Xavier Bertrand vient d'avoir une idée révolutionnaire. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé veut mettre les fraudeurs hors d'état de nuire. Comment ? En publiant leur nom dans la presse... Une perspective qui interpelle notre blogueuse Delphine Dumont.
Le fraudeur, l'ennemi de l'intérieur
Alerte ! Alerte ! L'ennemi est dans la place ! Il veut détruire la France de l'intérieur ! Il la ronge, il la parasite, il la dévore ! Sus à l'ennemi, attrapons-le, condamnons-le au pilori !
Mais qui est donc ce terrible personnage qui menace notre beau pays ? Avant que je vous donne la réponse, éloignez les enfants et les personnes sensibles... Ce monstre, c'est... le FRAUDEUR ! Non, n'ayez pas peur, Xavier Bertrand est là, il va nous sauver ! Pour cela, il propose un châtiment à la hauteur du crime : la publication du nom du fraudeur condamné par la Justice, pas moins .
Le ministre du Travail estime le manque à gagner dû à la fraude à 4 milliards d'euros. Ne chipotons pas comme 20Minutes et admettons que c'est une somme considérable qui vaut la peine de faire un effort pour lutter contre les abus.J'ai connu des fraudeurs aux allocations familiales. L'une avait pour motif que "s'ils sont assez cons pour rien voir, on aurait tort de se gêner", une personne formidable. Les autres étaient bien moins fiers. En fait, ils étaient même torturés par ce qu'ils faisaient mais c'était ça ou ne pas manger. Avec le RSA activité, par exemple, pour un revenu mensuel exceptionnellement augmenté de 200 euros, on peut perdre jusqu'à 400 euros d'allocations (fin de la neutralisation des revenus pour l'APL diminution du RSA). Comme me le disait une assistante sociale : "C'est le côté du RSA qu'on n'aime pas". Et les allocataires donc !
Ce genre d'erreur dans la conception d'une allocation devrait être corrigée au plus vite si l'on ne veut pas que des gens en grande difficulté se voient contraints de dissimuler des revenus pour éviter une pénalisation indue.
De la même façon, ne serait-il pas plus que temps de réformer notre système de recouvrement de cotisations et de versements d'allocations diverses ? Un seul organisme de chaque suffirait amplement et serait bien plus efficace. L'actuelle jungle de caisses coûte très cher en redondances, en transmission de données, transfert de fonds, etc., et favorise la dissimulation sans répondre parfaitement pour autant aux besoins des personnes en difficulté.Tout comme Laurent Wauquiez il y a quelques mois, Xavier Bertrand répond à un vrai problème par une mauvaise réponse, à la fois stigmatisante et inefficace.
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