Quand Wauquiez pensait qu'on ne doit pas démissionner pour simples "soupçons' de conflits d'intérêt

Publié à 13h30, le 21 mars 2013 , Modifié à 13h51, le 21 mars 2013

Quand Wauquiez pensait qu'on ne doit pas démissionner pour simples "soupçons' de conflits d'intérêt
Laurent Wauquiez, le 07/07/2010 et le 21/03/2013 (Capture d'écran)

FAITES CE QUE JE DIS... - Les conflits d'intérêts doivent-ils être sanctionnés différemment selon le ministre et le courant politique auquel il appartient? C'est ce que laissent penser les évolutions de Laurent Wauquiez.

Selon lui, les seuls soupçons de conflits d'intérêt qui pèsent sur Jérôme Cahuzac depuis décembre 2012 aurait dû le pousser à la démission "tout de suite".

Le problème?

Laurent Wauquiez disait tout l'inverse à propos d'Éric Woerth lors de l'affaire Woerth-Bettencourt, qui était lui même... un ministre soupçonné de conflit d'intérêt.

Retour sur les positionnements bien différents de Laurent Wauquiez.  

Jeudi 21 mars, au micro de RTL, le vice-Président de l'UMP explique que pour lui, un "soupçon" contre un ministre suffit à exiger sa démission. Ainsi, malgré l'absence d'accusation avérée, Jérôme Cahuzac "aurait dû démissionner plus tôt": 

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Vous êtes ministre du Budget, chargé de lutter contre l'évasion fiscale, vous avez un soupçon d'un compte en Suisse, il n'y a qu'en France où l'on brandit la présomption d'innocence pour dire "pas de problème on peut se maintenir au gouvernement".  

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Laurent Wauquiez va plus loin, axant son propos sur les "soupçons de conflits d'intérêt", qui sont plus difficiles à gérer quand on "exerce (la) fonction de ministre du budget":

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Je pense juste que dans une époque comme celle ci, quand on demande autant d'efforts aux Français, les politiques doivent comprendre que tout ce qui ressemble à un soupçon de conflit d'intérêtsur le rapport du monde politique avec l'argent n'est plus devenu supportable. 

Moi je préfère de loin ça, à cette espèce d'ambiguïté française, où on a le sentiment qu'il y a trop de gens en politique qui aime un peu trop l'argentau point de franchir la ligne du conflit d'intérêt. 

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Trois ans plus tôt, le discours est bien différent, et Eric Woerth bénéficie d'un jugement beaucoup plus clément.

Le 16 juin 2010, quand Médiapart divulgue des enregistrements mettant en lumière de "possibles conflits d'intérêts" entre Liliane Bettencourt et Éric Woerth, alors ministre du Travail et ex-ministre du Budget, Laurent Wauquiez ne parle pas de soupçons :  

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La polémique faite à Eric Woerth n'est qu'un amalgame de sous-entendus sans fondement. 

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Il ajoute, dans un communiqué :

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Mediapart n'a pas pratiqué un journaliste d'investigation mais de calomnie.

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Le 7 juillet 2010 sur UMP TV , il livre un message de soutien pour le moins explicite envers son collègue, l'exhortant à ne pas démissionner: 

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Eric, ne lâche pas. [...] On sait ce que t’endures, on sait très bien que tout ça c’est uniquement de petites démarches politiciennes. [...] On compte sur toi, on est à tes côtés, à vos côtés, et on va tous en sortir par le haut.

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Le 08 février 2012, alors qu’Eric Woerth est mis en examen pour des faits découlant de cette affaire, Laurent Wauquiez est le premier à "apporter tout son soutien"à "un homme droit et rigoureux"

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Je suis convaincu que la procédure en cours lèvera vite les suspicions. Il n’est aucun doute sur son intégrité. Tous ceux qui le connaissent partagent cet avis. 

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Laurent Wauquiez n'a, à aucun moment durant l'affaire Bettencourt,  suggéré que les soupçons qui pesaient sur Eric Woerth devaient entraîner sa démission. Traitement dont Jérôme Cahuzac n'aura pas profité.

Du rab sur le Lab

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