Pour Hollande, les "drames du Brexit" serviront de "bonne leçon" aux "populistes"

Publié à 19h06, le 28 juin 2016 , Modifié à 19h26, le 28 juin 2016

Pour Hollande, les "drames du Brexit" serviront de "bonne leçon" aux "populistes"
François Hollande © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

DOUCHE ANGLAISE - François Hollande ne semble pas convaincu par l'idée selon laquelle le Brexit pourrait entraîner une réaction en chaîne au sein de l'Union européenne. Illico après la victoire du "leave" au référendum organisé au Royaume-Uni, l'extrême droite française et néerlandaise, notamment, ont à leur tour réclamé un scrutin sur une sortie de l'UE. Mais selon le chef de l'État, tout ce petit monde va se calmer bien vite.

Car passé l'euphorie de la "victoire des peuples" sur la "dictature" technocratique de Bruxelles, s'est ouverte une période moins grisante où revient cette question lancinante et pour le moment sans réponse : et maintenant, on fait quoi ? On ne dit pas que la chose n'inquiète pas François Hollande, mais il parvient visiblement à voir aussi le bon côté des choses. Selon des propos rapportés par Le Canard Enchaîné mercredi 29 juin, le Président a ainsi expliqué en privé que les "exiteurs" de tout poil allaient avoir quelques mauvaises surprises dans un futur proche :

 

"

Les populistes et tous ceux qui, en France ou ailleurs, réclament la sortie de l'Union européenne vont recevoir une bonne leçon. On va très vite mesurer les difficultés et même les drames du Brexit.

"

Une analyse faite après avoir reçu, samedi à l'Élysée, tous les chefs de partis politiques français, parmi lesquels Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, tous deux favorables à une sortie de l'UE. Selon François Hollande, les "difficultés" à concrétiser ce vote en faveur du Brexit vont donc conduire les eurosceptiques et "populistes" à revoir leur copie. Pour sa part, il plaide pour une Europe sur de nouvelles bases, dans laquelle les "États-nations" retrouveraient une partie de leurs compétences.

On peut aussi penser que de la *légère* cacophonie qui règne actuellement du côté de la perfide Albion servira de précieux retour d'expérience à ceux qui réclament la sortie de leur pays de l'UE. Car si l'histoire se répète souvent, il n'est pas interdit d'en tirer des leçons...

Dans les faits, l'immédiat post-Brexit est riche en incertitudes et en tâtonnements, outre-Manche. Les leaders de la campagne en faveur du "out", qui semblent pour certains avoir été surpris de leur victoire, temporisent et expliquent que, finalement, il n'y a pas de raison de se presser pour enclencher pour de bon la procédure de sortie de l'UE, tandis que les 27 et le Parlement européen affirment sur tous les tons qu'il n'y a pas de temps à perdre.

Dans le même temps, des guerres intestines pour le leadership et le poste de Premier ministre britannique font rage. Boris Johnson, ex-maire de Londres et figure du camp pro-Brexit, aspire très clairement à remplacer David Cameron au 10, Downing Street. Mais le même Boris Johnson aurait reconnu auprès d'un député conservateur de ses proches que "les partisans du 'leave' n'ont pas de plan post-Brexit". Ce qui expliquerait un certain nombre de choses...





[BONUS TRACK]

Le gouvernement est semble-t-il très préoccupé par cette question des "populistes" en ces temps de Brexit. Le Canard relate ainsi ce bon gros coup de gueule de la secrétaire d'État Pascale Boistard, lors du conseil des ministres exceptionnel convoqué le 24 juin, jour des résultats au Royaume-Uni. Selon celle qui est en charge des Personnes âgées et de l'Autonomie, l'Europe et ses dirigeants ont une lourde responsabilité dans le développement du discours anti-UE. Ce qu'elle a partagé sans ménagement avec ses collègues, d'après le palmipède :

"

Les Français ne voient pas concrètement à quoi sert l'Europe. Sinon à imposer l'austérité économique et sociale. 



Si on va dans les territoires ruraux ou en phase de désindustrialisation, les gens se disent : 'L'usine que l'on avait avant est partie dans l'est de l'Europe donc le dumping social marche à fond depuis vingt ans.'  Ceux qui n'ont pas de boulot voient des gens venant d'autres pays européens, les travailleurs détachés, qui travaillent en bas de chez eux dans des conditions exécrables. 



On a laissé la porte ouverte à tous les discours populistes en Europe. Beaucoup d'années ont été perdues. C'est comme ça que Mélenchon et Marine Le Pen engrangent des voix. Car tous ceux qui battent les pavés sur ces thèmes, on leur offre des boulevards

"

Une saillie qui aurait laissé un "silence glacial autour de la table". 



À LIRE SUR LE LAB :

Brexit : Manuel Valls écarte l'idée d'un référendum en France (et donne rendez-vous en 2017)

Du rab sur le Lab

PlusPlus