Le multiplex politique du 10 mai avec NKM, Bayrou, Le Guen et Paul

Publié à 17h40, le 10 mai 2015 , Modifié à 21h59, le 10 mai 2015

Le multiplex politique du 10 mai avec NKM, Bayrou, Le Guen et Paul
© Montage Le Lab via AFP

#MULTIPLEXPOLITIQUE - Au programme des interviews dominicales du 3 mai, Nathalie Kosciusko-Morizet dans BFM politique, Christian Paul dans 18 h Politique sur iTÉLÉ, François Bayrou dans Tous Politiques sur France Inter et Jean-Marie Le Guen dans Le Grand jury de RTL.

Comme chaque dimanche, le Lab se plie en quatre pour suivre ces différentes interviews et vous en propose ses morceaux choisis au fur et à mesure de la soirée.

>> Nathalie Kosciusko-Morizet sur BFMTV



# Too much

Ce fut LA passe d'armes de la semaine, entre Manuel Valls et Emmanuel Todd. En réponse à l'historien et géographe qui voit un "flash totalitaire" dans la manifestation du 11 janvier, le Premier ministre a publié une tribune dans Le Monde, jeudi 7 mai. Une démarche que la numéro 2 de l'UMP trouve "excessive" :

 

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- NKM : Je crois que Manuel Valls a réagi aussi vivement non pas par rapport à la question posée par Emmanuel Todd, "qui est Charlie ?", mais sur la thèse [selon laquelle] la gauche est bien éloignée de ses bases. Je parierais... Je crois qu'Emmanuel Todd a raison.



- BFMTV : Manuel Valls a été piqué au vif ?



- NKM : Oui, j'ai le sentiment de ça. Ça me paraît être la seule explication possible, pour expliquer une réaction aussi vive et excessive, dure et [qui] tourne d'ailleurs à la question personnelle.



- BFMTV : C'est de la boxe ?



- NKM : Un peu, par médias interposés.

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Auparavant, elle avait tout de même estimé que le Premier ministre avait "le droit de répondre, de s'investir dans le débat". Mais, elle qui considère que "la question posée par Emmanuel Todd est légitime et mérite mieux que des invectives" tout en ne partageant pas ses conclusions, a été "un peu agacée" par "cette façon qu'on a en France de sauter à la face des gens dès qu'ils posent des questions" dérangeantes.

# On peut parler de l'islam plus tard, svp ?

Après le congrès refondateur du 30 mai, au cours duquel doivent être adoptés les nouveaux statuts (et le nouveau nom) de l'UMP, le parti d'opposition organisera un certain nombre de "rendez-vous thématiques". Et la première de ces "conventions", prévue le 11 juin, portera sur le thème de l'islam et de la République. Ce qui est "une mauvaise idée", selon la députée de l'Essonne, qui ne veut pas que sa formation donne l'impression d'en faire le sujet prioritaire :

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Moi je trouve que c'est une mauvaise idée que ce soit la première convention, si cette date était maintenue, de la nouvelle formation politique. Ça a déjà été repoussé plusieurs fois donc je sais pas si ce sera maintenu à cette date-là, mais en tous cas, je trouve qu'avoir l'air de dire que le premier sujet, pour cette nouvelle formation politique, c'est la question de la relation entre la République et l'islam, c'est une mauvaise idée. Je l'ai dit.



C'est pas le seul sujet. Je souhaite et je pousse pour que la première convention soit sur les questions d'économie, d'esprit d'entreprise et d'emploi.

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De manière générale, Nathalie Kosciusko-Morizet trouve que "la question religieuse prend trop de place dans le débat public" :

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Je trouve qu'on a trop tendance à ramener notre identité à la question religieuse. 

 

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# Numéro 2 des "Républicains" ? Pas sûr...

Nommée au poste de vice-présidente de l'UMP par Nicolas Sarkozy après sa reconquête du parti, NKM sera-t-elle toujours à ce poste au sein de l'organigramme de ce qui devrait devenir "Les Républicains" ? À l'en croire, non seulement la question n'a pas été traitée avec le président du parti, mais elle attend de voir "les missions" qui lui seraient confiées :

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- NKM : Vous me croyez ou vous me croyez pas, c'est une discussion que je n'ai même pas eue avec Nicolas Sarkozy.



- BFMTV : Mais vous souhaitez rester numéro 2 ?



- NKM : Ça dépend des missions.

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Et Nathalie Kosciusko-Morizet d'expliquer simplement que sa mission de "rénovation du parti" l'a "vraiment intéressée". "C'est quelque chose que je souhaitais faire depuis longtemps", dit-elle. Trouvera-t-elle un autre intérêt à rester numéro 2 une fois cette étape franchie ?

>> François Bayrou sur France Inter / Le Parisien / France 3

# Lui président...

Comme la plupart des chefs d'État occidentaux, François Hollande n'a pas répondu à l'invitation de Vladimir Poutine, samedi 9 mai. Le président de la République n'était donc pas présent à Moscou pour célébrer le 70ème anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie, en signe de protestation notamment contre l'attitude du président russe dans le conflit ukrainien. Des responsables politiques français de tous bords ont dit leur "honte" devant ce choix de François Hollande.

Et François Bayrou, lui, s'y serait rendu. S'il avait été président, bien sûr. Il dit :

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À mon sens, la France aurait dû être là. Et si j'avais été dans cette responsabilité, c'est le choix que j'aurais fait. Parce qu'on peut avoir des dissensions, des affrontements, des tensions, des opinions divergentes, mais ça n'efface pas l'histoire.


 

[...] Je ne veux pas en faire une polémique mais je trouve que la France aurait dû être là parce que c'est son rôle de célébrer ceux qui ont aidé notre pays et la liberté dans ce drame historique à nul autre pareil.

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Le président du Modem ajoute : "Ce que la Russie a fait, ce que l'Union soviétique a fait pour gagner la guerre, c'est un tel sacrifice, c'est des millions de morts et des souffrances sans mesure qui ont participé au plus haut point au fait que le nazisme a été rayé de la surface de la terre, en tous cas nous l'espérons, pour toujours. [...] Quand le peuple russe célèbre le 70ème anniversaire des souffrances immenses qui ont été les siennes [...], nous qui avons été alliés dans cette période [...], il était à mes yeux légitime que nous soyons présents. Ça ne veut pas dire que nous n'aurions pas pu exprimer d'une autre manière notre désaccord avec ce qui se passe en Ukraine ou ce qui s'est passé en Crimée."

# Qui a le droit ?

"Ceci n'est pas une réforme, c'est une démolition. Il faut appeler les choses par leur nom et les dire de manière simple." En bon centriste, François Bayrou est un homme plutôt modéré. Sauf quand on lui parle de la réforme du collège et notamment de ce qui touche à l'enseignement du latin (auquel il est très attaché). Une réforme contre laquelle le maire de Pau s'est déjà élevé avec force.

Sur France Inter, il en remet une couche, estimant qu'"un certain nombre de disciplines, qui font partie de ce que nous avons reçu des multiples générations précédentes, des siècles précédents, de ce qui a fait la France ce qu'elle est, eh bien tout cela est en train d'être dispersé, traité pour quantité négligeable et supprimé contrairement à ce que la ministre de l'Éducation dit." Il ajoute :

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Je veux aller encore un peu plus loin m'adressant à François Hollande et à sa ministre de l'Éducation nationale. Je dis : 'Vous n'avez pas le droit de faire ça, parce que cette culture-là, ce socle culturel-là, il ne vous appartient pas. C'est pas vous qui avez le droit, aucun gouvernant n'a le droit de porter atteinte au socle culturel qui a fait de la France ce qu'elle est'. Aucun gouvernant n'a le droit de détruire les piliers de la maison que nous avons construite ensemble.

 

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Or, à son sens, cette "destruction" s'inscrit dans une "idéologie", portée par le gouvernement et qui consiste à "tourner la page du passé dont nous avons hérité". Il voit dans cette réforme l'expression de "l'idée" selon laquelle "plus on se débarrasse du poids de ce passé, plus nous pourrons défendre l'idée que nous sommes fils de nos œuvres, que c'est nous qui avons modelé le monde." "C'est la disparition de piliers de notre maison", a-t-il encore martelé.

>> Jean-Marie Le Guen sur RTL / Le Figaro / LCI



# I smell something fishy

Longuement interrogé, lui aussi, sur la réforme du collège, le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement a fini par *légèrement* s'emporter contre Bruno Le Maire. Le député UMP a sonné la charge contre cette réforme, avec notamment une pétition, signée par un grand nombre d'élus d'opposition, en faveur du retrait de ces mesures.

Et en voyant ça, Jean-Marie Le Guen flaire quelque chose :

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Moi je n'ai rien contre l'élitisme républicain. Ce que je n'aime pas, c'est l'académisme et l'esprit de caste. Et je peux vous assurer que l'esprit de caste, il est présent dans un certain nombre de prises de position. Par exemple quand je vois monsieur Le Maire, je sens la caste. Je sens le fait qu'il y a des gens qui conservent des privilèges au nom d'une certaine vision sociale. Et ça, la caste, c'est autre chose que l'élitisme républicain.

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"La caste"... un élément de langage que l'on est plus habitué à entendre dans la bouche de Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon.

Défendant ce qu'il présente comme une réforme "égalitaire", Le Guen a ajouté : "Il y a des réflexes de caste, il y a des gens qui défendent une école inégalitaire, une école qui se reproduit où les riches et les sachants enseignent des structures éducatives qui sont faites pour les riches et les sachants (sic)." Et de préciser encore un peu plus ce qu'il entend par "l'esprit de caste" de Bruno Le Maire :

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C'est quelqu'un qui est un responsable politique de plus haut niveau et qui, lorsqu'il s'agit de parler de l'avenir de l'école, ne défend que le latin et le grec qu'il a appris à Saint-Louis de Gonzague [lycée privé du XVIe arondissement de Paris, où le député UMP de l'Eure a étudié, ndlr] ! Non, ce n'est pas comme ça que l'on avance dans la société !

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# Rien à voir

Jean-Marie Le Guen est également revenu sur le "fichage" d'enfants par le maire de Béziers Robert Ménard (proche du FN mais pas encarté), selon leurs prénoms qui indiquent selon lui leur confession religieuse. Interrogé sur la prise de position de Manuel Valls en faveur des statistiques ethniques en 2009, le secrétaire d'État explique la "différence totale" entre de telles statistiques et ce "fichier" qu'aurait établi Robert Ménard (ce que l'intéressé dément) :

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Un fichier, c'est nominatif ; des statistiques, c'est anonyme. Voilà. Donc si vous voulez, la différence, elle est totale. Par ailleurs, c'est illégal. Quand c'est illégal, c'est illégal. Et quand c'est fait par un maire du Front national vis-à-vis de jeunes enfants présupposés musulmans, ce n'est pas bienveillant. [...] Est-ce que le mot 'pas bienveillant' convient pour un maire du Front national vis-à-vis de la population musulmane ? Je le crois.

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À son sens, la légalisation des statistiques ethniques en France "n'est pas à l'ordre du jour parce que, à tort, on fait le rapprochement entre statistiques ethniques et communautarisme. À tort au plan scientifique, mais ce rapprochement est suffisamment fort" pour qu'on ne l'autorise pas.

# Petit trolling du dimanche soir

Interrogé sur la confirmation par la justice des écoutes des conversations téléphoniques de Nicolas Sarkozy avec son avocat, Jean-Marie Le Guen a estimé que "quand on est ancien président de la République, et qui plus est qu'on veut le redevenir, il y a une façon de traiter le rapport avec la justice qui n'est pas très républicain ni très citoyen". Mais n'y voyez aucune référence au probable futur nom de l'UMP...

 

L'UMP chez qui, comme à l'accoutumée, un certain nombre de soutiens de l'ancien chef de l'État ont accusé le pourvoir d'instrumentaliser la justice contre leur champion. Et le secrétaire d'État les trolle allègrement :

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L'argumentation de Nicolas Sarkozy va au-delà de ce permet la loi aujourd'hui. J'attends que l'UMP propose un amendement à la loi sur le renseignement pour dire que les anciens présidents de la République ne doivent pas être écoutés, ce serait intéressant, on pourra avoir le débat.

 

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Sur le fond de l'affaire, Jean-Marie Le Guen dit ne pas avoir à faire de commentaire. Mais il commente tout de même :

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Le fait d'avoir un ancien président de la République qui commence à acheter des téléphones de façon clandestine est un peu bizarre. 

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>> Christian Paul sur iTÉLÉ



# Une fronde ? Quelle fronde ?

Christian Paul a déjà expliqué qu'il préférait le terme "d'éclaireur" à celui de "frondeur". Celui qui sera le chef de file desdits frondeurs au congrès du PS explique sur iTÉLÉ que "plus les semaines passent et plus le mot de fronde n'a plus le même sens. Parce que nous faisons des propositions. [...] Ça n'est pas une fronde".

D'ailleurs, même avant cette campagne en vue du congrès, il n'y a jamais eu de fronde, argumente-t-il :

 

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Je pense que nous avons exercé un devoir d'alerte qui était absolument indispensable après les défaites successives qu'a connues le PS. Ça n'était pas une fronde, au fond.

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On avait sûrement mal compris.

# My name is Paul, Christian Paul

Contrairement à Manuel Valls, le député de la Nièvre ne croit pas que "la gauche peut mourir". Il affirme :

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Moi je pense que la gauche ne meurt jamais. Parce qu'aussi longtemps qu'il y aura des des femmes et des hommes qui se battent pour l'égalité, qui osent défier le récit des puissants, la gauche existera. Elle est dans l'histoire de notre pays depuis plus de deux siècles, elle continuera.

 

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Alors on est vraiment désolés, mais on ne peut s'empêcher de penser à un titre de film de James Bond. Pardon. Vraiment.

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