La contre-attaque des sarkozystes contre Patrick Buisson et son livre incendiaire

Publié à 09h20, le 28 septembre 2016 , Modifié à 10h41, le 28 septembre 2016

La contre-attaque des sarkozystes contre Patrick Buisson et son livre incendiaire
Brice Hortefeux, François Baroin, Rachida Dati et Laurent Wauquiez © Montage Le Lab via AFP

Il leur aura fallu un jour. 24 heures après la publication des bonnes feuilles du livre de Patrick Buisson, dans lequel cet ancien conseiller déchu de Nicolas Sarkozy publie des propos pour le moins gênants attribués à l'ancien Président, les soutiens de ce dernier sortent du bois en meute pour donner la réplique. Et celle-ci est des plus cinglantes. 

> À lire : Les nouvelles *amabilités* de Buisson sur Sarkozy et Hollande

Mercredi 28 septembre, plusieurs des principaux lieutenants du candidat à la primaire se pressent sur les plateaux des matinales télé et radio. Avec des mots différents et se voulant tous plus durs les uns que les autres, ils délivrent un message simple : toute ces pseudo-révélations ne sont que des mensonges proférés par un homme en quête de "vengeance" (à la moralité contestable qui plus est) et Nicolas Sarkozy s'en moque totalement.

# François Baroin et "les méthodes de la Stasi"

L'un des premiers à dégainer est François Baroin, désigné à l'avance comme futur Premier ministre en cas de victoire de l'ancien chef de l'État en 2017. Sur RTL, le sénateur de l'Aube compare Patrick Buisson, tombé en disgrâce après qu'il a été révélé qu'il avait enregistré des conversations privées de Nicolas Sarkozy, à la police politique du régime communiste de l'ex-Allemagne de l'Est :

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- François Baroin : Le crédit que j'accorde à ce personnage, à ses méthodes empruntées à la Stasi, à ses convictions issues de Maurras...



- RTL : À la Stasi ?



- François Baroin : À la Stasi. Vous savez, quand on écoute les autres, la vie des autres [référence à un film sur le sujet, ndlr] et qu'ensuite on essaye de rechercher les familles qui ont aspiré à la liberté, eh bah ces méthodes-là, moi le crédit que j'accorde à ce personnage, il peut dire n'importe quoi n'importe comment, dans n'importe quel bouquin, dans n'importe quelle interview, ce crédit il est entre zéro et moins l'infini. Ça ne m'intéresse pas.

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Lui qui est bien loin de la fameuse "ligne Buisson", fameuse orientation droitière de Nicolas Sarkozy, estime encore que tout ce qu'écrit le patron de la chaîne Histoire "n'a strictement aucune importance". "Monsieur Buisson a disparu, ses idées funestes je l'espère aussi et comme je l'ai toujours combattu, je ne m'en occuperai pas et je m'en moque complètement", renchérit l'ex-ministre de l'Économie et du Budget. 

# Laurent Wauquiez : "racontards" et "point de non-retour"

Place ensuite au président (par intérim) de Les Républicains, propulsé à ce poste par Nicolas Sarkozy. Sur BFMTV, Laurent Wauquiez affirme que "dans ce livre, c’est la haine qui l’a emporté sur la vérité". Il dit :

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C'est un tissu de racontards, de pseudo conversations privées. Un règlement de comptes qui n’a pas d’intérêt. Derrière, c’est une histoire personnelle. Il était dans les équipes de 2007, qui a trahi la confiance de Nicolas Sarkozy. Il règle ses comptes.

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Fin 2014, le même Wauquiez assumait totalement de continuer de consulter le dénommé Buisson Patrick pour qui il avait "de l’estime", vantant sa capacité à "agiter des idées". Il dit aujourd'hui ne plus l'avoir vu depuis deux ans. "J’avais du respect pour la mécanique intellectuelle du personnage. J’ai des différences profondes avec lui", explique-t-il. Il ajoute qu'avec ce livre, son histoire avec Patrick Buisson est définitivement terminée :

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Là, ce n’est plus ça qui est en cause. ce sont des petites phrases, petites anecdotes, petites attaques. C'est un point de non retour pour moi qui a été franchi, parce que la haine l’a emporté. Tout ça l’abaisse.

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Vrai ou pas, ce qu'il écrit dans son bouquin ? "Je n’y étais pas", élude le président de la région Rhône-Alpes-Auvergne.

# Rachida Dati : "vengeance" et "aigreur"

L'ancienne ministre de la Justice du quinquennat Sarkozy n'est pas en reste. Sur Franceinfo:, Rachida Dati dénonce la "vengeance" d'un homme "aigri" et "amer" qui voudrait "se faire passer pour la victime" :

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Ce qui me gêne, c’est que Patrick Buisson se fait passer pour la victime de Nicolas Sarkozy, quand on sait qu’il a été condamné qu’il est encore poursuivi, que c’était quelqu'un qui était très intéressé et très affairiste quand on voit son histoire… Qu’il se venge, qu’il soit aigri et très amer de ce qui lui arrive, sans doute. Aujourd’hui, c’est tellement facile de charger Nicolas Sarkozy.

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"Les propos tenus ont été démentis donc les crédits accordés à la personne sont quasi nuls", ajoute l'ex-Garde des Sceaux en référence à un démenti de Paris Match. Patrick Buisson affirme que le magazine avait été prévenu, en mars 2006, que des émeutes allaient se produire à Paris lors d'une manifestation anti-CPE. Des débordements que le ministre de l'Intérieur d'alors aurait sciemment laissé se produire, toujours selon l'ex-conseiller.

# Brice Hortefeux : déjà-vu et "ridicule"

Il est le plus proche des proches de Nicolas Sarkozy. Pour Brice Hortefeux, ce livre et son contenu n'auront "aucune conséquence" politique. Sur RTL mardi soir, le vieil ami du candidat à la primaire et eurodéputé avait expliqué que cette méthode a un petit air de déjà-vu :

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C'est un classique. Certains conseilleurs, à l'issue de leur mandat, de leur fonction, pour des raisons multiples, cherchent à nuire à celui auprès duquel ils ont travaillé. On a connu ça avec un conseiller d'Édouard Balladur qui avait fait un livre à charge.

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L'ex-ministre de l'Intérieur mentionne aussi le bouquin de l'ex-conseiller démissionnaire de Myriam El Khomri, ministre du Travail. Pierre Jacquemain y accuse son ancienne patronne, ainsi que François Hollande et Manuel Valls, d'avoir "tué la gauche". "Dans ce genre d'ouvrages, il y a une succession d'informations dont la véracité est impossible à vérifier", ajoute Hortefeux, qualifiant ces révélations de "ridicules".





[BONUS TRACK]

Gérard Larcher, lui, est interrogé sur une phrase qui le concerne, dans le livre de Patrick Buisson. Nicolas Sarkozy s'y voit prêter ce propos au sujet de l'actuel président (LR) du Sénat, au moment de la composition du gouvernement en 2007 : 

 

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Je sais bien que je suis le Tom Cruise du pauvre, mais enfin Gérard Larcher ministre, ce n'est pas possible : il est trop laid ! Tandis qu'avec Rachida [Dati] et Rama [Yade] on va leur en mettre plein la vue.

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Sur iTélé ce mardi, le sénateur des Yvelines et soutien de François Fillon pour la primaire commence par s’esclaffer à l'évocation de ce commentaire des plus désobligeants. Puis il condamne lui aussi la méthode de l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy :

 

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En tout cas, le livre de Patrick Buisson, [...] c'est pas ma conception de la politique. Ma conception de la politique, c'est tout à fait autre chose, c'est le débat d'idées, les propositions. Au fond c'est lamentable, c'est méprisable et je n'irai pas plus loin. C'est donc mon mépris pour des propos comme tenus dans le livre de Patrick Buisson.

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"Ce fut un mauvais conseiller, en plus déloyal. Je considère que Patrick Buisson est un homme déloyal", conclut Gérard Larcher.

Du rab sur le Lab

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