Paris: avec seulement 3000 inscrits, l'hypothèse d'une annulation de la primaire circule à l'UMP

Publié à 18h22, le 06 mai 2013 , Modifié à 16h06, le 08 mai 2013

Paris: avec seulement 3000 inscrits, l'hypothèse d'une annulation de la primaire circule à l'UMP
De gauche à droite: Chenva Tieu, Pierre-Yves Bournazel, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Legaret et Franck Margain (Visual Press Agency pour Public Sénat et France 3 Paris)

SCÉNARIO CATASTROPHE - Ce n'est pas un mauvais chiffre. C'est un très mauvais chiffre. A l'heure actuelle, seules 3000 personnes se sont inscrites pour participer à la primaire organisée par l'UMP (un chiffre révélé par Le Monde, confirmé au Lab par le patron de la fédération). L'UMP Paris compte, à elle seule, dix fois plus de militants. Le début d'un flop ? Pas forcément. Mais certains évoquent, sous couvert d'anonymat, l'annulation pure et simple de l'élection.

Un cadre de la fédération de Paris confie au Monde (lien payant) qu'en-dessous des 15 000 inscrits, l'UMP "demandera aux candidats de prendre leurs responsabilités et d'arrêter". Une hypothèse que n'excluent pas des proches de Nathalie Kosciusko-Morizet.

Officiellement, le patron de la fédération, Philippe Goujon, dément fermement au Lab cette hypothèse :

Il n'est pas question d'annuler la primaire. Personne ne l'envisage pour une simple et bonne raison: c'est une position de principe.

Il y a plusieurs candidats à départager dans une municipale. Nous avons décidé de départager ces candidats, peu importe le nombre de candidats, d'inscrits. C'est comme une élection.

Ça ne dépend pas du tout du nombre d'inscrits, du nombre de candidats.

Il n'empêche. Philippe Goujon reconnaît lui-même que 50 000 votants, moyennant trois euros de participation, sont nécessaires pour que le parti rentre dans ses frais. Ils en sont loin, très loin. Un membre de l'équipe de Nathalie Kosciusko-Morizet, contacté par Le Lab, évoque l'hypothèse de l'annulation :

Si dans 10 jours, 15 jours, on est à moins de 10 000 ça va être un problème. Il va y avoir une remise en question et une réunion de la fédération .

Après le retrait de Dati, la plupart étaient pour qu'on les maintienne. Philippe Goujon avait dit d'accord. Il avait dit qu'il fallait se bouger et qu'il y ait une dynamique, que c'était aux candidats de l'insuffler. 

Et que si les candidats n'y arrivaient pas, à ce moment là, on en tirerait les conséquences...

La faute à qui, alors ? A plusieurs facteurs, de l'avis général. Le calendrier, d'abord: les vacances scolaires, les jours feriés n'aident pas à la mobilisation.

Le retrait de Rachida Dati, aussi. Une candidate médiatique de moins dans la bataille, et les primaires "fragilisées", de l'aveu même de Philippe Goujon.

Tout le monde reconnaît également un problème de "publicité du processus": il est compliqué de faire comprendre que cette primaire est ouverte à tous les Parisiens, et pas seulement aux militants. 

D'aucuns pointent également le site PrimairesParis.fr, créé par La Poste, le prestateur de ces primaires. Pas très attrayant. "Ça fait penser aux messages de sécurité dans les avions dans les années 80" confie au Lab un proche du dossier. Et de déplorer le manque de consultation dans la mise en place de ce site: "encore une fois on n'avait pas notre mot à dire..."

Que faire, alors ? Philippe Goujon avance d'abord le plan média des prochaines semaines: un nouveau débat sur LCI la semaine prochaine, une couverture par Le Parisien, puis un débat sur i>Télé. La diffusion de 200 000 tracts, aussi.

Mais chez NKM, on n'exclut pas de mettre la pression sur le parti de Jean-François Copé, avec qui une réunion est prévue dans les jours à venir :

Ils font le service minimum, donc là on va les pousser à faire plus. Les mettre devant leurs responsabilités

Aucune réforme des statuts de ces primaires n'est à l'ordre du jour selon Philippe Goujon. Pas de changement de date ou de délai d'inscription. Mais le patron de la fédération est conscient que le vote unique sur Internet et par carte bancaire pose problème. 

Il annonce au Labêtre en discussion avec la CNIL pour ouvrir, le jour du vote, un bureau physique "pour les gens qui ne savent pas se servir d'Internet". Par ailleurs, le paiement par chèque sera rendu possible. 

Et si cela ne suffisait pas à rembourser la primaire ? Philippe Goujon ne se fait pas de mauvais sang :

La primaire à Paris, ça se compte en dizaines de milliers d'euros, c'est pas tout à fait la même nature que la primaire socialiste pour la présidentielle.

Il nous faut un certain nombre d'inscrits pour rentrer dans nos frais. Mais on paiera ce qu'on a à payer, je ne vois pas où est le problème

Ça, c'est vraiment une question interne. On n'a pas encore réfléchi à ça.

Au-delà de la question financière, c'est l'image même de la primaire, et la future campagne municipale du gagnant qui pourrait souffrir d'une faible mobilisation. Il reste trois semaines aux candidats pour mobiliser. Pas plus.

Edit 8 mai, 15h00 :

C'est un premier accroc au principe de la primaire 100% électronique. Le JDD annonce ce 8 mai que Nathalie Kosciusko-Morizet a écrit à Antoine Rufenach pour demander l'installation de bureaux de vote lors de la primaire. Dans le cas inverse, "ce serait contraire à l'esprit de primaires ouvertes" selon la candidate.

Comme le révèle Le Lab dans cet article, Philippe Goujon avait déjà fait un pas vers cela, en demandant à la CNIL l'ouverture d'un bureau de vote physique, sur machine. Un seul. 

La missive de Nathalie Kosciusko-Morizet risque d'accélérer les choses.

Du rab sur le Lab

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