Les miracles de l’Assemblée : quand UMP et PS votent de concert un "amendement enjoliveur"

Publié à 18h12, le 13 septembre 2012 , Modifié à 19h21, le 13 septembre 2012

Les miracles de l’Assemblée : quand UMP et PS votent de concert un "amendement enjoliveur"
L'Assemblée nationale, le 11 septembre 2012. (Maxppp)

TRANCHE DE VIE A L’ASSEMBLEE – Tous les amendements ne sont pas forcément politiques. Il en existe des rédactionnels ou "enjoliveurs" qui donnent parfois lieu à des débats surprenants et souriants dans l’Hémicycle.

 

  1. "La portée historique de cet amendement n’échappant à personne..."

    Dans l’Hémicycle de l’Assemblée nationale, les débats prennent par moments des tournures plus légères. Notamment autour des amendements dits "rédactionnels" ou parfois appelés "enjoliveurs".

    "Spécialiste" de ces amendements, le député UMP des Yvelines, Jean-Frédéric Poisson, en a déposé un le 7 septembre sur le projet de loi créant les emplois d’avenir.  

    Cosigné par 19 députés, cet amendement est qualifié "d’enjoliveur" comme seul exposé des motifs. Il propose, "à l’alinéa 8", de "substituer au mot « ayant » les mots « bénéficiant de »". 

    Mercredi 12 septembre, le projet de loi était discuté en séance publique. Vint alors la discussion de l’amendement 68, à l’exposé "sommaire, certes, mais stimulant", dixit, amusé, le président de séance. 

    "Le Gouvernement donne donc un avis extrêmement favorable à cette proposition extrêmement importante", sourit le ministre du Travail Michel Sapin en conclusion de cette séquence. 

    Retranscrit dans le compte-rendu disponible sur le site de l’Assemblée nationale, nous vous livrons l’intégralité de ce passage :

    « M le président. La parole est à M. Jean-Frédéric Poisson, pour soutenir l'amendement n°68.

    Je vous invite à lire l’exposé sommaire – sommaire, certes, mais stimulant !

    M. Jean-Frédéric Poisson. C’est en effet un amendement « enjoliveur », monsieur le président, puisqu’il a pour objet d’améliorer la rédaction du texte.

    La portée historique de cet amendement n’échappant à personne, je vais arrêter là sa présentation. (Sourires.)

    M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

    M. Jean-Marc Germain, rapporteur. La commission a jugé que cet « amendement enjoliveur » enjolivait effectivement le texte, et l’a donc accepté.

    M. Jean-Frédéric Poisson. Vous êtes trop bon, monsieur le rapporteur !

    M. le président. Quelle ouverture à l’opposition ! La confirmerez-vous, monsieur le ministre ?

    M. Michel Sapin, ministre. Monsieur le président, je souhaite me lever afin de souligner tout l’intérêt de cet amendement, parce que mieux rédiger la loi permet de la rendre plus accessible, et il est essentiel qu’elle le soit ! Le Gouvernement donne donc un avis extrêmement favorable à cette proposition extrêmement importante. (Sourires.)

    M. le président. La parole est à M. Jean-Frédéric Poisson, pour un mot de remerciement, sans doute…

    M. Jean-Frédéric Poisson. Eh oui, monsieur le président. Je remercie solennellement M. le ministre pour les paroles agréables qu’il a eues à mon égard, et je remercie également mes collègues de la majorité de bien vouloir participer à cette fête, unique en ce lieu !

    (L'amendement n° 68 est adopté.) 

    Jean-Frédéric Poisson est un récidiviste. Le 22 juillet dernier, lors des discussions sur le projet de loi relatif au harcèlement sexuel, le député avait déjà déposé un tel amendement, refusé cette fois-ci. 

    Voilà comment Jean-Frédéric Poisson le présentait alors en séance :

    Cet amendement appartient à une nouvelle catégorie, que je baptise amendements enjoliveurs.

    Un exposé qu’il achevait en justifiant ce qualificatif :

    Cela enjolive un peu la formulation. Ayant été malheureux, monsieur le président, en qualifiant de rédactionnel mon amendement précédent – qui était de même nature –, je tente ma chance en le qualifiant autrement.

    Billet  né d'un tweet de @authueil qui a repéré l'amendement.

Du rab sur le Lab

PlusPlus