Mariage homo : le rapporteur de la loi Taubira répond à l'évêque de Bayonne qui y voit un "projet totalitaire"

Publié à 21h59, le 22 mars 2013 , Modifié à 10h40, le 23 mars 2013

Mariage homo : le rapporteur de la loi Taubira répond à l'évêque de Bayonne qui y voit un "projet totalitaire"
Le député socialiste Erwann Binet et l'évêque de Bayonne, Marc Aillet. (Photos MaxPPP)

DOCUMENTS - Après la lettre du rapporteur de la loi Taubira au Sénat refusant d'auditionner Frigide Barjot, voici venue la lettre de l'autre rapporteur de cette même loi, cette fois-ci à l'Assemblée, en réponse à un appel à la manifestation du 24 mars contre le mariage homosexuel lancé par l'évêque de Bayonne.

Episode 1 - Monseigneur Marc Aillet, c'est son nom, a en effet envoyé à ses diocésains le 13 mars et fait mettre en ligne sur le site du diocèse de Bayonne une missive de remobilisation après la première manifestation du 13 janvier.

L'évêque basque commence par évoquer la "béatitude des doux" de Saint-Paul avant de passer aux choses sérieuses : 

Il semble bien que l’on soit engagés dans une "guerre idéologique" qui entend procéder à la déconstruction de la société et à la déstructuration de la personne humaine, jusqu’à détruire son lien constitutif au Créateur, pour hâter l’avènement d’un "homme nouveau".

Ou encore, quelques lignes plus bas, en citant pêle-mêle  les "mesures visant à faciliter l’accès des femmes à l’IVG", les "salles de shoot" et la "légalisation programmée de la procréation médicalement assistée" :

Ce projet totalitaire n’a d’autre objectif que d’imposer à l’ensemble de la société une politique hélas synonyme de "culture de mort".

Alors, face à ce "projet totalitaire" et tout en reconnaissant que "les déclarations de certains porte-paroles de la "manif pour tous' ne sont pas toujours ajustées", l'évêque de Bayonne "encourage les fidèles du diocèse qui le décideront en conscience et en auront la possibilité, à se rendre à Paris le 24 mars".

Un document à lire intégralement ci-dessous : 

Episode 2 - La suite de l'histoire est racontée au Lab par Colette Capdevielle. La députée socialiste des Pyréenées Atlantiques indique qu'un "paroissien très énervé" lui a envoyé ce document.

Marc Aillet est pour elle une vieille connaissance :

Je le connais bien. Il m'avait invité à dîner pour parler des sujets de société. Puis il avait tout répété dans la presse, en déformant partiellement mes propos, ce que je n'avais pas trouvé élégant.

Cette guéguerre locale entre une députée socialiste et un évêque - notamment critiqué pour avoir été l'initiateur d'un colloque "pro-vie" - prend aujourd'hui une ampleur nationale, quelques jours avant la manifestation du 24 mars, avec l'apport du paraphe d'Erwann Binet, député socialiste de la 8ème circonscription de l'Isère et rapporteur de la loi à l'Assemblée.

Colette Capdevielle explique en avoir discuté avec son collègue en marge d'une réunion de la commission des lois dont ils sont membres tous les deux : 

Quand on a vu la lettre de Marc Aillet, on s'est dit avec Erwann que nous avions vraiment affaire à un évêque intégriste.

Et que nous pouvions pas laisser passer des expressions comme "projet totalitaire".

Alors, nous aussi, on a pris la plume.

Un argumentaire de défense de leur réforme mis simultanément en ligne jeudi 21 mars sur les blogs des deux députés - ici et - dans lequel on peut notamment lire la dénonciation d'une "litanie victimaire".
 
Selon les deux élus, les raisons de cet appel à manifester sont "quelques peu décalées et outrancières".
 
 
Et ils concluent : 
 

Votre courrier est pétri de certitudes. A aucun moment le doute ne vous anime. Vous exigez de vos "ennemis" une écoute et une compréhension que vous-même, vous leur refusez.

Sans doute certains de vos fidèles vous suivront pour commencer la semaine sainte par un "combat" qui refuse l’Egalité à une partie de la population. Nous espérons pour notre part, qu’ils seront le moins nombreux possible.

Une lettre à lire ci-dessous :
 
 

900 bus venus de toute la France sont attendus dimanche 24 mars au bois de Boulogne où les opposants au mariage homosexuel, à défaut de pouvoir défiler sur les Champs-Elysées, marcheront de l'Arche de la Défense à l'Arc de Triomphe, en passant par l'avenue Charles de Gaulle à Neuilly pour monter par la porte Maillot sur l'avenue de la Grande Armée. 

La loi légalisant le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels a été votée à l'Assemblée le 12 février. Elle sera examinée au Sénatà partir du 2 avril.

Du rab sur le Lab

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