Moi, Alain Vidalies, "ministre inconnu" invité de "On n'est pas couché"

Publié à 15h16, le 08 septembre 2013 , Modifié à 15h27, le 08 septembre 2013

Moi, Alain Vidalies, "ministre inconnu" invité de "On n'est pas couché"
Alain Vidalies dans "On n'est pas couché", sur France 2. (Capture d'écran et montage Le Lab)

AUTODÉRISION - C'est comme ça que Laurent Ruquier l'a présenté. Alain Vidalies, ministre chargé des Relations avec le Parlement, était samedi soir invité de l'émission de divertissement et de débat "On n'est pas couché", diffusée en deuxième partie de soirée sur France 2. En tant que "ministre inconnu", explique Laurent Ruquier :

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C'est quelqu’un que vous ne connaissez pas forcément très bien parce que ce n’est pas le ministre le plus exposé du gouvernement. Il est délégué auprès du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, chargé des Relations avec le Parlement.

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Laurent Ruquier se sent même obligé d'expliquer pourquoi il a choisi d'inviter Alain Vidalies, qui répond en souriant, un peu gêné :

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C'est vrai que ça mérite une explication...

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L'animateur explique qu'il a lu dans la presse qu'une réunion sur la Syrie avait eu lieu à l'Elysée entre François Hollande et les ministres concernés, ceux de la Défense, des Affaires etrangères, de l'Intérieur, et donc des Relations avec le Parlement :

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Je me suis dit, ce monsieur, on ne l'entend jamais, et manifestement, c'est quelqu'un d'important.

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Importance ou pas, le choix de Laurent Ruquier est salué sur Twitter, relevant même de "l'audace", selon un journaliste du Monde spécialisé dans la gauche et désormais chargé du suivi de l'Elysée.

Député des Landes de 1988 à juillet 2012, le socialiste manque de visibilité à l'échelle nationale. Son passage dans l'émission du service public qui fait la part belle aux artistes - ou aux politiques - en vogue, comme les plus médiatiques Manuel Valls ou Laurent Fabius, a tout d'un premier test.

Le Lab a repéré cinq "petits trucs" pour réussir l'exercice. Ou limiter la casse.

#1- L'actualité

Il vaut mieux venir avec un dossier brûlant sur lequel parler. De toute façon, peu de chances pour les responsables politiques "inconnus" d'être invités dans le cas contraire. Pour Alain Vidalies, il s'agit du dossier syrien, qui faisait l'objet d'un débat à l'Assemblée.

Le ministre a notamment pu revenir, sans être interrompu, sur le choix du gouvernement de ne pas faire voter le Parlement sur cette question. Choix qui a provoqué des remous dans les couloirs de l'Assemblée.

Cette connaissance d'un sujet d'actualité donne un caractère important et compétent à l'invité, ce que saluera plus tard le comédien Fabrice Luchini, présent sur le plateau (voir #5).

#2- La confidence

Grand classique du registre politique, la fausse confidence ou la banalité chuchotée peut aider à gagner la confiance de l'interlocuteur - ou de l'audience - et peut se lire comme une preuve de bonne volonté, sur le thème "sans langue de bois".

En l'occurence, Alain Vidalies est interrogé sur la teneur de la réunion des ministres importants à l'Elysée. Laurent Ruquier lui demande si son rôle était de sonder les parlementaires pour connaître leur soutien à une intervention éventuelle. "Non, non !", commence par se récrier Alain Vidalies... Avant d'en convenir :

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La question ne portait pas sur un pronostic. La question, c’était d’échanger avec les autres ministres et avec moi ce qu'allait être la réaction des parlementaires (avant le débat à l’Assemblée). La question était de savoir ce qu’on faisait après et comment on interprétait la Constitution qui est sur ce point nouvelle depuis 2008.

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S'ensuit un silence affecté :

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Qu’il y ait eu une note d’ambiance, pour répondre très sincèrement à votre question, oui, mais je ne vous donnerai pas la réponse que je lui ai faite.

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#3- L'humanité

Pris à partie par l'écrivain Yann Moix, Alain Vidalies est sommé d'expliquer pourquoi les milliers de morts syriens "classiques" n'ont provoqué aucune réaction, tandis que ceux qui avaient été gazés provoquaient immédiatement l'indignation de la communauté internationale. En pointillés, l'auteur de Jubilations vers le ciel déplorait que le ministre parle des victimes de façon désincarnée.

Sans se démonter, celui-ci explique alors qu'il n'est pas loin de partager l'avis de l'écrivain, mais que lui est porteur d'une parole publique, eut égard à son poste de ministre :

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Si j’étais un citoyen, je réagirais comme vous ! On ne m’a pas invité en tant qu’Alain Vidalies, même si je suis un ministre inconnu… Je pourrais alors parler comme vous.
Mais je suis ici comme responsable public. Je suis ici pour vous dire ce que je peux faire. Je me dis que quand on peut faire quelque chose, si on veut construire une société, il faut aussi commencer à le faire comme ça…

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#4- L'humour

Indispensable dans une émission de divertissement. Alain Vidalies en fera usage à plusieurs reprises.

Après avoir été interrogé sur sa relation avec Jean-Luc Mélenchon, avec lequel il a affirmé être resté ami même si les deux hommes "ne sont plus d'accord sur grand chose", Alain Vidalies est présenté comme appartenant à la gauche de la gauche, et comme soutien de Martine Aubry lors des primaires.

En creux, il est dépeint comme un rallié de dernière minute - et donc pas forcément très convaincu, ou pas très fidèle - au "hollandisme". Mais plutôt que de se récrier, Alain Vidalies se débarasse du chausse-trape par un bon mot :

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Vous savez, il y a des seconds mariages qui sont très réussis...

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Rires dans la salle. Applaudissements. Question suivante.

#5- (Facultatif) La complicité avec Fabrice Luchini

Il arrive parfois que d'autres invités volent la vedette du responsable politique. En l'occurence, l'acteur Fabrice Luchini, en grande forme, dépeint Alain Vidalies comme un "rural", "avec l'accent", et comme un "Raymond Barre en moins dépressif". Avant de se lancer dans une véritable déclaration d'amour au ministre :

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Je trouve ça admirable… Vous vous empoignez tous les jours avec des sujets auxquels personne ne comprend rien ! Enfin auxquels des mecs comme moi ne comprennent rien...

Je me tape Calvi (présentateur de C Dans l'air, émission de débat sur France 5, Ndlr) tous les soirs pour essayer de comprendre la Syrie !

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Dans le cas où la situation dévie vers quelque chose auquel le responsable politique n'était pas préparé, mieux vaut encore serrer les dents et attendre que ça passe, comme Alain Vidalies ou, l'an passé, Fleur Pellerin  (une autre ministre pas des plus médiatisés), plutôt que de se récrier, comme Véronique Genest, en mars dernier .

Et Alain Vidalies est resté stoïque pendant toute la prise de parole de Fabrice Luchini, même lorsque celle-ci était... franchement bizarre :

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Vous êtes un nuancé... François Hollande doit vous aimer car vous n'êtes pas des fous de la teub, vous n'êtes pas des impulsifs.

"

Du rab sur le Lab

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