Le gouvernement utilise les arguments qui l’arrangent pour justifier la dégradation de la France par Moody’s

Publié à 18h10, le 20 novembre 2012 , Modifié à 18h13, le 20 novembre 2012

Le gouvernement utilise les arguments qui l’arrangent pour justifier la dégradation de la France par Moody’s
Pierre Moscovici, le 20 novembre 2012. (Reuters)

Après la décision de Moody’s de dégrader la note de la France, le gouvernement s’est servi dans le communiqué de l’agence de notation pour présenter la dégradation de la note française sous un angle plutôt arrangeant.

Seuls 15% des mots de la décision de Moody’s sont ainsi positifs sur la politique économique menée par le gouvernement, selon le décompte effectué par Le Lab, tandis que les 75% restants sont un cinglant réquisitoire contre la situation économique de la france

 

  1. Bercy a eu accès au communiqué de Moody’s avant sa publication

    "C’est une décision dont nous prenons acte", ont expliqué à quelques heures d’intervalle Pierre Moscovici, ministre des Finances, et Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement. 

    Face à la dégradation de la note française par l’agence de notation Moody’s –rémunérée par l’Etat en tant que prestataire de service–, lundi soir, le gouvernement a coordonné sa communication. Et ce d’autant plus que Bercy a eu accès une douzaine d’heures avant la publication à la décision de l’agence, comme le révèle Le Monde, qui ne précise pas si le ministère y a apporté des retouches.

    Le gouvernement a alors orienté sa communication autour de deux arguments : la France reste une valeur sure ; et Moody’s sanctionne la politique des gouvernements précédents. 

    Mardi matin, sur France Inter, Najat Vallaud-Belkacem expliquait ainsi :

    C’est une décision dont nous prenons acte.
    Je veux relativiser la portée de cette décision, la France reste une valeur sure. Elle arrive deuxième position derrière l’Allemagne. Les investisseurs prêtent à al France dans des conditions très favorables depuis quelques mois. Et cela va durer.

    Et de rétorquer, interpellée par le journaliste de France Inter qui lui explique qu’il n’a pas assimilé l’analyse de Moody’s comme un blanc seing accordé à la France :

    J’ai lu sa décision en détail : Moody’s met en avant à notre actif à la fois la maitrise des comptes publics mais aussi le pacte national pour la compétitivité et la croissance. Ce qu’elle met  a contrario à notre passif, ce sont les risques sur la croissance en zone euro.

    Dans son communiqué de presse, diffusé lundi soir dès 23h30 à l’annonce de la dégradation de la note de la France, Pierre Moscovici insistait sur les mêmes arguments :

    Cette décision fait suite à la mise sous perspective négative de la note française, le 13 février 2012, et de celles d’autres grands pays européens, le 23 juillet 2012.
    Elle reflète l’insuffisance des gouvernements précédentsà redresser les comptes publics et la compétitivité de notre économie.

    Cette lecture faite par le gouvernement du communiqué de Moody’s est cependant partielle

    Certes, Moody’s accorde un léger satisfecit aux mesures prises par le gouvernement Ayrault. Mais les bons points donnés par l’agence à la France ne représentent qu’environ 15% de l’analyse livrée par Moody’s, soit 244 mots sur près de 1900 d’après le décompte du Lab.

    "Moody’s explique que la France reste très bien notée", peut-on ainsi lire dans ce communiqué. Et l’agence de développer, expliquant qu’il y a eu "un engagement fort pour des réformes structurelles et l’assainissement budgétaire, comme en témoignent les récentes annonces gouvernementales, qui peuvent, à moyen terme, atténuer certaines rigidités structurelles et améliorer la dynamique de la France contre sa dette."

    Surtout, l’agence souligne que l’ensemble de ce qu’elle considère comme positif dans la politique économique française est la ratification, décriée par une partie de la majorité, du TSCG. Un point sur lequel ni Pierre Moscovici, ni Najat Vallaud-Belkacem, n’insistent.

    En revanche, près de 75% de la décision argumentée de Moody’s s’avère être un cinglant réquisitoire contre la situation économique de la France et de la zone euro.

     

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