Le secrétaire d’Etat Thierry Mandon recadre le Premier ministre Manuel Valls sur le voile à l’université

Publié à 09h23, le 13 avril 2016 , Modifié à 19h38, le 13 avril 2016

Le secrétaire d’Etat Thierry Mandon recadre le Premier ministre Manuel Valls sur le voile à l’université
© CRÉDITFRANCOIS LO PRESTI / AFP

MERCI MAIS NON MERCI - Manuel Valls est embêté. Favorable à une loi pour interdire le voile à l’université, il explique mercredi 13 avril dans une interview au journal Libération qu’il existe des "règles constitutionnelles qui rendent cette interdiction difficile". Le secrétaire d’Etat en charge de l’Enseignement supérieur Thierry Mandon n’est pas tout à fait sur la même ligne.

Si Manuel Valls dit avoir "beaucoup réfléchi sur ces questions", il a fallu beaucoup moins de temps à son ministre pour recadrer son patron. Invité de RTL mercredi 13 avril, Thierry Mandon a précisé qu’il n’était "pas utile de créer un problème là où il n’y en a pas". Il dit :

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Si j’ai l’occasion de lui en parler, je lui dirai qu’il n’y a pas besoin de loi. Ce que je vois sur le terrain, ce que me disent tous les présidents d’université, c’est qu’il n’y a pas de problème et que ce n’est pas utile de créer un problème là où il n’y en a pas.

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Quand le journaliste de RTL lui fait remarquer qu’il "y a beaucoup de professeurs qui sont inquiets de voir une affluence de plus en plus importante d’étudiantes avec des foulards sur la tête", Thierry Mandon en remet une couche. Il s’appuie cette fois sur la loi :

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Non, il n’y a pas de contagion du foulard. Il y a un état de la société et il y a des étudiantes qui, parce qu’elles sont adultes, ont tout à fait le droit de garder un foulard. Le foulard n’est pas interdit dans la société française. Vous allez à l’hôpital vous faire soigner, vous arrivez avec un foulard, on vous refoule pas. Et quand on est usager d’un service public, on a le droit d’avoir un foulard. On peut en penser ce qu’on veut mais ce droit existe. Je vous redis, il n’y a pas de problème […] Il n’y a pas besoin de ce texte.

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Si on résume la pensée de Thierry Mandon : l’interdiction du port du voile à l’université est un faux problème et, en plus, l’interdire serait illégal. Manuel Valls appréciera la leçon. 

[EDIT 10h55]

Le député PS Patrick Mennucci abonde dans le sens de Thierry Mandon. "Pourquoi ouvrir un débat qui n'existe pas", s'interroge-t-il sur son compte Twitter





[BONUS TRACK] "ISLAMOPHOBE"

Cette déclaration primo-ministérielle provoque donc des réactions courroucées jusqu'au sein du PS. Mais pas uniquement. Plus à gauche, l'UNEF, syndicat étudiant actuellement en première ligne sur la contestation de la loi Travail, sort la sulfateuse contre Manuel Valls, l'accusant d'"alimenter les fantasmes islamophobes". L'UNEF écrit dans un communiqué, ce mercredi :

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La laïcité est un principe qui garantit la liberté de conscience face à toutes formes d’endoctrinement ou de tutelle politique. La neutralité doit donc s’appliquer au service public et à ses agents mais en aucun cas imposer un code vestimentaire aux usagers majeurs que sont les étudiantes.



En considérant que le port du voile à l’université est un problème, le Premier ministre alimente les fantasmes islamophobes. Comme l’a rappelé l’Observatoire de la Laïcité, le service public d’enseignement supérieur est 'un lieu globalement respectueux de la laïcité'. Par la transmission de l’esprit critique et la mixité sociale et culturelle, les universités sont bien plus utiles à la laïcité que les discours autoritaires qui ciblent une religion en particulier ou les mesures comme l’interdiction du port du voile qui exclurait de facto des femmes de l’enseignement supérieur.

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Du rab sur le Lab

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