L'écologie à la trappe ?

Publié à 12h33, le 22 février 2012 , Modifié à 09h02, le 23 février 2012

L'écologie à la trappe ?
NKM, le 22 février 2012 à l'Elysée (Reuters)

Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé mercredi sur France Inter qu'elle démissionnerait jeudi de ses fonctions de ministre de l'Ecologie, de façon à se consacrer pleinement à celles de porte-parole du candidat Nicolas Sarkozy.

Le ministère de l'Ecologie va donc être rattaché aux services du Premier ministre. Un signe de plus du désintérêt du gouvernement pour les questions liées au développement durable ? L'écologie peut-elle encore s'inviter dans le débat pour la présidentielle ?

  1. Un ministère vacant pointé par les ONG

    Sur amisdelaterre.org

    Les Amis de la Terre sont indignés d'apprendre qu'elle ne sera pas remplacée au ministère de l'Ecologie, du développement durable, des transports et du logement (...) Accepterait-on aussi facilement la vacance du ministère de l'Economie et des finances ? ou celle du ministère de l'Industrie ? C'est la preuve s'il en était encore besoin de l'importance accordée à l'environnement par le président sortant ! Qui peut croire que le  Premier Ministre aura du temps à consacrer à ces problématiques ?

    C'est le coup de gueule des Amis de la Terre, suite à l'annonce du départ de NKM du ministère pour devenir porte-parole du candidat Sarkozy.

    Cet abandon du gouvernement intervient "alors que des dossiers 'délicats' devaient passer par un arbitrage interministériel car ils impactaient plusieurs ministères", précise l'ONG. C'est le cas des OGM, en particulier de la position française sur le pourcentage de contamination toléré des semences paysannes, "pour laquelle il y avait désaccord avec le ministère de l'Agriculture". C'est aussi le cas de la réforme du code minierqui révèle un conflit avec le ministère de l'Industrie et de l'énergie.

    Face à la gravité de la situation actuelle, les Amis de la Terre demandent "qu'aucune décision interministérielle, en rapport avec l'environnement, ne soit prise durant la campagne".

     Selon l'association Agir pour l’Environnement,"une politique ambitieuse en matière de protection de l’environnement ne peut être menée les seules années impaires".

  2. Salon de l'agriculture 2010 : le tournant

    Sur franceinfo.fr

    Je voudrais dire un mot sur toutes ces questions d'environnement. Parce que là aussi, ça commence à bien faire.
    Je crois à une agriculture durable... d'ailleurs les agriculteurs seraient les premières victimes des pesticides mais il faut que nous changions notre méthode de mise en œuvre des mesures environnementales en agriculture...

    C'est ce qu'avait déclaré Nicolas Sarkozy, au cours d'une table ronde organisée au salon de l'agriculture le 6 mars 2010. Il se prononçait ainsi pour les agriculteurs aux dépens des écologistes.

    Aussi bien pour les associations environnementales, que les politologues, cette affirmation apparaît comme un tournant dans la politique développement durable du gouvernement et a en quelque sorte brisé l'élan du Grenelle de l'environnement.

    Pour écouter l'intervention de Nicolas Sarkozy :

  3. NKM lâche l'environnement pour la 2e fois

    Sur francetv.fr

    A la tête du ministère de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement depuis le 14 novembre 2010, NKM avait déjà été Secrétaire d'Etat en charge de l'Ecologie de juin 2007 à janvier 2009.

    Elle perd son secrétariat d'Etat en dénonçant un "concours de lâchetés et d'inélégance" entre Jean-Louis Borloo et Jean-François Copé, ne s'estimant "pas assez soutenue lors d'une discussion à l'Assemblée sur les OGM", rappelle Franceinfotv. Elle fut "recasée à l'Economie numérique, placard doré qui lui permis néanmoins de devenir une des responsables politiques les plus présentes sur les réseaux sociaux".

    "Même sa nomination en novembre 2010, comme ministre de plein exercice, est affaiblie car l'écologie n'est plus une priorité du quinquennat", souligne le site. Pendant cette période, Nathalie Kosciusko-Morizet a ainsi été en charge de mettre en œuvre la loi Grenelle II.

    Elle a par ailleurs été confrontée à la polémique de l'huile et du gaz de schiste, ainsi qu'à la catastrophe de Fukushima et ses conséquences sur la France, à savoir un audit sur la sûreté nucléaire mené par l'Autorité de sûreté nucléaire, et un autre sur les coûts de la filière mené par la Cour des comptes.

  4. "L'environnement a pris des coups"

    Sur novethic.fr

    Avec son Pacte écologique, Nicolas Hulot avait réussi à mettre l'environnement au centre de la campagne en 2007. Eva Joly, créditée de 3% des voix dans les derniers sondages, a du mal à exister et à être audible. Le thème environnemental peut-il être porteur en 2012 comme il l'avait été en 2007 ? Ou est-ce trop tard ? Interrogé par Novethic, Daniel Boy, politologue et spécialiste des mouvements écologistes au CEVIPOF, analyse cette situation de la façon suivante :

    Certes, les gens se soucient toujours un peu d’environnement mais quand on leur demande de choisir quels sont les thèmes importants de l’élection, celui-ci est cette année plutôt dans les derniers. Contrairement à 2007 où on l’avait mis en concurrence avec le chômage, la sécurité, etc. Et encore, il arrivait très loin derrière en 4ème ou 5ème position. Entre 2007 et 2012, l’environnement a pris des coups.

    Le Grenelle a été un moment très important. Il a suscité de grands espoirs pour les associations et une grande mobilisation, mais sa concrétisation a été différente des discours. Il y a eu une grosse déception. Et puis il y a eu les discours présidentiels et ceux de la majorité en place, qui ont commencé à susciter le doute, voire à marquer des reculs. Surtout, ce qui est fondamental c’est le bouleversement causé par  la crise économique, qui a fait l’effet d’un séisme. Elle a en quelque sorte mis l’environnement par-dessus bord… C’est un schéma traditionnel que l’on constate au cours des années : il y a un cycle contradictoire entre la pression environnementale et la pression économique.

  5. "Difficile d'articuler écologie et présidentielle"

    Sur arnaudgossement.com

    Un ministère décapité, des intentions de vote anémiques. Pourtant, Arnaud Gossement, avocat spécialisé en droit de l'environnement, n'est pas de ceux qui pensent : "l'écologie est la grande absente des débats sur la présidentielle".

    C'est vrai, "c'est dommage pour l'affichage, vue l'importance du ministère", que l'Environnement n'ait plus personne à sa tête pendant ces prochaines semaines. "Mais deux mois avant une présidentielle, le travail d'un ministère est avant tout d'ordre administratif. Les grands arbitrages sont déjà faits", tempère-t-il.

    Pour le reste, "bien sûr, comparé à 2007 où Hulot avait présenté son Pacte écologique, le thème est moins présent". Pourtant, aujourd'hui l'écologie est "présente dans les programmes de tous les candidats. L'inverse est désormais impensable", estime-t-il. Autre exemple : "quand FNE (France nature environnement) organise son congrès et invite les candidats à la présidentielle, ils y vont tous !" Et finalement, "quand on parle d'énergie, des prix du carburant, des OGM...tout ça, c'est de l'écologie", souligne l'avocat.

    Selon Arnaud Gossement, il est cependant difficile "d'articuler écologie et présidentielle". La véritable difficulté portant sur la personnification de l'élection présidentielle. Or, "la personnification est refusée chez les Verts -ils n'ont pas un Nicolas Sarkozy ou un François Hollande- et c'est ce qui leur nuit".

Du rab sur le Lab

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