Imbroglio entre Pierre Laurent et l'Élysée sur la prolongation de l'état d'urgence

Publié à 17h36, le 22 janvier 2016 , Modifié à 18h36, le 22 janvier 2016

Imbroglio entre Pierre Laurent et l'Élysée sur la prolongation de l'état d'urgence
Pierre Laurent s'adressant à la presse après son entretien avec François Hollande, vendredi 22 janvier 2016 © Captures d'écran iTélé

OUPS - Pierre Laurent a semble-t-il balancé à la presse une info que l'Élysée ne voulait pas ébruiter si tôt. Le patron du PCF était reçu à l'Élysée vendredi 22 janvier dans l'après-midi, comme d'autres représentants de partis, afin de discuter de la révision constitutionnelle, de l'état d'urgence et de la déchéance de nationalité.

À sa sortie de ce rendez-vous, le sénateur communiste de Paris s'adresse à la presse. Et annonce que le chef de l'État lui a fait part de son intention de demander une nouvelle prolongation de l'état d'urgence pour trois mois. Il affirme :

 

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Le président de la République nous a confirmé que dès le conseil des ministres du 3 février, plusieurs textes seraient déposés, visant à la prolongation de l'état d'urgence pour trois mois et aussi les décrets d'application de la révision constitutionnelle et la révision de la procédure pénale.

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Une information également diffusée sur son compte Twitter :

Dans la foulée, l'AFP et Reuters envoient des "urgents" sur le sujet. Car le secrétaire national du Parti communiste vient de confirmer ce qui semble se profiler sans pour autant que l'exécutif ne communique clairement sur le sujet. D'autant plus que, dans la matinée, une interview de Manuel Valls à la BBC avait fait l'effet d'une bombe, le Premier ministre y évoquant une extension de l'état d'urgence "jusqu'à ce qu'on puisse se débarasser de Daech". Soit jusqu'à la Saint Glinglin.

Mais presque immédiatement après la déclaration de l'élu communiste, le démenti de l'Élysée tombe. Auprès de L'Express, l'entourage de François Hollande affirme :

 

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La décision n'est pas prise et ne sera communiquée que dans les prochains jours.

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Contacté par Le Lab, le même entourage explique simplement ne "rien pouvoir confirmer sur le fond". On dirait bien que Pierre Laurent n'était pas censé divulguer le contenu de cette conversation aux médias... 

[Edit 18h30]

Et finalement, l'Élysée confirme. Dans un communiqué de presse, la présidence de la République écrit notamment : 

 

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Le Président de la République a annoncé [aux représentants politiques qu'il recevait] que, face à la menace terroriste, le gouvernement présenterait au conseil des ministres du 3 février 2016 un projet de loi prolongeant l’état d’urgence pour une durée de trois mois.

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Et ajoute : "Le même conseil des ministres délibérera sur le projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et son financement, l’efficacité et les garanties de la procédure pénale. Enfin, le président de la République a demandé au Premier ministre de présenter mercredi prochain lors de son audition par la Commission des Lois les avant-projets de loi d’application de la révision constitutionnelle."

Décrété immédiatement après les attentats du 13 novembre, l'état d'urgence avait été prolongé pour trois mois à une écrasante majorité du Parlement le 26 novembre. Une éventuelle prolongation devra passer par un nouveau vote des parlementaires fin février.

Pierre Laurent a également écrit sur Twitter : "François Hollande nous a affirmé que les déclarations de Manuel Valls sur l'état d'urgence et Daech étaient non fondées." Soit une mise au point par communistes interposés. Et là, l'Élysée n'a pas démenti.

Du rab sur le Lab

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