Islam, immigration... les ministres en opération déminage après les propos de Manuel Valls

Publié à 10h09, le 20 août 2013 , Modifié à 10h36, le 20 août 2013

Islam, immigration... les ministres en opération déminage après les propos de Manuel Valls

Sept ministres sur le gril. Au lendemain du séminaire gouvernemental, sept membres du gouvernement étaient invités sur les antennes des matinales pour un grand débriefing. Un SAV marqué par les propos de Manuel Valls rapportés par Libération et Le Parisien

Immigration, regroupement familial, place de l'Islam dans la République, ... selon les quotidiens, le ministre de l'Intérieur a créé un malaise à la table du gouvernement. 

Interrogés sur le sujet, Najat Vallaud-Belkacem, Stéphane Le Foll, Michel Sapin, Marisol Touraine, Pierre Moscovici et Manuel Valls lui même reviennent sur ces mots. Seul Thierry Repentin, invité de BFM Business a échappé à ces questions. 

Le Lab fait l'inventaire des différentes stratégies pour défendre l'unité du gouvernement. 

#1 NIER 

Je n'ai rien vu, rien entendu. C'est en substance la ligne de défense de la porte-parole du gouvernement. Invitée d'iTélé, Najat Vallaud-Belkacem assure ne pas "comprendre de quoi il s'agit" : 

J'ai participé à cette réunion, je n'ai pas entendu Manuel Valls tenir ce propos. Je sais que c'est aujourd'hui caricaturé de la sorte dans la presse mais de fait je vous dis il n'a pas tenu ce propos.

Selon elle, Manuel Valls est resté dans ses thématiques et a pris la parole sur les sujets que doit évoquer un ministre de l'Intérieur : 

Manuel Valls s'est exprimé sur son sujet de compétence, l'Intérieur, nous étions tous invités à nous projeter à horizon 2025 en particulier dans nos sujets de compétence.

(...) 

Il se trouve qu'il est ministre de l'Intérieur et qu'il a évoqué les flux migratoires. Je crois que c'est bien naturel de le faire. Et son propos n'a laissé sur le coup aucune gêne, aucun blanc, contrairement à ce que je lis ici ou là. 

(...) 

Il a en effet appelé l'ensemble des membres du gouvernement à avoir conscience des flux migratoires qui allaient se produire d'ici dix ans avec, on le sait bien, une jeunesse dans les pays d'Afrique qui a pour revendication d'accéder à un niveau de vie, de consommation. Et donc des chamboulements au niveau mondial.

#2 ACCUSER LES COLLEGUES 

Du côté de Michel Sapin, sur France Info, la tactique était plutôt : j'y étais, et je sais mieux que vous. Et surtout, je ne bavarde pas avec les journalistes après le séminaire. C'est un message implicite envoyé à ses collègues ministres qui ont pu raconter les coulisses de cette réunion à la presse. 

Vous y étiez ? Il était à côté de moi. J’écoute les gens et je ne parle pas à l’extérieur pour dire n’importe quoi.

Même type d'accusation chez son collègue Pierre Moscovici, interrogé par France Inter, qui ne partage pas l'idée que Manuel Valls aurait laissé planer un doute sur le fait que l'Islam soit compatible avec la République : 

Mais quand je lis que certains disent que Manuel Valls aurait laissé planer un doute sur le fait que l'Islam soit compatible avec la République : pas du tout. Ce qu'il a dit c'est exactement le contraire. Il a dit : nous allons montrer, nous sommes en train de montrer, que l'Islam est compatible avec la République.

Manuel Valls lui même, sur BFM TV, s'interroge sur les collègues qui voudraient lui nuire en faisant sortir ce genre d'information des réunions du gouvernement : 

Ce qui est gênant, c’est qu’il y ait ce genre d’informations, de propos déformés qui sortent du conseil des ministres et qui ne cherchent qu’à nuire.

#3 CRITIQUER LA PRESSE 

Sur la compatibilité de l'Islam avec la République, Stéphane Le Foll, sur Europe 1, critique les "interprétations" de la presse. Pour lui le problème n'est pas ce qu'a pu dire Manuel Valls, qui a répété la position de François Hollande, selon le ministre de l'Agriculture, mais les extrapolations du Parisien et de Libération

C’est une interprétation qui est faite par Libération et Le Parisien parce qu’il a dit, je me souviens j’étais pas loin de lui, que, dans le sens de ce qu’a dit le président de la République, il faut que l’Islam soit compatible avec la démocratie. Là, ce sont des commentaires et des extrapolations qui ne sont pas ce qui a été le fond de la pensée de Manuel Valls comme moi je l’ai entendue.

#4 EXPLIQUER QU'IL A ÉTÉ LANCÉ PAR FABIUS 

Sur la démographie de l'Afrique, Stéphane Le Foll explique que la réflexion a d'abord été lancée par Laurent Fabius, dans son introduction. "Il y a eu les propos sur l’immigration, anticipés par le fait que Laurent Fabius dans sa présentation générale avait bien précisé que l’Afrique allait connaitre une démographie extrêmement importante", a-t-il justifié.

Et Manuel Valls, je confirme, a dit que, sur la base de ce qu’avait dit Laurent Fabius, qu’il y avait une question qui devait être posée sur la question de l’immigration et de la politique migratoire.

Le premier flic de France indique lui aussi que le ministre des Affaires étrangères a mis le doigts sur cet aspect : 

Et dans les grandes évolutions du monde il y a évidemment la démographie : 8 milliards d’habitants sur la planète, 2 milliards en ce qui concerne l’Afrique. Les changements impliquent des changements sur le plan alimentaire, des transports, économique, éducatif et sur le plan migratoire. Et Laurent Fabius lui-même a rappelé ses chiffres, c’est lui qui les a donnés ! Près de 2 milliards en Afrique.

#5 PARLER DU FOND 

"Pour ma part, je ne crois pas que la mise en cause du regroupement familial soit une manière de faire vivre notre cadre cadre républicain". C'est ce qu'a affirmé Marisol Touraine, sur France 2, se contentant de revenir sur le fond des propos du ministre de l'Intérieur et sur un sujet qui peut concerner son portefeuille ministériel.

Et la ministre de la Santé et des Affaires sociales se démarque pour l'occasion de son collègue. Lui a estimé que la "question du regroupement familial pourrait être revue".

Ivan Valerio (avec Delphine Legouté et Sébastien Tronche).

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