François Hollande et la taxe à 75% : making-of de la "surprise du chef"

Publié à 06h46, le 10 mai 2012 , Modifié à 07h16, le 10 mai 2012

François Hollande et la taxe à 75% : making-of de la "surprise du chef"
François Hollande dans l'émission Parole de Candidat sur TF1 le 27 février 2012 (Reuters)

"J'ai considéré qu'au-dessus d'un million d'euros par an, le taux d'imposition devra être de 75%." En pleine campagne pour l'élection présidentielle, François Hollande avait annoncé le 27 février qu'il comptait imposer davantage les hauts revenus.

Marianne 2 s'intéresse au livre de Eric Dupin, La Victoire empoisonnée, dans lequel l'auteur et journaliste revient sur un déjeuner au cours duquel le candidat socialiste lui livrait le making of de la proposition.

  1. Un piège dans lequel la droite est tombée à pieds joints

    Sur marianne2.fr

    Hollande a réservé à ses amis socialistes une « surprise du chef » en annonçant subitement, le 27 février, sa proposition de taxer à 75% la tranche des revenus supérieure à un million d’euros.

    [...]

    Il a compris que sa proposition entrerait en résonance avec l’indignation provoquée, dans de très larges secteurs de l’opinion, par les rémunérations extravagantes que continuent de s’octroyer, crise ou pas, les grands patrons.

    Eric Dupin est journaliste et écrivain. C'est aussi, rapporte Marianne 2, l'un des camarades de promotion de François Hollande à Sciences Po.

    Dans son livre La Victoire empoisonnée, Eric Dupin revient sur un déjeuner qu'il avait pris avec François Hollande pendant la campagne présidentielle.

    Marianne 2 s'est penchée sur les dessous de sa proposition d'une tranche d'imposition supplémentaire pour les plus hauts revenus, proposition annoncée jusqu'au nez et à la barbe de son responsable du pôle budget et fiscalité de la campagne socialiste, Jérôme Cahuzac, qui, selon le candidat, aurait été contre :

    Avec les experts, la réponse est toujours non pour des raisons techniques.

    Ils vous expliquent qu’il ne faut pas faire comme cela, qu’on va essayer de le faire autrement.

    [...]

    Ce faisant, il a aussi tendu un piège dans lequel la droite est tombée à pieds joints. Dénonçant sa proposition, celle-ci s’est à nouveau posée en avocat des riches.

    Conscient du poids de son annonce, François Hollande a tenu le cap, en dépit du recul opéré au sein de son propre camp, avec une seconde annonce :

    Même s’il s’en défend, il n’est pas resté insensible à la complainte des milliardaires du sport.

    « Ce n’est pas moi qui ai reculé», précise-t-il faisant sans doute allusion à l’annonce, par Laurent Fabius, que ce taux de 75% serait temporaire.

    Néanmoins, Eric Dupin rapporte aussi la vision social-démocrate plus pragmatique du candidat :

    Hollande écarte d’un revers de main la thèse d’un salaire maximum reprise par le Front de gauche. « La philosophie y trouverait son compte, la pratique assez peu. Ils se débrouilleraient pour se rémunérer autrement, à l’étranger. »

    Bonus : Pour François Hollande, Hadopi n'est pas une mesure phare qui pourrait influencer les électeurs. Irritable, il ajoute :

    C’est l’absurdité d’une campagne. On est sollicité par tous les groupes, par toutes les catégories.
    Heureusement, les gens votent quand même pour quelque chose de plus élevé.

Du rab sur le Lab

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