Nicolas Sarkozy critique (à nouveau) Obama puis file rencontrer (à nouveau) Poutine

Publié à 12h55, le 16 juin 2016 , Modifié à 13h02, le 16 juin 2016

Nicolas Sarkozy critique (à nouveau) Obama puis file rencontrer (à nouveau) Poutine
Nicolas Sarkozy et Vladimir Poutine en 2007 © ALEXANDER NEMENOV / AFP

Arrêtez immédiatement de parler de "diplomatie parallèle". Nicolas Sarkozy ne fait que rencontrer les dirigeants du monde car, en tant qu'ancien chef de l'État, c'est bien normal après tout. C'est la ligne de défense immuable de l'entourage de l'ex-président lorsqu'est évoquée la signification de ces têtes-à-tête en haut lieu. C'est donc encore le cas pour cette nouvelle visite du patron de LR en Russie, où il a été reçu par Vladimir Poutine mercredi 15 juin.

# Le contexte

Un déplacement rendu public fin mai et qui n'a donc rien à voir avec les événements de ces derniers jours sur la scène internationale, entre l'attentat d'Orlando et celui de Magnanville (Yvelines). Mais cette actualité et les prises de parole de Nicolas Sarkozy au sujet de cette dernière rattrapent un tout petit peu son agenda.

Juste avant de s'envoler pour Moscou et de retrouver le président russe, le candidat-pas-candidat à la primaire de la droite s'en est ainsi (de nouveau) pris à une autre figure politique internationale, pas franchement sur la même ligne que Vladimir Poutine sur un certain nombre d'enjeux : Barack Obama. À l'inverse, il a plutôt brossé le Russe dans le sens du poil.

# Sarkozy vs Obama

Coïncidence ou pas, toujours est-il que Nicolas Sarkozy, réagissant à l'attentat homophobe qui a fait 49 morts dans un club LGBT d'Orlando, dans la nuit de samedi 11 à dimanche 12 juin, a critiqué le champ lexical du président des États-Unis, lui reprochant de ne pas parler clairement "d'islamisme radical" pour "désigner l'ennemi", alors que cette tuerie a été revendiquée par Daech et commise par un homme ayant prêté allégeance au groupe terroriste. Une sortie effectuée mercredi à Paris lors d'une convention de LR sur les affaires internationales :

Des critiques réitérées de manière à peine plus plus voilée ce jeudi dans une interview à plusieurs journaux européens, dont Le Figaro. Évoquant également l'assassinat revendiqué par Daech de deux policiers français à Magnanville, Nicolas Sarkozy y explique :

 

"

Une guerre extérieure, contre l'État islamique et al-Qaida, et une guerre intérieure contre ceux de nos compatriotes adeptes de l'islam radical. Si l'on veut combattre notre ennemi, il faut le désigner : c'est le djihadisme et l'islamisme radical, qui se nourrissent l'un l'autre.

"

Ce qu'il a aussi partagé sur Twitter :

Mercredi, l'ex-président de la République y était également allé d'une petite remarque ironique sur son "tempérament", que Barack Obama goûterait moyennement :

Or, il y a un certain passif récent entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama. Le tout intervient en effet quelques semaines après un très vif échange entre les deux hommes par voie de presse interposée. Au mois de mars dans The Atlantic, Obama avait dézingué l'attitude des Européens mais surtout de Sarkozy dans la gestion de l'intervention occidentale en Libye en 2011, et le manque de "suivi" opéré après les actions militaires. Il critiquait vertement la "fanfaronnade" du président français d'alors, lui qui "voulait claironner ses succès dans la campagne aérienne alors que nous avions détruit toutes les défenses anti-aériennes". Il rappelait également que "Nicolas Sarkozy avait perdu son poste" l'année suivante...

Huit jours plus tard, l'intéressé défouraillait à son tour, sur iTélé. "Je ne veux pas polémiquer avec monsieur Obama, dont chacun sait que l'action n'est pas son fort", lâchait-il, ajoutant que "monsieur Obama avait dit : 'À la minute où Bachar al-Assad emploie des armes chimiques nous interviendrons'. Bachar al-Assad a employé des armes chimiques, ils ne sont pas intervenus. Quand on fixe des limites, qu'elles sont franchies et qu'on ne fait rien après, ce n'est pas bon signe". Il moquait aussi son prétendu "leadership de l'arrière" et sous-entendait que le "commander in chief" n'était en fait "pas un leader".

Grosse ambiance, donc.

# Sarkozy + Poutine

Rien de ce style concernant la Russie et Vladimir Poutine, en revanche. Nicolas Sarkozy a simplement retweeté la présidence russe qui partageait deux photos de ce "dîner informel" entre les deux hommes :

Avant ce dîner, lors de cette convention de LR sur les affaires internationales, il a par ailleurs plaidé mercredi pour une "levée progressive et mutuelle des sanctions" entre l'UE et la fédération de Russie, décidées après l'annexion de la Crimée par Moscou. Il a dit :

 

"

Nous n'avons pas besoin d'une nouvelle guerre froide. [Après] le mur de la honte [le rideau de fer qui séparait l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest, ndlr], je ne peux pas accepter l'idée d'un nouveau mur, un mur politique cette fois-ci, d'une guerre froide entre la Russie et le continent européen.

"

Pour "sortir du blocage", "il faut créer un électrochoc positif entre la Russie et l'Europe, avec une décision conjointe d'une levée progressive et mutuelle des sanctions, en échange de gestes concrets de part et d'autre allant dans le sens de l'application des accords de Minsk", censés rétablir la situation dans le Donbass, région russophone ukrainienne.

Et ce n'est pas fini. Concernant le bouclier anti-missile, "j'avais demandé, en 2010, que l'on prenne la peine d'associer les Russes à ce sytème anti-missile, pour qu'ils ne pensent pas que c'est un système contre eux. Ça a été complètement abandonné", a-t-il déploré. "Je ne veux pas jeter le bébé avec l'eau du bain, mais l'association des Russes au système anti-missile, c'est la bonne solution !". Plutôt sympa. On ne sait cependant pas si cela a quoi que ce soit à avoir avec le regain de russophilie qui touche une partie de Les Républicains ces derniers mois...

# Sarkozy vs Obama, again

Et le même Sarkozy de conclure son intervention de mercredi par une nouvelle attaque contre Barack Obama :

 

"

Aussi ami que je suis avec les Américains, c'est pas monsieur Obama qui décidera pour moi qui est l'adversaire de la France ou qui ne l'est pas. Que les choses soient claires, simples et précises.

"

Ce n'est peut-être pas de la "diplomatie parallèle", mais ça y ressemble quand même furieusement. On voit en tout cas se dessiner très clairement ce qui serait son positionnement sur la scène internationale en cas de retour aux affaires en 2017.



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