C'EST LA GUERRE - Voilà des semaines que le ministère de l'Intérieur prévient que, quelle que serait la décision finale de l'exécutif sur la construction ou non de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, sa fermeté quant à l'évacuation de la ZAD serait totale. Et Gérard Collomb monte encore d'un ton au lendemain de l'annonce de l'abandon du projet par Édouard Philippe, qui a par ailleurs donné "jusqu'au printemps" aux "squatteurs" pour quitter la "zone de non droit" de NDDL.
Sur CNEWS jeudi 18 janvier, le premier flic de France évoque carrément un "camp retranché" dans lequel les zadistes disposeraient de "vraies machines de guerre". Voici une partie de son échange avec le journaliste Jean-Pierre Elkabbach :
"- Jean-Pierre Elkabbach : Est-ce qu'ils sont bien organisés [sur la ZAD], armés comme on le dit ?
- Gérard Collomb : Oui bien sûr, ce camp avait été organisé comme une sorte de camp retranché. D'ailleurs, c'est même étonnant que pendant des années, les gouvernements n'aient rien fait face à ce qui étaient de vraies machines de guerre !
- Jean-Pierre Elkabbach : Et vous, vous les désarmerez ?
- Gérard Collomb : Bah bien sûr, l'ordre républicain doit s'appliquer partout.
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"On va mettre le nombre de forces nécessaires" pour assurer l'évacuation de la fameuse "Zone à défendre", poursuit le ministre de l'Intérieur, parlant de "quelques milliers" de fonctionnaires de sécurité et ajoutant :
"C'est ce qu'il faut pour que les gens voient qu'il y a une puissance de feu et donc qu'il vaut mieux que les choses se passent dans la douceur.
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Le message de Gérard Collomb est donc très clair : l'État va mettre le paquet pour déloger des zadistes armés jusqu'aux dents. Fin novembre, le ministère de l'Intérieur évoquait carrément, en off, des morts possibles lors de l'évacuation de la ZAD. Et tout en indiquant espérer régler le problème de "la manière la plus pacifique possible" début janvier, le ministre de l'Intérieur avait prévenu que le gouvernement serait "obligé à un moment donné d'employer la force".
De leur côté, les occupants de la zone de Notre-Dame-des-Landes ont annoncé mercredi leur volonté de rouvrir les routes, après l'annonce de l'abandon du projet, tout en exprimant leur "refus de toute expulsion".
Voilà pour l'ambiance.
Il est cependant difficile d'évaluer la réalité de cette menace mise en avant par l'exécutif et en particulier de la présence d'armes sur la ZAD. Mi-décembre, Europe 1 publiait des informations inquiétantes à ce sujet, relayant les mises en garde adressées par les gendarmes à Manuel Valls en 2016, lorsqu'il était Premier ministre :
"Selon eux, des armes à feu circuleraient à Notre-Dame-des-Landes. Il existerait aussi des stocks de mortier, de l'acide, des bidons enfouis dans des tranchées, mais aussi des techniques presque moyenâgeuses. Par endroits en effet, le terrain est piégé : des herses, des troncs d'arbres bardés de tessons de bouteille, et des trous dans le sol, recouverts de branchages avec des pics en métal.
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"Miradors, barricades piégées, stockage de projectiles, tunnels, moyens de communication renforcés…", écrivait pour sa part Le JDD quelques jours plus tard. L'hebdomadaire évoquait aussi une cache d'armes ou un tunnel de défense qui serait en réalité plus probablement, comme l'avait montré Libération, une petite grotte servant à rester au frais en été.
"La présence sur place d'armes à feu est avérée", pouvait-on enfin lire dans une note confidentielle du service central du renseignement territorial (SCRT) révélée par un journaliste de Quotidien à la même période :
[Document #Quotidien] Extraits exclusifs des 14 pages confidentielles du service central du renseignement territorial remises, notamment, à l’Elysée,pour la préparation de l’évacuation de la #Zad#NDDL. pic.twitter.com/oSQO1OLtUQ
— Paul Larrouturou (@PaulLarrouturou) 19 décembre 2017
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