Jérôme Cahuzac: comment Pierre Moscovici se défend de toute complaisance

Publié à 08h51, le 03 avril 2013 , Modifié à 08h55, le 03 avril 2013

Jérôme Cahuzac: comment Pierre Moscovici se défend de toute complaisance
Pierre Moscovici sur RTL le 19 décembre. (RTL)

Ministre de tutelle de Jérôme Cahuzac à Bercy, Pierre Moscovici a-t-il fourni une quelconque aide, a-t-il commis une erreur dans sa gestion du dossier "Jérôme Cahuzac" ?

Ce mercredi 3 avril, l'interview du ministre de l'Economie sur RTL, marque une nouvelle évolution dans le discours de Pierre Moscovici qui, ainsi que Mediapart l'avait noté, a singulièrement évolué, à partir du dimanche 24 mars.

La défense de Pierre Moscovici est d'abord politique, et concerne la présence de Jérôme Cahuzac au gouvernement - sans dire explicitement que François Hollande l'a "démissionné" :

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Quand a été ouverte une enquête préliminaire, évidemment la justice a pu travailler en toute indépendance,

Et quand nous sommes passés à un stade de doute supérieur, qui était le stade de l'information judiciaire,

Alors Jérôme Cahuzac a été amené à quitter le gouvernement immédiatement

"

Pierre Moscovici vante alors son action, en tant que ministre de l'Economie :

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Il y a eu aucune complaisance, aucune volonté d'entraver la justice, aucune volonté de trahir ou de blanchir. 

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Un message qu'il martèle en fin d'interview, au cas où l'auditeur matinal n'ait pas bien compris :

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Non, ni entrave la justice, ni tentative de blanchir, ni volonté d’innocenter. La volonté de contribuer à la vérité avec des outils publics. 

[...] Pour ce qui me concerne, j'ai fait des démarches, des démarches qui visaient à aider à la manifestation de la vérité, avec les outils qui étaient les miens. 

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Et de détailler les fameux "outils" qu'il avait à sa dispostion :

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 Le 8 janvier, il y a une enquête pré qui est ouverte [...] sur la base des propos de Mediapart. 

Moi, comme ministre des Finances, j'avais à ma disposition une convention d'entraide fiscale avec la Suisse, et j'ai fait une demande, via le directeur général des finances publiques, d'assistance à la Suisse, le 24 janvier

Le 31 janvier, il y a eu la réponse, et c'est une réponse qui était sur une question large, sur un compte à l'UBS, sur une période large, sur des demandes larges, pour Jérôme Cahuzac ou pour  ses ayant-droits, j'ai eu droit à une réponse négative, cette réponse négative c'est un document, qui se trouve dans un seul coffre, celui du directeur général des finances publiques, que je n’ai pas eu, dont j’ai eu la copie, que personne d’autre n’a eu, si ce n’est […]

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Pierre Moscovici esquive ensuite :

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Après,  il reste à savoir si c’était à UBS, si c’était ailleurs, on entre dans autre chose. 

Mais de 2006 à 2013, ce que m’ont dit les autorités suisses, c’est qu’il n’y avait pas eu de compte à l’UBS, au nom de Jérôme Cahuzac ou d’un ayant-droit.

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Et, sans citer directement Mediapart, il lance ensuite :

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Et qu’est-ce que j’ai fait ? On dit … "entraver …". 

Au contraire, j’ai voulu aider à la manifestation de la vérité. 

Ce document […] a été adressé à une seule instance, la police judiciaire, pour qu’elle en fasse ce qu’elle devait.

Et je n’ai pas apprécié, je dois le dire, toutes les opérations de communication qui ont été montées à partir de là, comme si il y avait eu cette volonté là. 

"

Une dernière définition du rôle du ministre ?

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Non, moi j’ai joué mon rôle, tout mon rôle, rien que mon rôle, avec les outils qui étaient les miens, nous n’en n’avions pas d’autres. Et celui-là était puissant. Aller au-delà eut été mené une enquête parallèle, on nous l’aurait reproché.

"

Du rab sur le Lab

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