Valls rouvre (un peu) le débat sur les statistiques ethniques clos en février par…Hollande

Publié à 18h44, le 06 mars 2015 , Modifié à 18h49, le 06 mars 2015

Valls rouvre (un peu) le débat sur les statistiques ethniques clos en février par…Hollande
Manuel Valls en plein forme à l'Assemblée © LOIC VENANCE AFP

On les croyait enterrées. C'est du moins ce qu'avait bien fait comprendre François Hollande lors de sa dernière conférence de presse. Alors qu'on lui demandait s'il fallait mettre en œuvre des statistiques ethniques pour lutter contre le chômage dans les quartiers, le chef de l'État avait été limpide :

La France aime bien les débats qui ne servent à rien.

 

Ce débat sur les statistiques ethniques, de l'aveu même du président, "n’apporterait rien", donc. Circulez. Merci.

Mais tel n'est pas l'avis de Manuel Valls.

Vendredi 6 mars, le Premier ministre a rouvert cette discussion. Lors d'une conférence de presse de présentation du plan gouvernemental "Egalité et citoyenneté", Manuel Valls a répondu à une question d'un journaliste sur les statistiques ethniques. Et s'il ne s'est pas déclaré totalement favorable à ce type de mesures, il a bien fait comprendre que, selon lui, elles n'étaient pas tout à fait inutiles. Il a dit :

La question des statistiques ethniques est toujours très compliquée. D'abord elle se heurte, quand on l'aborde ainsi, à nos conceptions, à nos valeurs et aux principes déjà énoncés par le Conseil constitutionnel. Ce sont des débats qui sont ouverts.



L'une des ministres nous rappelait tout à l'heure que sans des statistiques précises sur la question des sexes jamais nous n'aurions pu avancer dans cette lutte - qui est loin d'être terminée - pour l'égalité entre les femmes et les hommes.



Le gouvernement avec les spécialistes, les experts, les sociologues, les géographes, est prêt à avancer sur toute réflexion qui reste dans un cadre constitutionnel. Le parlement a déjà beaucoup travaillé sur ce sujet-là mais sur le fait d'avoir davantage d'outils qui nous permettent de mieux lutter contre les discriminations, je pense qu'il faudra de toute façon avancer.

Manuel Valls ne se prononce donc pas en faveur de l'utilisation des statistiques ethniques. Il rouvre néanmoins le débat clôt début février par François Hollande. Lors de sa conférence de presse, le président de la République avait estimé que ces statistiques étaient inutiles.

"Nous pouvons regarder ce qui se passe par rapport à des lieux de vie. Pas besoin de faire des statistiques ethniques. Regardez où vivent un certain nombre de nos compatriotes et vous verrez les problèmes de chômage, de scolarité, de réussite, voire même la capacité à créer une entreprise", avait-il déclaré.

Comme le rappelait le Monde le 5 février, les statistiques ethniques sont interdites en France par la loi du 6 janvier 1978. Les quelques exceptions qui existent sont autorisées par la Commission nationale informatique et liberté.

Du rab sur le Lab

PlusPlus