C’est devenu un sujet de campagne pour les élections législatives. Depuis la parution d’un article du Parisien, jeudi 18 mai, sur le harcèlement de rue contre les femmes du quartier Chapelle-Pajol, à Paris, nombreux sont les responsables politiques qui se sont saisis de ce problème. Après Valérie Pécresse qui a demandé vendredi 19 mai au président de la République "d’agir" vite, le député PS de l’Essonne Malek Boutih a proposé, quant à lui, une solution plus radicale ce dimanche 21 mai : "Dégager tous les gens qui emmerdent les femmes". Autre proposition avancée cette fois lundi 22 mai par la fondatrice d'Osez le féminisme, Caroline de Haas : "Élargir les trottoirs".
Ex-conseillère de Najat Vallaud-Belkacem au ministère des Droits des Femmes, Caroline de Haas est également candidate aux législatives dans la 18e circonscription de Paris. Selon elle, le problème du harcèlement de rue relève surtout de l’aménagement urbain. "On pourrait élargir les trottoirs pour qu'il y ait plus de place et qu'il n'y ait pas de cohue dans ces endroits-là", assure-t-elle sur franceinfo: dimanche 21 mai :
Dans tous les quartiers où il y a un problème d'espace, où il y a une concentration de personnes qui restent à la même place toute la journée, il y a des violences à l'encontre des femmes. On pourrait élargir les trottoirs pour qu'il y ait plus de place et qu'il n'y ait pas de cohue dans ces endroits-là. On pourrait aussi mettre de l'éclairage pour faire en sorte que, quand on circule dans la rue, il n'y ait pas de coins sombres.
Suite à notre article, le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a ironisé sur la solution avancée par Caroline de Haas, sur son compte Twitter :
Il y a aussi l'idée de faire à droite des trottoirs femmes et à gauche pour les hommes ou l'inverse? Agir av @MarleneSchiappa@gerardcollombhttps://t.co/0w4lAFBpry
— Christophe Castaner (@CCastaner) May 22, 2017
Autre membre d'En Marche ! à critiquer la position de Caroline de Haas : Aurore Bergé, candidate dans la 10e circonscription des Yvelines aux élections législatives. "Rallongeons les jupes des femmes aussi", a-t-elle ironisé dans un tweet :
Oui et rallongeons les jupes des femmes aussi...
— Aurore Bergé (@auroreberge) May 22, 2017
Ou alors luttons pour la liberté des femmes et leur droit de circuler sans entrave. https://t.co/N6Jm0m1ntD
Joint par le Lab, Caroline de Haas regrette "profondément cette polémique inutile". Elle estime que "sa parole a été extrêmement réduite" dans le reportage de France Télévisions. Dans un post de blog publié dimanche 21 mai sur Mediapart, elle expliquait comment régler le problème du harcèlement de rue contre les femmes. "Il existe plusieurs moyens pour faire reculer les violences", assure-t-elle :
On connaît les solutions, à La Chapelle comme ailleurs : 1. la prévention et l'éducation (les moyens ne cessent de se réduire du côté des centres sociaux) 2. les sanctions (elles existent mais ne sont jamais appliquées, essayez d'aller porter plainte pour harcèlement de rue) 3. l'aménagement de l'espace urbain (plus d'espace, de l'éclairage). Pourquoi ne les met on pas en place ?
"Que l'extrême-droite s'en moque, rien de nouveau", poursuit Caroline de Haas. "Mais voir la droite et les macronistes monter au créneau, c'est dire l'état de la politique...". Elle s'en prend ensuite directement à Christophe Castaner et Aurore Bergé.
@leLab_E1@GG_RMC Voir @CCastaner, qui a renoncé avec @emmanuelmacron à créer un Ministère des droits des femmes m'expliquer la vie est assez piquant.
— Caroline De Haas (@carolinedehaas) 22 mai 2017
@leLab_E1@GG_RMC@CCastaner@EmmanuelMacron Voir des gens comme @auroreberge, professionnelle de la politique, en rire et moquer notre travail me désespère.
— Caroline De Haas (@carolinedehaas) 22 mai 2017
La fondatrice d'Osez le féminisme attaque ensuite la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse. Caroline de Haas est "exaspérée" de "voir Valérie Pécresse expliquer qu'il faut agir alors qu'elle coupe les budgets de formation sur les violences me met en colère" :
@leLab_E1@GG_RMC@CCastaner@EmmanuelMacron@auroreberge Voir des gens comme @vpecresse expliquer qu'il faut agir alors qu'elle coupe les budgets de formation sur les violences me met en colère.
— Caroline De Haas (@carolinedehaas) 22 mai 2017
Vendredi 19 mai, la maire de Paris Anne Hidalgo a assuré de son côté qu'elle ne tolérera pas "qu’un quartier soit en proie à des actes de discrimination à l’égard des femmes. Cela ne correspond ni aux valeurs de Paris, ni aux valeurs de la République".
Par ailleurs, le collectif de lutte contre le harcèlement de rue du quartier La Chapelle sera reçu ce lundi 22 mai par le gouvernement.
[Edit 13h02] Ajout tweets Christophe Castaner, Aurore Bergé et déclarations Caroline de Haas
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