DOCUMENT LAB – Bruno Le Maire va bien. Certes, les sondages pour la primaire de la droite ne lui sont pas très favorables, à peine 6% des intentions de vote au premier tour selon une enquête Ifop pour Atlantico en date du 14 octobre, ce qui le placerait, tout de même, juste devant Nadine Morano (5%). Mais cela ne semble pas le décourager.
L'ancien ministre fait déjà campagne. Un peu pour les régionales, surtout pour la primaire. Un document, que le Lab a pu consulter, a été envoyé courant octobre à chaque référent départemental du député de l'Eure. Intitulé "Les 10 commandements du référent #AvecBLM", il énumère les règles à suivre pour préparer au mieux l'échéance de novembre 2016. L'objectif est de permettre au futur candidat d'agrandir son réseau local et de récolter des fonds.
Voici par exemple ce que l'on peut lire dans le document :
"Une des clés d'une campagne électorale réussie est la maîtrise de l'information sur le terrain. […] Une campagne électorale se gagne également par la capacité à féliciter et valoriser les réussites personnelles. C'est pourquoi nous vous demandons d'être vigilants aux nouvelles élections et nominations qui concernent des personnalités locales. […] Merci également de nous signaler tous les événements privés pouvant susciter une intention personnelle de BLM : naissances, mariages, décès, maladie.
"
Le document met noir sur blanc les ambitions de Bruno Le Maire. L'un des commandements s'intitule : "La primaire tu anticiperas", ce qui paraît relativement clair. Il est par exemple demandé aux référents de rechercher des représentants du futur candidat "pour être présents dans chaque bureau de vote". Car cette primaire, il faut la gagner. Et cela ne se fera pas sans le soutien des élus locaux.
Le document ajoute :
"La primaire se gagnera par le soutien des parlementaires, des maires et des élus locaux. […] Pour ce faire, il est indispensable:
- De dresser la liste des élus de votre département par appartenance politique, en repérant spécifiquement les élus LR, UDI, Modem et DVD.
- Au sein des élus de droite et du centre, de dresser la liste des élus soutiens engagés, simplement favorables, neutres ou hostiles à BLM.
- De vous faire connaître des élus locaux et parlementaires de votre département. […]
- De soutenir les élus locaux et parlementaires dans les projets et leurs élections.
[...]
"
Les référents sont également invités à alimenter le fichier de militants ou élus susceptibles d'être intéressés par BLM, un fichier affectueusement surnommé "la grosse bête".
Et puisque l'argent est toujours le nerf de la guerre, Bruno Le Maire demande à ses référents de chercher d'éventuels donateurs. Avec ce conseil simple :
"Il ne faut pas voir peur de parler d'argent, cela n'a jamais effrayé un électeur potentiel. Au pire il ne donnera rien, au mieux vous obtiendrez une nouvelle contribution.
"
On apprend donc que "chaque réunion, chaque événement doit être l'occasion […] de faire un appel aux dons". Et le document de fournir tout un argumentaire pour convaincre les sympathisants de participer pécuniairement à l'effort. Un exemple ? "L’organisation BLM connait une formidable croissance" ou "si l’essentiel des troupes est bénévole, nous devons financer un QG à Paris avec quelques permanents".
Dans l'équipe du presque-candidat, on évalue à entre 1,5 et 2 millions d'euros le budget nécessaire pour faire campagne lors de la primaire.
Bruno Le Maire se prépare donc bien. Ce dont on ne se cache pas du tout dans son entourage. "Il n'a jamais caché qu'il organisait un micro-parti en développant le maillage territorial", déclare au Lab un proche de l'ancien ministre. Il ajoute :
"On ne s'est jamais caché que l'on préparait la primaire. Mais il n'est pas le seul à le faire. Sarkozy le fait chaque jour. Une primaire, ça se prépare. Tous ceux qui disent qu'ils vont se présenter mais ne font pas ce travail préalable, c'est du bullshit.
"
Et ce proche de Bruno Le Maire d'assurer que cette préparation ne se fait pas "au détriment des régionales". Le document précise pourtant qu'il faut :
"Prendre prétexte des élections locales que sont les régionales pour recruteur à tour de bras et repérer les forces en présence en vue d'étoffer les troupes pour la primaire.
"
Le député de l'Eure n'a, il est vrai, jamais fait de mystères de ses intentions personnelles. Evidemment, son site explique que ses déplacements, plutôt nombreux en cette période pré-régionales, sont des marque de soutien aux "candidats de la droite et du centre aux régionales de décembre prochain". Mais le document transmis aux référents indique une réelle et autre ambition. La sienne.