Publié à 18h44, le 12 décembre 2011 , Modifié à 09h53, le 14 décembre 2011

Hollande est-il mou sur l'Europe ?

Pour le candidat socialiste, c’est clair : s’il est élu, il détricotera l'accord européen récemment négocié par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. "L'Europe mérite mieux qu'un simple accord sur ce qu'on appelle l'union budgétaire", estime François Hollande .

Elu eurodéputé, toujours proche de Delors, le leader socialiste est un européen convaincu. A ce niveau, peu d’accidents dans son parcours mais un engagement parfois mou et une belle pagaille au PS lors du traité constitutionnel de 2005. Le Lab revient sur le profil européen du candidat du PS.

  1. Aujourd'hui, son programme pour l'Europe

    Sur debats2012.fr

    Les propositions de François Hollande sur l'Europe :

    • fusionner le Président de la Commission européenne et  celui du Conseil Européen pour conférer à ce gouvernement davantage de pouvoir
    • sortir de la règle de l’unanimité  sur toutes les décisions importantes
    • ouvrir le débat sur un impôt européen (taxe de 0,05% sur les transactions financières européennes)
    • avancer vers un fédéralisme budgétaire et fiscal

    En lire plus sur le site de Terra Nova, Debats2012, consacré aux programmes des candidats socialistes à la primaire. 

  2. Le fils spirituel de Delors

    La fille biologique de Jacques Delors, c’est Martine Aubry. Mais son fils spirituel, aujourd’hui, c’est bien François Hollande. Le père de l’Acte Unique, étape essentielle de la construction européenne, a toujours été proche de l’actuel candidat. 

    En 1981, quand l’actuel député de Corrèze se présente là-bas pour la première fois face aux électeurs, le leader socialiste fait le déplacement pour le soutenir . A partir de 1985, Jacques Delors prend la tête de la Commission européen. Et les gros dossiers européens ce sont fait sous son égide, à l’image de l’adoption de l’Acte Unique, de la réforme de la PAC ou de la signature des accords de Schengen. Dans tous les cas, François Hollande n’était jamais loin …

    En 1994, L’Express le classait parmi “les apôtres” de Jacques Delors. A l’époque, le jeune énarque était à la tête de la machine de guerre intellectuelle de l’ancien Président de la Commission européenne  : les clubs Témoin.

  3. En 1999, il est élu eurodéputé

    En 1999, François Hollande se fait élire au Parlement Européen. Mais il ne gardera pas sa place. Le député de Corrèze ne conserve pas son mandat, préférant garder celui de député français , pour cause de non-cumul. Il avait un rôle de "locomotive électorale", sans intention de siéger. Le but était de motiver les électeurs à aller voter pour ce scrutin peu populaire. La même année, Nicolas Sarkozy, Roger Karoutchi et Philippe de Villiers font la même chose. 

    Cette année, et dans le cadre de ces élections européennes, il débat avec l'actuel président de la République et se prononce pour une "Europe sociale et démocrate " : 

  4. La zizanie du TCE

    Sur liberation.fr

    Quand se prépare le vote sur le référendum du traité constitutionnel européen (TCE) François Hollande est à la barre du Parti socialiste. Et pour éviter de laisser son camp s'enfoncer dans le désordre, le Premier secrétaire décide d'organiser le 1er décembre 2004 un référendum interne sur le sujet. Les militants votent massivement (plus de 83% de participation) et favorablement pour l'adoption du traité (plus de 59% de oui).

    Mais Laurent Fabius, Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon, et d'autres poursuivent leur campagne en faveur du "non". Au final, ce sont eux qui l'emporteront. Malgré une bonne préparation du patron du PS. Le bilan est catastrophique : défaite pour le PS (et pour l'UMP) et division profonde dans le camp socialiste. Un résultat que le très fédéraliste Hollande traînera longtemps comme un boulet

    Le résultat complet sur le site du ministère de l'Intérieur

  5. Le traité de Lisbonne, un vote sans conviction

    Sur lefigaro.fr

    "Moins bien que ce que nous aurions négocié, mais mieux le traité de Nice". C'est ainsi que François Hollande résume le traité de Lisbonne ratifié en 2007.

    "Un débat nécessaire", dit-il, même si le députe de Corrèze aurait préféré "un référendum". Ce n’est pas le traité "qu’il aurait négocié" mais il permet à l’Europe de "sortir de l’impasse". L'élu socialiste finira donc par voter ce texte , sans grande conviction, si ce n'est avec l'idée qu'il permet "d'ouvrir d'autres voies pour l'Europe". Pour le PS, ce vote permet surtout de fermer la page du TCE qui avait divisé le parti. 

  6. Bilan : François Hollande est surtout fédéraliste

    Comme il l'a dit au SPD allemand en décembre, François Hollande est pour "un fédéralisme de projet ". Et son parcours européen sur les 25 dernières années le montre bien. Il veut rétablir un équilibre franco-allemand , doter l'Union d'instruments régaliens (l'impôt, la gouvernance économique) et renforcer la démocratie européenne. Même s'il n'a jamais été un grand défenseur des différents traités ratifiés dans le cadre de la construction européenne, il a toujours considéré que c'était une bonne voie vers davantage d'Union européenne. 

    Voilà ce que disait François Hollande sur l'Europe en 2005 , dans un de ses discours, au moment du référendum : 

    "

    Certes, l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui ne peut nous satisfaire. Trop marchande dans ses fondations, trop monétaire dans ses représentations -c’est Jacques Delors qui avait trouvé cette formule : peut-on tomber amoureux d’un taux de croissance ou d’une monnaie unique ? On ne peut tomber amoureux que d’une grande idée à défaut d’une belle personne. Cette Europe est sans doute trop anonyme dans ses décisions, trop imparfaite dans ses règles, trop lointaine. Voilà pourquoi il faut changer cette Europe d’aujourd’hui avec ses forces -nous sommes la première puissance économique- et ses faiblesses -il n’y a pas de projet politique en Europe. C’est la Constitution qui, justement, nous le permet.

    "
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