La droite n’aura pas attendu très longtemps pour se fracturer après la défaite de son champion François Fillon dès le premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 23 avril. À peine quelques heures après les résultats, plusieurs ténors Les Républicains comme Éric Woerth rejetaient déjà la faute sur leur candidat. Le gouffre a continué de se creuser lundi avec l’adoption sans vote d’une consigne de vote pour le moins floue qui a contenté tout le monde et personne à la fois. En campant sur le ni-ni, Laurent Wauquiez et Éric Ciotti notamment se sont faits plus sarkozystes que Nicolas Sarkozy (qui a lui-même appelé à voter Emmanuel Macron), s’attirant les foudres de Christian Estrosi , qui lui demandait un choix clair.
Jean-Pierre Raffarin ne décolère pas contre ceux qui ont refusé d’appeler à voter pour le candidat d’En Marche !. Sans pour autant exiger l’exclusion des pro-ni-ni, l’ancien Premier ministre a des mots très durs à l’endroit de ces "gens ambigus" qui ne méritent pas de diriger LR, selon lui. Invité de BFMTV ce jeudi 27 avril, le sénateur de la Vienne déclare :
"- Jean-Pierre Raffarin : Moi, je suis pas pour les exclusions, mais je pense qu’il est inacceptable que notre parti soit dirigé par des gens ambigus.
- Ruth Elkrief : Par exemple, vous êtes contre le fait que Laurent Wauquiez soit le Président, parce que lui a prôné le ni-ni ?
- Jean-Pierre Raffarin : Moi, je suis tout à fait contre que quelqu’un qui ait prôné par exemple le vote blanc sur un sujet aussi stratégique que cette élection présidentielle, quelqu’un qui a proposé, alors qu’il pourrait être candidat à un avenir politique, le vote blanc, pour moi, il ne peut pas être notre leader. De deux choses l’une : ou on trouvera une autre solution, ou on ne sera pas dans le même parti. Mais il est clair qu’il y aura, à un moment ou à un autre, des décisions qui sont à prendre, mais nous les prendrons après les législatives.
"
Comme la sénatrice juppéiste Fabienne Keller , "Raff" semble convaincu que deux lignes difficilement réconciliables s’opposent chez Les Républicains. Ce clivage, laisse-t-il entendre, ne peut se solder que de deux façons : virer Laurent Wauquiez de la présidence par intérim du parti ou procéder à une recomposition politique de la droite qui impliquerait l’explosion de LR.
Très bonne ambiance pour commencer la campagne des législatives, donc.
[BONUS TRACK]
Jean-Pierre Raffarin ne se contente pas de sermonner les cadres de son parti qui n’appelleraient pas clairement à voter Emmanuel Macron. L’ex-chef du gouvernement s’en prend aussi à Jean-Luc Mélenchon, qui n’a pas donné de consigne claire de vote pour le second tour Macron/Le Pen. Selon lui, cette position alimente l’"extrémisme de droite", qui s’"enten[d] un peu" avec l’"extrémisme de gauche" incarné par le leader de La France insoumise :
"Avant, on avait une menace Le Pen. Maintenant, on a deux extrémismes qui s’entendent un peu, parce qu[‘avec] le ni-ni, ils se confortent l’un l’autre : extrémisme de droite, extrémisme de gauche. Et donc c’est deux menaces.
"
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