérément les tribunaux. Sur les six premiers mois de la mise en œuvre de la réforme pénale, seules 536 contraintes pénales ont été prononcées. 42,7 % des 164 tribunaux de grande instance n'en ont toujours pas infligé.

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Il est donc peut-être *légèrement* exagéré de dire que la politique de Christiane Taubira (qui est accessoirement celle de l'exécutif tout entier) "menace la République". Mais pas pour Éric Ciotti, qui demandait pourtant à Henri Guaino, pas plus tard que vendredi, de calmer ses ardeurs dans ses critiques contre le gouvernement, afin de "conserver cet esprit d'unité nationale".

Mais lorsqu'il s'agit de montrer que la droite est plus "républicaine" que la gauche...

>> À lire également sur Le LabEric Ciotti accuse les opposants à la loi sur le renseignement de "jouer" avec les peurs des Français pour leurs libertés

[Edit 12h40]

Georges Fenech, député du Rhône et secrétaire national de l'UMP chargé de la justice, y va aussi de son communiqué, publié peu après midi. Il écrit notamment que "l'idéologie permissive" qui présiderait à la conduite de la politique pénale du gouvernement "fracture la paix sociale" :

 

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Face au désarmement pénal de la justice, la protection de nos concitoyens ne pourra plus être valablement assurée par nos forces de police et de gendarmerie, déjà confrontées à la menace terroriste et à l'augmentation de la délinquance en matière de cambriolages et de violences. Il est urgent de changer radicalement de politique pénale et d'en finir avec l'idéologie permissive qui fracture la paix sociale.

"

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