Tollé ce jeudi 19 mai au conseil régional d'Île-de-France. Latifa Ibn Zlaten et Samuel Sandler, deux parents de victimes de Mohammed Merah, étaient présents dans l'hémicycle. Ils étaient venus parler d'un cycle de conférences sur le terrorisme que souhaite mettre en place la région dans les lycées, raconte France 3 Paris – Île-de-France.
Les élus régionaux étaient tous debout après les témoignages des deux parents. Enfin presque. Comme l'a relayé le compte de soutien de Valérie Pécresse @avecValérie, l'élue Europe Écologie – Les Verts Bénédicte Monville est ostensiblement restée assise. Une manière pour elle de marquer son opposition face à une initiative qu'elle juge "pathétique", rappelant par la même occasion la définition du mot.
Hémicycle debout après les témoignages de S. Sandler & @Latifa76300. Seule @BenMonville EELV reste assise #LycéesIDFpic.twitter.com/PuQHfJ7K5Q
— J'ai choisi Valérie (@avecValerie) 19 mai 2016
Voici ce qu'a déclaré Bénédicte Monville, selon des propos rapportés par EELV dans un communiqué :
"Mme la présidente [Valérie Pécresse, ndlr], penser un phénomène aussi grave et complexe que le terrorisme devrait nous interdire toute approche trop simpliste or c’est malheureusement ce que vous nous proposez ici. Pensez le terrorisme, si vraiment c’était votre objectif, devrait vous amener à ne surtout pas vous limiter à proposer des témoins directs dont les affects et leur énonciation pathétique (rappel de la définition de ce mot : 'qui émeut fortement, dont l’intensité dramatique provoque un sentiment de tristesse grave') peuvent certes avoir une fonction édifiante mais à condition qu’ils s’accompagnent d’une démarche intellectuelle critique menée par des enseignants du secondaire et des chercheurs en sciences sociales et humaines. Sinon, nous risquons au contraire de plonger les lycéen.ne.s auxquelles nous nous adresserons dans une sidération rarement propice à la réflexion.
[…]
Le terrorisme ne se limite pas à la forme particulière qu’il prend aujourd’hui dans notre société. Ses victimes et toutes ses victimes sont également dignes que nous nous battions pour mettre fin à ces formes odieuses de lutte et aux systèmes sociaux et politiques qui les nourrissent.
"
Un élu fait toutefois savoir au Lab que la définition du mot "pathétique" n'a pas été prononcée au sein du Conseil régional :
@leLab_E1 contrairement à ce qui est sous-entendu dans le communiqué EELV, l'explication entre parenthèses n'a pas été prononcée bien sûr...
— Othman Nasrou (@othmannasrou) May 19, 2016
Reste que ces propos ont fait bondir le groupe LR au Conseil régional d'Île-de-France. Son président Thierry Solère dénonce ainsi dans un communiqué des propos "indignes d'une élue de la République" et lui demande de "s'en excuser publiquement".
Le groupe EELV s'est aussi fendu d'un communiqué. Mais lui, à l'inverse de celui de LR, défend Bénédicte Monville en reprenant peu ou prou l'argumentaire de l'élue :
"Le groupe EELV&A a été touché par les interventions de ces grands témoins. Toutefois, tomber dans une politique simpliste à vocation médiatique, comme elle le fait, ne nous paraît pas acceptable. Cette présentation faite par la présidente de Région oublie la complexité des causes du terrorisme, du phénomène de radicalisation chez les jeunes et enfin des effets dévastateurs des réseaux sociaux utilisés par les sectaires terroristes pour manipuler la jeunesse.
"
Le FN apporte également son soutien à l'élue EELV, rapporte France 3 Paris – Île-de-France. "Notre collègue d'Europe-Ecologie n'a pas dépassé les bornes", juge ainsi l'élu frontiste Jean-Lin Lacapelle.
Interrogée par France 3 Paris – Île-de-France, Bénédicte Monville a maintenu ses propos, dénonçant "la proposition de Valérie Pécresse qui retire absolument toute sa complexité au phénomène du terrorisme, qui la réduit à l'expression de témoins directs, qui est certes absolument importante parce qu'elle est édifiante pour nos lycéens, mais qui n'est pas suffisante". Pour l'élue EELV, il faut également comprendre quels sont les "systèmes politiques et sociaux qui génèrent des phénomènes" terroristes.
Elle a ajouté :
"Ce à quoi on a assisté ce matin, c'est de la mise en scène, du théâtre, c'est de la communication. Pour moi, l'expression indignée de Madame Pécresse, cela relève du théâtre parce qu'elle n'a pas écouté ce que je disais.
"