Pour son dernier édito de la saison, Olivier Duhamel propose de méditer sur le premier voyage du pape, à Lampedusa
"La mondialisation de l’indifférence"
Le premier à porter la parole des malheureux qui n’ont plus la parole. Nul besoin d’être catholique pour être impressionné par le premier voyage du pape François.
Pour le lieu choisi :
Lampedusa, île sicilienne, donc italienne, donc européenne, à 138 kilomètres des côtes de Tunisie. Lampedusa, porte de l’Europe pour les immigrants d’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient, fuyant misères, guerres civiles, dictatures. Lampedusa, en 20 ans, 20 000 morts noyés avant de l’atteindre.
Pour les mots prononcés :
La culture du bien-être, qui nous fait avant tout penser à nous-mêmes, nous rend insensibles au cri des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon, qui sont belles, mais qui ne sont rien, qui sont l’illusion du futile, du provisoire qui porte à l’indifférence envers les autres et conduit ainsi à la mondialisation de l’indifférence.
Nous nous sommes habitués à la souffrance de l’autre. Elle ne nous regarde pas, elle ne nous intéresse pas, ce n’est pas notre affaire.
Qui parmi nous a pleuré pour ces faits, pour la mort de ces frères et de ces sœurs (…). Notre société a oublié l’expérience des pleurs, du ‘souffrir avec’ : la mondialisation de l’indifférence.
(…) Demandons pardon pour l’indifférence envers tant de frères et sœurs (…) et pour tous ceux qui, par leurs décisions au niveau mondial, ont créé des situations qui conduisent à ces drames.
Recommandons à Marine Le Pen, Christian Estrosi et beaucoup d’autres de lire cette homélie du pape François, ce 8 juillet à Lampedusa.