BÉTON - Depuis des semaines, la classe politique française se passionne et se déchire pour un débat rhétorique dont elle a le secret : faut-il déchoir de leur nationalité les binationaux nés français condamnés pour terrorisme ? Depuis, ça parle à droite, ça parle à gauche, ça parle à l'extrême droite et ça parle à l'extrême gauche. De son côté, le gouvernement avance dans un sens puis recule dans l'autre, maniant parfois le flou avec talent .
Pour certains élus, pourtant, le débat est simple. Ainsi, le député PS Denys Robiliard a déposé un amendement au projet de loi de réforme constitutionnelle "Protection de la Nation" . Cet amendement, somme toute assez simple, propose de supprimer l'article 2 du projet de loi sur la déchéance de nationalité.
Et, pour justifier cette suppression, le député du Loir-et-Cher a un argument imparable :
"Parce que la France c’est l’égalité.
"
Voilà. C'est tout.
Cet argument montre que, dans l'esprit de Denys Robiliard – comme chez de nombreux autres élus – la déchéance de nationalité des binationaux créerait deux catégories de citoyens français. Une démonstration à laquelle n'est pas du tout sensible Manuel Valls qui s'insurgeait, fin décembre, contre cette partie de la gauche qui "s'égare au nom de grandes valeurs" .
Mercredi 3 février, plusieurs socialistes se sont à nouveau levés contre l'article 2 de la réforme constitutionnelle. Puisque la déchéance ne saurait être prononcée si elle créé un cas d'apatridie, elle ne peut concerner que les binationaux. Mais le président du groupe SRC à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, a assuré dans la journée qu'il n'y avait "plus de malentendu avec le gouvernement" sur la formulation de la déchéance de nationalité"…