La réaction désinvolte et systématique de Sarkozy et son camp à chaque rebondissement judiciaire

Publié à 09h47, le 06 septembre 2016 , Modifié à 20h34, le 06 septembre 2016

La réaction désinvolte et systématique de Sarkozy et son camp à chaque rebondissement judiciaire
Nicolas Sarkozy © AFP

DÉJÀ-VU - Pour résumer les arguments des soutiens de Nicolas Sarkozy lorsqu'on évoque ses soucis judiciaires, on pourrait écrire ceci : ce complot politique pour l'abattre - mais aussi pour masquer les échecs et les affres du pouvoir socialiste - est scandaleux mais échouera, car comme à chaque fois qu'on le soupçonne, il bénéficiera d'un non-lieu. Fermeté, indignation, rappel de la présomption d'innocence : les éléments de langage sont calibrés et répétés en boucle. Et puis il y a d'autres propos du patron et certains de ses proches, un peu plus relâchés et laissant entrevoir un brin de désinvolture quant à ces affaires.

Dans Le Parisien mardi 6 septembre, on apprend la réaction de l'ancien chef de l'État lorsqu'il a pris connaissance de son possible renvoi en correctionnelle dans l'affaire Bygmalion. Une nouvelle qui lui est parvenue en pleine réunion de campagne, à son QG. Nicolas Sarkozy a d'abord fait comme si de rien n'était, ne changeant rien à l'ordre du jour de la discussion ni à ses rendez-vous de la journée. Puis, en sortant et en regagnant son bureau, il a "marmonné" selon le quotidien :

 

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J'en ai vu d'autres.

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Sous-entendu : une de plus ou une de moins, finalement...

C'est exactement dans les mêmes termes que Frédéric Péchenard avait réagi, en mars, à la décision de la Cour de cassation sur la validité des écoutes qui avaient valu à Nicolas Sarkozy une mise en examen pour "corruption active" et "trafic d'influence actif". Très proche collaborateur de l'ex-Président, l'actuel directeur général de LR avait dit :

 

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Il est très serein. Il en a vu passer d'autres...

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Sous-entendu : ça devient une habitude.

En mars 2015 déjà, son entourage développait la même réflexion au sujet d'une prochaine convocation du patron devant les juges, en vue d'une possible mise en examen dans l'affaire des pénalités liées à sa campagne de 2012. On ironisait alors :

 

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Ça devient de la routine...

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Sous-entendu : business as usual.

Et donc voici notre astuce du jour. Chaque fois que vous verrez passer ce genre de déclarations de la part de Nicolas Sarkozy ou ses proches au sujet des affaires, vous aussi prenez un air détaché et jouez l'indifférence en soufflant, dans un sourire : "On en a vu d'autres..."



[EDIT 20h30]

Lors d'un meeting à Poissy (Yvelines) sur le thème de l'éducation, Nicolas Sarkozy a développé cet argumentaire, pour sa première réaction publique aux réquisitions du parquet de Paris. L'ex-chef de l'État a assuré, à propos de l'affaire Bygmalion :

 

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Aucune polémique, aucune manœuvre, aucune manipulation aussi honteuse soit-elle, ne me détournera d'un centimètre de ma volonté absolue de construire [l'alternance en 2017].

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"J'aime les gens qui ont connu des hauts et des bas, qui ne se sont pas plaint, qui ont serré les dents", a affirmé le candidat à la primaire de la droite. Avant de démarrer son discours, Nicolas Sarkozy a expliqué que "dans la vie, on ne fait rien sans courage". "Je pense que dans le mode de vie français, dans l'identité française, il y a cette idée extrêmement forte que [...] le bonheur, c'est chaque fois qu'on surmonte une épreuve", et qu'on a "la satisfaction" de se dire "j'ai surmonté cette épreuve", a-t-il assuré.

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